samedi 8 juin 2013

VIDÉO – Gezi Parkı, une petite ville dans la ville

le lien sur cette vidéo différente, sans gaz et sans bataille

http://youtu.be/Lh6k9AY04Mw
Une semaine après le début des manifestations qui continuent de tenir Istanbul et la Turquie éveillées, “l’occupation” du parc de Taksim s’organise. Tentes, “boutiques révolutionnaires” où les vivres sont distribuées gratuitement, cours de yoga, bibliothèque, infirmerie, concerts… Petit tour en musique de l’ambiance dans le parc…

Elisa Girard (http://www.lepetitjournal.com/Istanbul) vendredi 7 juin 2013

Kontraplak : le temple du vinyle à Cihangir

Le vinyle fait sensation et renait de ses cendres depuis quelques années. Okan Aydın a su pleinement exploiter ce phénomène de mode et sa passion inconditionnée pour la musique en ouvrant l’année dernière, accompagné de son frère et de son cousin, les portes de Kontraplak à Cihangir. Dans ce magasin où la musique est reine se cache un nombre impressionnant de petits bijoux musicaux neufs ou d’occasion, de t-shirts insolites, de CDs patiemment collectés par Okan Aydın. Rencontre.
Lepetitjournal.com d’Istanbul : Pourquoi avez-vous choisi d’ouvrir un magasin tel que Kontraplak?
Okan Aydın (photo EG): Les magasin a ouvert ses portes il y a un an. Avant de travailler dans l’industrie de la musique, j’ai travaillé dix ans dans l’automobile mais durant mon temps libre, j’animais des émissions de radio, faisais le DJ de temps en temps et rédigeais des critiques musicales pour quelques magasines. Quand je me suis senti prêt, j’ai décidé de faire de ma passion un métier. Les premières années je faisais essentiellement du marketing pour des festivals de musique organisés par Positif. Puis j’ai été chargé de m’occuper de leur webradio Radiobabylon ainsi que de leur magazine Babylon et de leur label Doublemoon. La musique était très présente dans ma vie mais malgré ça, je continuais à entretenir ma passion de mon côté. Quand tout ce dont j’étais chargé professionnellement a été bien établi, je me suis retiré afin de créer mon propre projet. J’étais indécis sur ce que je voulais faire mais je savais que la musique serait une des bases de ce projet.
En quoi votre magasin se démarque-t-il des autres à Istanbul?
Une des principales différences est l’ambiance. Le magasin est plus grand que les autres magasins en moyenne. Nous ne voulions pas seulement d’un grand espace, nous souhaitions que nos clients se sentent à l’aise. Une vingtaine de personnes peuvent découvrir notre sélection de vinyles et autres objets sans se gêner. Une autre différence est la qualité et la diversité des vinyles que nous offrons. Nous essayons de trouver des vinyles appartenant aux genres de la musique expérimentale. La quantité de vinyles du magasin n’est pas pharamineuse mais nous détenons des vinyles difficiles à se procurer. Des vinyles neufs et d’occasions se mélangent dans les bacs. Nous essayons aussi de rentrer en contact avec les artistes, distributeurs locaux et des labels européens. La dernière différence est que nous essayons de rester en contact avec nos clients et de penser qu’ils peuvent nous apprendre énormément.
Comment faites-vous votre sélection ?
C’est certain que nos goûts influencent notre sélection. Mais petit à petit, notre sélection se diversifie et s’élargit. Par exemple au départ nous avions seulement un bac de vinyle de jazz, nous en proposons maintenant quatre. Nous ne voulons pas être associé à un style musical en particulier. Encore une fois, nous voulons nous procurer ce qui n’est pas accessible ailleurs. C’est pour ça que nous nous mettons à jour avec ce qui se passe. Nous achetons nos vinyles un peu partout pour avoir un éventail de vinyles plus hétérogène. Dans le magasin, il n’y a pas seulement des vinyles, il y a également des CDs, des t-shirts, des platines... Ce choix va encore s’étendre d’ici quelques mois.
Pourquoi acheter des vinyles est-il devenu populaire de nos jours?
L’année dernière les principaux revenus des maisons de disques venaient principalement de la vente de vinyles. Plusieurs raisons expliquent cela. Tout le monde sait que la qualité sonore n’est pas comparable au son MP3 ou à celui des CDs. C’est vrai aussi qu’avoir un vinyle entre les mains est beaucoup plus agréable. L’objet relève plus de l’œuvre d’art que d’un simple objet. Le vinyle est un objet collector qui a une histoire. Dans le magasin, les vinyles ont chacun une sorte de carte d’identité.
Qui sont vos clients?
La majorité de nos clients ont entre 25 et 40 ans. Il y a autant de femmes que d’hommes qui fréquentent notre magasin. Plus de mille personnes ont aimé notre page sur Facebook. Certains clients viennent assez souvent nous rendre visite, parlent avec nous et achètent régulièrement un ou deux vinyles. D’autres clients viennent occasionnellement et achètent une dizaine voire une vingtaine de vinyles d’un coup. Les touristes représentent un cinquième de nos clients. Il achètent des CDs ou cherchent des groupes locaux.
Propos recueillis par Elisa Girard (http://www.lepetitjournal.com/Istanbul) vendredi 7 juin 2013
Kontraplak




Tomtom Mah. Yeni Çarşı Cad. 60/A
34433 Beyoğlu – İstanbul, Turkey
http://www.kontrarecords.com

vendredi 7 juin 2013

Projet immobilier de Taksim: RT ERDOGAN n'entend pas céder

RETOUR D'ERDOĞAN EN TURQUIE - "Nous mènerons ce projet à son terme"

Revenu dans la nuit de sa tournée dans les pays du Maghreb, Recep Tayyip Erdoğan a une fois de plus affiché jeudi sa fermeté, affirmant qu'il maintiendrait le projet de réaménagement du parc de Taksim. Le Premier ministre turc a ajouté que la contestation qui secoue son pays depuis une semaine était "instrumentalisée par des groupes extrémistes, notamment le Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C). "Des partisans de cette organisation terroriste étaient présents sur la place [Taksim]", a-t-il déclaré aux journalistes. Le groupuscule d'extrême gauche avait notamment revendiqué l'attentat perpétré contre l'ambassade des Etats-Unis à Ankara, au mois de février dernier. A son arrivée à l'aéroport d'Istanbul, accueilli par des milliers de ses partisans criant "Allons-y, écrasons-les tous!", le Premier ministre a prononcé un discours particulièrement offensif, appelant à l'arrêt "immédiat" des manifestations composées, selon lui, "d'anarchistes" et "d'extrémistes"
Le retour d'Erdoğan en Turquie survient alors que la chaîne de télévision NTV a annoncé hier la mort d'un policier à Adana, une ville du sud du pays. Le policier -- qualifié de "martyr" par le Premier ministre -- poursuivait un groupe de manifestants, dans la journée de mercredi, lorsqu'il a chuté d'un pont en construction. Transporté d'urgence à l'hôpital, il n'a pu être sauvé par les médecins. Ce nouvel incident porte à trois le nombre de décès enregistrés depuis le début des manifestations, auxquels s'ajoutent plus de 4.000 blessés selon les ONG de médecins.

Jonathan Grimmer (http://www.lepetitjournal.com/Istanbul) vendredi 7 juin 2013

jeudi 6 juin 2013

Türkçe Olimpiyatları'nın Kayseri ayağına vatandaş büyük ilgi gösterdi.

50 bin kişi izledi
04 Haziran 2013 Salı 06:28

50 bin kişi izledi
Bu yıl 'Evrensel Barışa Doğru' sloganıyla düzenlenen 11. Uluslararası Dil ve Kültür Festivali'nin Kayseri ayağı Kadir Has Stadı'nda gerçekleştirildi.
Günler önceden yapılan hazırlıklar dün akşam meyvelerini verdi. 40 ülkeden gelen 200'ün üzerinde yabancı öğrenci Türkçe şarkı ve türkü seslendirdi.
Tribünleri dolduran yaklaşık 50 bin davetli de şarkı ve türkülere eşlik etti.
Enerji ve Tabii Kaynaklar Bakanı Taner Yıldız, en önemli yatırımın eğitime yapılan yatırım olduğunu söyledi. Bu organizasyonu gerçekleştiren ve emeği geçen herkesi kutladığını belirten Yıldız, "Biraz önce izledik, dünyanın dört bir tarafından gelen gençlerimiz, Türkiye'nin doğusundan batısına kuzeyinden güneyine varıncaya kadar birçok yöremizin seslerini buraya taşıdılar" dedi.
Organizayonun Denizli ayağında ise stat doldu taştı.
15 bin kişilik stadın içine 14 bin sandalye daha getirildi.
Statta bütün koltuklarla birlikte merdivenler ve bütün boşluklar dolduruldu.
40 binden fazla kişinin izlediği tahmin edilen etkinlikte yer bulmayan binlerce kişi İncilipınar ve Adliye parkı gibi muhtelif yerlere kurulan dev ekranlarda şöleni izleme imkânı buldu.

EVERYDAY I'M ÇAPULING – Le slogan de la place Taksim (vidéo)

Qui a dit que les manifestants de Taksim et d’ailleurs manquaient d’humour ? Une vidéo satirique fait le tour des réseaux sociaux turcs depuis hier… et prouve le contraire.
Après s'être excusé mardi pour les violences policières des premières manifestations, le vice-premier ministre Bülent Arınç a rencontré hier une délégation de manifestants opposés à la destruction du parc de Taksim, auquel les autorités turques souhaitent substituer d’anciennes casernes ottomanes. Au cours de la rencontre, les leaders de la contestation ont aussi demandé à ce que les forces de l'ordre cessent l'utilisation des gaz lacrymogènes et les brutalités contre les protestataires.
Avant de partir quatre jours au Maghreb, loin de l'esprit d'apaisement affiché par Bülent Arınç, Recep Tayyip Erdoğan avait qualifié ces derniers de “çapul”, c'est-à-dire de voyous, vandales. En réponse, les opposants de Taksim ont anglicisé le terme et ont en fait un slogan, Everyday I'm Çapuling!, immortalisé dans une vidéo qui laisse entrevoir l'enthousiasme et la joyeuse atmosphère qui entourent aussi la contestation. Le néologisme a d’ailleurs rencontré un tel succès qu'on peut maintenant trouver sa définition sur l'encyclopédie numérique Wikipedia.

Jonathan Grimmer (http://lepetitjournal.com/istanbul.html) jeudi 6 juin 2013

MANIFESTATIONS – Sept étrangers arrêtés en Turquie, dont deux Françaises

Sept étrangers ont été arrêtés dans les troubles consécutifs aux manifestations antigouvernementales des derniers jours, dont six à Istanbul, ont confirmé les autorités. Aucun d’eux ne portait un passeport diplomatique, contrairement à ce qu’affirmaient plusieurs médias jeudi. Parmi les sept étrangers, deux sont de nationalité française.
Lorraine Klein, étudiante de 21 ans en Master 1 communication à l’université de Galatasaray, et une autre Française, volontaire pour la Fondation turque pour l’éducation (TEV), ont été arrêtées cette semaine et placées en centre de rétention dans l’attente d’une décision.
Photo LPJ
Le ministre de l’Intérieur, Muammer Güler, a précisé jeudi que “deux Français, un Grec, un Allemand, un Américain et deux Iraniens” avaient été placés en garde à vue. "Six (étrangers) ont été traduits devant le procureur et un est en état d'arrestation", annonçait un peu plus tôt le Premier ministre Recep Tayyip Erdoğan.
Jeudi midi, lepetitjournal.com d’Istanbul a pu joindre par téléphone Lorraine Klein, détenue au centre des étrangers de Kumkapı. Voici son récit des événements :
“Je souhaitais écrire quelque chose sur les manifestations et je réalisais donc des photos et des interviews depuis quelques jours. Je n’étais pas là pour manifester. Mardi vers 1h30 du matin, j’étais en haut du stade de Beşiktaş, à Gümüşsuyu. Les manifestants avaient construit neuf barricades et j’avais commencé à photographier les barricades. Deux minutes après mon arrivée, la police a lancé des grenades lacrymogènes et sans que j’aie le temps de comprendre ce qui se passait, j’ai été arrêtée au niveau de l’Istanbul Teknik Üniversitesi. Tout s’est passé très vite. J’ai crié en anglais au policier. J’ai reçu quelques coups sur le chemin. On m’a d’abord emmenée dans un hôpital pour faire un contrôle. Il y avait trois hommes médecins qui ne parlaient que turc. Je n’ai pas pu montrer mes blessures. J’ai dit que j’avais mal à la tête. J’ai aussi été frappée aux jambes et j’ai reçu des coups de pied aux fesses.
Puis j’ai été emmenée à la direction de la police à Vatan. J’ai donné mes affaires et quelques renseignements, puis je suis retournée à l’hôpital pour un nouveau contrôle. J’ai ensuite à nouveau été emmenée à Vatan, où on a pris mes empreintes et on m’a placée en détention. J’ai passé la nuit de mardi à mercredi à Vatan.
Mercredi matin vers 11h, j’ai été emmenée au tribunal. J’ai été présentée à un procureur qui a recueilli mon témoignage vers 17h, en présence de deux avocats, l’un francophone et l’autre anglophone. Puis j’ai attendu avec une centaine de personnes, tous Turcs, jusqu’à 21h environ. Ensuite, toutes les personnes qui étaient avec moi ont été relâchées mais j’ai été emmenée d’abord au centre de Vatan puis au centre de rétention de Kumkapı, où j’ai passé la nuit de mercredi à jeudi. J’y suis toujours en ce moment. Je suis bien traitée, j’ai pu parler à ma famille. Je ne sais pas encore quelle décision a été prise à mon sujet.”
Lorraine Klein reste détenue au centre de Kumkapı, le temps que la direction générale de la sécurité à Ankara analyse son dossier et décide de son sort. “Normalement, un ordre de remise en liberté devrait intervenir dans les prochaines heures”, explique son avocate Ayşegül Tansen, qui juge “peu probable” son expulsion du territoire. Jean-Jacques Paul, recteur adjoint de l'université de Galatasaray, où étudie la jeune femme, la décrit comme "une étudiante sérieuse, dont on souhaite la prolongation du séjour en Turquie."
L’autre Française en garde à vue, une volontaire pour la Fondation turque pour l’éducation (TEV), a été arrêtée dans la nuit de mardi à mercredi, a indiqué le Consulat général de France à Istanbul. “Elle était présente en Turquie dans le cadre d’un projet de l’Union européenne et j’ai déjà fourni au dossier un document le prouvant”, précise l’avocate Ayşegül Tansen, qui attend son arrivée d'un moment à l'autre au centre de Kumkapı. Ayşegül Tansen espère là encore une remise en liberté rapide ou “après le week-end” pour la Française.
Anne Andlauer (http://www.lepetitjournal.com/istanbul) jeudi 6 juin 2013

PAROLE AUX JOURNALISTES TURCS – Que pensent-ils de la couverture médiatique des manifestations ?

Le 31 mai, alors que la place Taksim et les rues alentours suffoquaient sous l’effet des gaz lacrymogènes et que des milliers de personnes scandaient “Tayyip démission !”, la quasi totalité des chaînes de télévision turques continuaient de diffuser leurs programmes habituels, documentaires animaliers compris. Ce quasi black-out médiatique, timidement corrigé par certaines chaînes depuis, a provoqué la colère d’une partie de la foule qui s’en est prise aux rares véhicules de télévision apparus sur la place. Lepetitjournal.com d’Istanbul a interrogé quelques journalistes présents à Taksim hier.
Ertuğrul, documentariste pour la chaîne Birgün
“Je suis ici depuis le 31 mai et ce que je constate, c’est qu’il n’y avait aucune des grandes chaînes de télévision nationale. En vérité, je ne suis pas surpris. Il y a tellement de pressions sur les médias de la part du parti AKP… De la censure bien sûr mais aussi une pression économique très forte. Beaucoup de journalistes ont été emprisonnés... Le directeur de la chaîne NTV s’est excusé mardi du manque de couverture médiatique, mais je pense que c’est un mensonge. Vous les voyez quelque part ?”
Aslı, journaliste pour le quotidien Hürriyet
“Cela fait neuf jours que je traite les événements du Gezi Parkı. Je pense que la couverture médiatique par les grands médias nationaux est dramatique. CNN Türk et NTV ne sont pas présents. Et c’est devenu un grave problème. Maintenant, les jeunes haïssent ces grandes chaînes télévisées. C’est un temps difficile pour nous, journalistes turcs, car si les jeunes n’ont plus confiance en leurs médias, le changement ne pourra pas se faire entièrement. ”
Erkan, photographe freelance
“Il est clair que 90% des médias turcs sont contrôlés par le gouvernement. L’AKP ne veut pas entendre parler de l’opposition car elle risquerait de fâcher les grandes entreprises et donc de réduire le financement de certains budgets, des chaînes télévisées par exemple. Mais aujourd’hui, toutes les chaines et journaux sont présents, les principaux, les plus marginaux comme les freelance. ”
Ibrahim, journaliste freelance sur Youtube
“La couverture médiatique des événements est abominable ! Le gouvernement a beaucoup trop de pouvoir sur les médias. Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire. Heureusement, il y a les réseaux sociaux. Sans ça je ne pourrais pas faire mon travail. ”
Taygun, cameraman pour POW films
“Ce que je pense de la couverture médiatique turque ? C’est évident ! Regardez autour de vous ! Les médias turcs ont commencé a parler des événements mais c’est tout récent et ils sont loin de tout montrer. C est dramatique ! ”
Deniz, photographe freelance
“Enfin les grandes chaînes commencent à parler de ce qui se passe ici ! Ils ne disent pas tout évidemment mais ils sont la parce que les manifestants sont tellement nombreux qu’ils ne pouvaient pas rester silencieux indéfiniment. Au final, tout est une affaire de pression. ”
Journaliste de Kanal A qui a souhaité rester anonyme
“La Turquie est un pays démocratique. Les médias font leur boulot. ”
Makbule, reporter pour Halk Tv
“Halk Tv est la seule chaîne en qui les gens ont confiance maintenant. Et je suis la seule journaliste sur le terrain d’Halk Tv à Istanbul, vous imaginez la pression ? Quand je vais les interviewer, ils me demandent une preuve comme quoi je suis bien journaliste à Halk Tv. Oui, notre chaîne est contre le gouvernement et financée en partie par le CHP (Parti Républicain du peuple, ndlr) et en cela elle n’est peut être pas totalement neutre. Mais je pense sincèrement être la seule reporter à Istanbul qui jouit d’une aussi grande liberté dans son travail. Je ne blâme pas les autres chaînes télévisées, elles subissent une pression impitoyable de la part d’Erdoğan. ”
Propos recueillis par Diane Jean (http://lepetitjournal.com/istanbul.html) jeudi 6 juin 2013
Rush sur les réseaux sociaux
Cette autocensure médiatique, régulièrement pointée du doigt avant même le début de la contestation, n’a pas échappé aux autorités européennes. Sur son compte Twitter lundi, le commissaire à l’Elargissement Stefan Füle appelait la Turquie à “restaurer la liberté des médias”. La presse écrite et télévisée du pays est connue pour appartenir à de grands groupes, qui eux-mêmes disposent de peu d’indépendance à l’égard du pouvoir politique.
Avides d’informations, les Turcs se sont repliés sur les réseaux sociaux, en particulier sur Twitter. Le premier jour des violences, le blog spécialisé Web3lab faisait état de 5000 tweets et retweets par heure dans un rayon d’un kilomètre autour de la place Taksim. Les mots clés comprenant “gezi”, du nom du parc à l’origine de la mobilisation, ont suscité en quelques heures des centaines de milliers de messages sur ce réseau social.
Ils ont aussi contribué à la propagation de dizaines de rumeurs et de photomontages: des hélicoptères de la police auraient aspergé les manifestants de gaz lacrymogènes, des milliers de policiers auraient rendu leur uniforme en signe de solidarité tandis que d’autres auraient utilisé des balles réelles contre les protestataires. Les réseaux sociaux ont enfin été mis à profit pour organiser la solidarité et diffuser, par exemple, les coordonnées de médecins volontaires ou les adresses où se procurer des masques à 

mercredi 5 juin 2013

Mısır'ın 500 yıllık İslam eserlerine Türkiye sahip çıkıyor

TİKA yenileyerek, dijital ortama aktarıyor.04 Haziran 2013 Salı 11:31

Mısırın 500 yıllık İslam eserlerine Türkiye sahip çıkıyor
Türkiye, Mısır'da çeşitli kütüphanelerde bulunan yaklaşık bin el yazması İslami eseri yenileyip koruma altına alacak. Türk İşbirliği ve Koordinasyon Ajansı Başkanlığı (TİKA) tarafından yenilenip, dijital ortama aktarılacak ve kütüphanelerde korunacak eserlerin basım tarihleri ise 500 yıl öncesine dayanıyor.
Mısır Yüksek İslam İşleri Meclisi ile TİKA arasındaki ortak proje kapsamında Türkiye'ye getirilecek eserler arasında Sufilik, İslami tasavvuf, fkıh usulü, Şafiilik fıkhı, Hanefilik fıkhı, Arapça şiir koleksiyonları ve hadisler gibi yayınlar bulunuyor. Eserler, uzmanlar tarafından incelendikten sonra dijital ortama aktarılacak.
Aralarında tek nüshalı birçok nadir eserin yer aldığı kitapların en dikkati çekenleri ise Arapça Şiirler Koleksiyonu (1207), Arapça Belagat (1625), Fıkıh Usulü (1745), Sufilik (1658), Hanefi Fıkhı (1638), Şafii Fıkhı (1369) şeklinde sıralanıyor. Özellikle tek nüshası bulunan eserlerin korunmasını amaçlayan proje kapsamında, İslami eserlerin gelecek nesillere aktarılması da hedefleniyor.
Konuyla ilgili değerlendirmelerde bulunan TİKA Başkanı Dr. Serdar Çam, Mısır'da gerek Osmanlı dönemine ait, gerekse de "ortak kültürel misarımız" olan İslam dünyasına ait birçok el yazması kitabın bulunduğunu belirtti. Serdar Çam, "Bu kitapların bazılarının bakıma muhtaç olduğu ve bu konuda bizden destek beklediklerini ifade ettiler. Bu destekler orada 'El Yazması Eserleri Pataloji Laboratuvarı' kurulması ve burada çalışacak uzmanlara eğitim verilmesi ve müştereken eserlerin bakımını yapmak ve eserlerin tıpkı basımları gerçekleştirmek. Nadir eserlerin elektronik arşivleme sistemi vasıtasıyla elektronik ortama aktarılması konusunda mutabakata varıldı" diye konuştu.
Mısır ile Afrika'daki nadir el yazması eserlerin korunması için iki ülkenin işbirliği yapması için de mutabakata varıldığını anlatan Çam, TİKA tarafından Mısır'da gerçekleştirilecek eserlerin restorasyonuna ilişkin tıkanıklıkların aşılması için Mısır yetkililerinin desteklerini yinelediklerini ifade etti.
  

ISTANBUL: Recherche secrétaire commerciale expérimentée

Agence de voyages en création à İstanbul cherche secrétaire commerciale experimentée !
Agence de voyages en création à İstanbul cherche secrétaire commerciale experimentée dans le domaine du tourisme.
Bonne présentation.
Langues souhaitées : anglais, français et turc.
Faire parvenir votre CV et une photo à : helitaksi@gmail.com
Nous vous répondrons rapidement.
Istanbul (www.lepetitjournal.com/istanbul) mercredi 5 juin 2013

ALİ ÖZ, PHOTOJOURNALISTE – “Dans dix ans, Tarlabaʂı ressemblera à Niʂantaʂı”

Ali Öz est un photojournaliste turc qui a longtemps collaboré avec les plus grands groupes de presse turcs et étrangers. Il a d’ailleurs été plusieurs fois récompensé. En mars dernier, il publiait un recueil de photographies sur le quartier Tarlabaʂı, d’Istanbul, intitulé “Ayıp Şehir” (Ville honteuse). Et ce afin de témoigner du sort de ses habitants, expulsés de chez eux suite à un projet urbain de rénovation. Ses photos sont certainement les meilleurs clichés que l’on puisse trouver sur la réalité de ces stambouliotes marginalisés. Ali Öz a accepté de se confier au petitjournal.com d’Istanbul.
lepetitjournal.com d’Istanbul: Lorsque l’on entre sur votre site internet on tombe sur l’une de vos citations : "Insan açliga katlanabiliyor ama sevgisizliğe, tutkusuzluğa ve amaçsızlığa katlanamıyor. Benim de insan sevgimin odaklandığı en dolaysız ve somut bir sesleniş aracı oldu fotoğraf sanatı” (“L’être humain est capable d’endurer la faim, mais pas sans amour, ni passion, ni but. Mon amour des humains s’est fixé sur l’Art de la photographie, et c’est devenu pour moi le moyen le plus indirect et concret d’attirer l’attention”). Pouvez-vous l’expliquer ?
Ali Öz (photo personnelle): Cette phrase correspond à ma philosophie de vie. Je l’ai prononcée pour la première fois dans les années 80, lorsque j’étais encore étudiant. Depuis, j’ai continué à vivre en suivant ce principe. J’ai suivi des études de journalisme et de politique sociale. C’est comme ça que j’en suis venu à la photographie.
Quels sont les clichés qui vous ont le plus marqués ?
A l’époque il y a deux photographes qui m’ont vraiment impressionné. Robert Capa pour sa couverture de la guerre du Vietnam et sa photographie d’une exécution, et Nick Ut pour sa photo de la jeune fille qui fuit une bombe de napalm. C’est là que j’ai commencé à croire que la photographie ne mentait pas.
Vous avez travaillé comme photojournaliste pour la presse turque et étrangère. Pourquoi avez-vous arrêté ?
J’ai effectivement travaillé pour la presse pendant vingt ans. Cela fait maintenant dix ans que j’ai arrêté, et deux ans que je me consacre à ce livre. Selon moi, dans les années où je travaillais comme photojournaliste, nous avions la chance de pouvoir utiliser les photos que nous prenions. Mais depuis 2011-2012, ce n’est plus le cas. Je ne peux donc plus parler de presse, parce que les directeurs de publication et rédacteurs en chef ne veulent plus publier les photos que nous prenons, comme nous les prenons. Et je suis donc content de ne plus travailler pour eux. J’ai la réputation d’être fou et agressif. Les histoires de ma folie sont sans fin (rires), mais je peux en raconter une.
J’ai travaillé pendant sept ans pour le magazine Tempo. Je voulais photographier les “mères du samedi” (qui manifestent chaque samedi devant le lycée Galatasaray, ndlr) mais mes employeurs refusaient. J’y suis quand même allé chaque semaine pour les prendre en photo. Mon chef n’arrêtait pas de crier : “Je ne veux plus de ces clichés de femmes horribles, arrête de les prendre et de les ramener !”. Mais cette semaine-là, j’avais pris une image vraiment forte et il n’a pas pu faire autrement que de la publier. Je travaillais là-bas comme rédacteur et photographe. Je gagnais bien ma vie. Mais je n’en avais rien à faire l’argent et j’ai démissionné sans même me retourner. Une vie simple rend plus fort.
Comment avez-vous commencé à photographier les habitants de Tarlabaʂı ?
Il y a trente ans, j’ai vécu environ six mois à Tarlabaʂı. En 1989, il y avait déjà des démolitions et des grèves, et je les avais aussi photographiées. Dans ces années-là, le reportage le plus important que j’ai fait concernait les dealers d’héroïne de Tarlabaʂı. C’était en 1995, et cela a été publié sur huit pages. J’ai vu la police se faire corrompre et j’ai écrit dessus. J’ai également réalisé un reportage sur une pièce de théâtre nommée “X Flats”, dirigée par un metteur en scène allemand. Mais il ne me laissait pas prendre de photos. Heureusement, une jeune fille m’avait donné son pass et j’ai pu entrer dans le théâtre et photographier ce que je voulais. La pièce racontait tellement Tarlabaʂı (la mafia, les travestis…). Cela m’a beaucoup aidé à comprendre et réaliser à quoi ressemblait la vie dans ce quartier. Il y a un peu plus de deux ans, alors que je me promenais dans les rues de Tarlabaʂı, j’ai entendu parler du projet de démolition. Soudain j’ai pris conscience de l’aspect coloré et multiculturel de ce quartier. Et comme un réflexe de photojournaliste, j’ai réalisé que je devais immortaliser ça pour le futur, témoigner de cette réalité.
Comment avez-vous réussi à pénétrer dans l’intimité des habitants ?
Ce n’était pas évident au début. J’hésitais à les photographier, et ils hésitaient également à me laisser faire. Mais je passais tellement de temps là-bas qu’à la fin ils en avaient marre et ils me disaient “Bon tu m’énerves, allez c’est bon, viens, entre !”. Et c’est comme ça que pendant deux ans, j’ai presque vécu avec eux. Lorsque mes photos ont commencé à être connues, beaucoup de jeunes photographes m’ont alors contacté en me demandant s’ils pouvaient m’accompagner. Ils venaient un jour mais ne revenaient pas le lendemain. Ils voulaient tout, et tout de suite, sans effort. Alors que moi je considérais ça comme un vrai travail. J’y étais tous les jours sans exception, de 9 h à minuit. J’ai partagé de véritables bons moments avec les habitants. Et aussi des plus dramatiques. Parfois, l’hiver alors que je prenais des photos, je voyais les travestis qui étaient obligés de travailler dans le froid, la neige. Lorsque je rentrais chez moi, au chaud, il m’est arrivé de me jeter sur mon lit et d’enfouir ma tête dans un oreiller pour pleurer. Ce qui me faisait continuer, c’était le sentiment de leur être utile.
Pourquoi avoir décidé de publier vos photographies sur Facebook ?
Je sentais également que je devais faire quelque chose pour ces habitants. Mais cela n’intéressait pas la presse. J’ai alors commencé à publier mes photos sur mon compte Facebook. Cela m’attristait que personne ne se soucie du sort de ces gens. Je me suis demandé comment faire pour les attirer. Les sujets sérieux n’intéressent pas. J’ai donc décidé de photographier la vie nocturne du quartier, les bars à travestis … Et cela a fait l’effet d’une bombe. Sûrement parce que j’ai touché à la culture populaire. A partir de là, tout est allé très vite.
Comment est né votre livre “Ayıp Şehir” ?
J’ai dû verrouiller l’album de Tarlabaʂı sur Facebook parce qu’on volait mes photos. Notamment l’équipe de la série télé “Kayıp Şehir” qui s’en servait carrément pour constituer des dossiers. Un magazine m’a aussi proposé d’acheter tous mes clichés pour une somme ridicule (500 TL) et je les ai gentiment envoyé paître. Des amis m’on alors conseillé de faire une exposition. Mais ni eux ni moi n’avions d’argent. Uğur Varlı m’a proposé de financer l’impression des photos et nous les avons exposées en octobre 2012 dans la galerie Tüyap d’Istanbul. J’avais également des supports multimédias (30.000 photos et 10 heures d’enregistrement sonore). Et là aussi cela a fait l’effet d’une bombe. Et l’expo a ensuite tourné dans plusieurs villes de Turquie (Adana, Ankara, Izmir…). Nous avons alors décidé de publier les photographies dans un livre. J’ai trouvé un sponsor : Yurtiçi Kargo. Le collectif Fotografevi m’a également soutenu et j’ai financé le reste avec l’argent que je n’avais pas (rires). Nous avons imprimé 1.500 exemplaires, qui sont vendus à 40 TL dans la plupart des librairies. Je réinvestis l’argent dans un autre livre de photos en création : un documentaire sur l’histoire de la vie politique turque. Au final, tout ce travail m’a épuisé, mais cela valait le coup.
Pourquoi ce titre ?
C’est mon ami Uğur Varlı qui me l’a suggéré. Au début je refusais parce que j’avais peur que les habitants de Tarlabaʂı le prennent mal, comme ils sont sensibles. Je ne voulais pas qu’ils aient honte, juste montrer ce qu’ils vivent. Mais je n’ai pas eu le choix comme c’était le nom de l’exposition. Finalement, les gens ont compris que ce n’était pas par rapport aux habitants mais que je critiquais l’attitude du gouvernement envers eux.
Comment pensez-vous avoir aidé les habitants avec ce livre ?
Je ne suis évidemment pas un magicien, le projet urbain tient toujours et mon livre n’a rien changé là-dessus. Je ne suis qu’un photojournaliste et je ne peux pas changer les choses que je ne veux pas. Mais il faut considérer ce livre comme un document. Dans dix ans Tarlabaʂı ressemblera à Niʂantaʂı, un genre de Champs-Elysées. Mes photos servent à ce que les gens réalisent ce qui s’est passé et s’en souviennent. Après mon exposition, certaines petites choses ont quand même changé dans le quartier. Comme les habitants étaient expulsés, les chats et les chiens mourraient de faim. Certaines personnes, sensibilisées par mes photos, ont alors lancé une campagne demandant aux résidents qui étaient encore là d’au moins mettre un peu d’eau devant leur porte. Et d’autres personnes ont commencé à venir donner des vêtements aux enfants.
Au sujet des manifestations et affrontements qui se déroulent ces derniers jours, pensez-vous que les habitants du quartier de Tarlabaʂı en profitent pour se révolter contre le projet de gentrification qui les concerne ?
Je ne pense pas qu’ils le fassent consciemment, ce n’est pas pour eux une question d’arbres ou de verdure en tout cas, bien sûr. Mais je pense qu’effectivement ils attendaient un prétexte pour se révolter parce qu’ils vivent en enfer. Leur quartier est détruit en grande partie, la municipalité ne ramasse même plus les déchets. Ils vivent au milieu d’une montagne de poubelles, qu’ils entassent désormais derrière les échafaudages. Ils se rebellent contre leurs conditions de vie.
En tant que photojournaliste, que pensez-vous justement de la façon dont les médias turcs ont couvert les événements de ces derniers jours ?
Comme je le disais en ce début d’interview, il n’y a plus de presse en Turquie. Le gouvernement utilise les médias pour faire la publicité des entreprises etc, pas pour tenir des propos contre lui-même évidemment. La presse agit en ce moment comme si rien ne se passait. C’est d’ailleurs pourquoi les manifestants ont incendié les véhicules des chaînes de télévision. C’est simple, on peut résumer la couverture des événements récents par les médias turcs en un mot : la peur. La peur du gouvernement, bien sûr.
Propos recueillis par Fanny Fontan (http://www.lepetitjournal.com/istanbul) mercredi 5 juin 2013



MICRO-TROTTOIR À TAKSIM – Pourquoi manifestez-vous ?

Le vice-premier ministre turc a tenté mardi d'enrayer le mouvement de contestation en présentant des excuses et en appelant les manifestants à rentrer chez eux. Des milliers de personnes continuaient pourtant d’occuper le parc de Taksim à Istanbul. Pour quelles raisons? Lepetitjournal.com d'Istanbul a posé la question hier à quelques manifestants.

Rojda, 34 ans, militante socialiste du Ezilenlerin Sosyalist partisi (photo de gauche)
“Je souhaite au moins le départ d’Erdoğan et davantage de liberté. Tout ceux qui sont en colère contre le gouvernement sont à Gezi Parkı. Il y a des syndicats, des catholiques, des protestants, des kurdes, des féministes, des alévis, des écologistes, des anarchistes, des transsexuelles, des commerçants, des socialistes. J'en fais partie! Il y a beaucoup de jeunes aussi. Ce que les socialistes veulent ? Une révolution! Car nous savons que le changement ne peut pas se faire autrement. Nous, nous souhaitons changer le système en entier, pour qu'il soit plus juste.”
Özge, 18 ans, infirmière dans le Gezi Parkı (photo de droite)
“Je suis ici depuis deux jours. Je veux aider les gens, nous avons eu beaucoup de blessures à soigner. Nous avons organisé cette infirmerie au centre même du Gezi Parkı pour soigner les malades dans un endroit facilement atteignable. Là, il est 15h et nous avons déjà beaucoup de travail... Moi, je veux juste la paix!”
Furkan, 21 ans, étudiant et militant écologiste (photo de gauche)
“Le premier jour (vendredi 31 mai, ndlr) a été vraiment très dur. Mais au fur et à mesure que les jours passent, cela devient plus facile pour nous parce que la police ne nous attaque plus ici, à Gezi Parkı. Je veux seulement protéger cet endroit, je ne veux pas me battre avec le gouvernement mais la vérité est que 90% de nos chaînes télévisées protègent Erdoğan. Elles ne montrent pas la réalité et nous avons besoin que cette réalité soit racontée. Nous resterons là jusqu'à ce que cela cesse.”
Orhan, 57 ans, vendeur de brochettes (photo de droite)
“Je ne suis qu'un simple commerçant qui suis fatigué de cette politique depuis dix ans. C'est une mauvaise politique! Nous voulons plus de démocratie et Erdoğan nous impose plus d'islam! Cela n'a aucun sens.”
Taygun, 25 ans, ouvrier (photo de gauche)
“Je suis né à Istanbul, j'aime cette ville. Je veux une révolution pacifique. Se battre pour la liberté, voilà pourquoi je suis ici. Pour résister. Il faudrait que le gouvernement démissionne.” (Il est en train de peindre une bannière pour décorer le parc, ndlr) “Voyez c'est écrit ici : nous voulons du changement pour la paix et la liberté. 'Turquie : libres et égaux' ”
Cemre, 26 ans, étudiante en sciences politiques et relations internationales (photo de gauche)
“Je veux plus que le simple départ d’Erdoğan. Notre régime est en train de dériver vers un régime présidentiel, ce n'est pas une bonne chose. C'est à cause de ca que nous en sommes là aujourd'hui. Je souhaite que les institutions changent complètement. Je veux une vraie république parlementaire. Les gens ici ne sont pas du tout satisfaits des décisions prises par Erdoğan. Occupy Gezi a réuni tous ces gens grâce à Facebook et Twitter. Avant, nous avions peur de manifester, aujourd'hui nous pouvons le faire, car nous nous sommes rassemblés. Mais il reste un problème majeur : la couverture médiatique. Elle est catastrophique. Les médias disent que nous cassons les infrastructures, détruisons les magasins et les rues mais en réalité c'est la police. Nous sommes pacifistes, nous ne devenons violents que lorsque la police nous attaque à coup de gaz lacrymogène. Alors là oui, nous nous défendons, mais c'est bien normal!”
Hasan Bektas, secrétaire général du Syndicat des travailleurs des transports unis (member de KESK), confédération syndicale des fonctionnaires (photo de droite)
“Nous avons décidé d'appeler à deux jours de grève pour manifester notre soutien aux manifestants pacifistes. La nuit dernière encore, il y a eu beaucoup de violence à leur encontre à Istanbul et à Ankara. Nous souhaitons une société qui se construit par le peuple, et pour lui. En bref, plus de démocratie. Par exemple, nous ne voulons pas juste améliorer un peu nos conditions de travail, nous voulons les meilleures conditions. Qu'est ce qu'il y a de mal à ca ?”
Kiraz, 17 ans, jeune anarchiste (photo de gauche)
“Je suis ici depuis vendredi, et ce soir, ce sera ma quatrième nuit dans le parc. Une anarchie autonome ce serait l'idéal. Nous nous portons très bien sans la police. Nous sommes organisés. Nous avons des infirmières, des cuisiniers, des gens qui distribuent de l'eau, d'autres qui ramassent les déchets. Chacun veille sur son voisin. Je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas rester comme cela tout le temps. Avec Erdoğan, c'est un peu la dictature, alors que là nous sommes libres. Et quand vous goutez à la liberté, il est difficile de revenir en arrière.”
Can, 33 ans, assistante de recherche (photo de droite)

"Nous ne sommes pas opposés à la politique économique d'Erdoğan, mais nous ne sommes plus libres. Le Premier ministre divise le peuple entre ceux qui sont religieux d'un côté, et ceux qui ne le sont pas de l'autre. On ne peut plus acheter d'alcool après 22 heures, on nous dit combien nous devons avoir d'enfants, au moins trois... Le gouvernement interfère trop dans nos vies."
Volga, 24 ans, professeur de physique (photo de gauche)

"Je suis là pour notre avenir et pour que nous, les supporteurs d'Atatürk, soyons le plus grand nombre possible. En tant que laïc, l'attitude du Premier ministre me dérange. C'est un islamiste. Et contrairement à ce qu'il dit, les gens réunis à Taksim ne sont pas des terroristes."
Nevru, 25 ans, styliste (photo de droite)

"Contrairement à ce que souhaite le Premier ministre, nous ne nous diviserons pas. Il ne parviendra pas à nous faire haïr les uns les autres. Que l'on soit alévi, sunnite, kurde, nous sommes tous humains, et nous sommes unis contre le fascisme. C'est pour ça que nous sommes là."

Ezel, 27 ans (photo de gauche)

"Ce parc est très important pour nous. Il est là depuis des générations et il y a de grosses manifestations qui s'y sont déroulées, notamment en 1997. On ne veut pas que le gouvernement en fasse un centre commercial. Nous sommes donc ici pour lui montrer que nous ne le laisserons pas faire."



Erbi, 23 ans, étudiant en informatique (photo de droite)
"En Turquie, les médias sont très liés au pouvoir. Aujourd'hui, ils écrivent que nous avons tort, et que nous sommes contrôlés par le CHP, mais c'est faux. Nous devons montrer que nous sommes tous ensemble, sans étiquette politique, et que nous avons raison de nous opposer à la destruction du parc."




Özhan, 33 ans, chercheur (photo de gauche)
"Erdoğan méprise les contestataires. Il se comporte comme un dictateur. Il interdit l'alcool et empêche les manifestants de se rassembler. Il divise la Turquie en deux parties : ceux qui sont avec lui, et ceux qui sont contre lui."





Propos recueillis par Diane Jean et Jonathan Grimmer (http://lepetitjournal.com/istanbul.html) mercredi 5 juin 2013

mardi 4 juin 2013

caricature: “Je vous embrasse. Signé R. Tayyip"

Alors que la polémique au sujet de nouvelles mesures restreignant la vente et la promotion de l’alcool bat son plein, le Premier ministre Recep Tayyip Erdoğan s’est défendu dans un discours de vouloir limiter les libertés individuelles dans son pays. Le sujet cohabite avec les baisers publics d’Ankara en couverture de l’hebdomadaire Penguen cette semaine.
"Nous n'avons rien interdit" : c'est ce qu'a répondu le Premier ministre mardi aux critiques formulées à l'encontre de la loi votée le 24 mai au Parlement. Dans son discours prononcé lors d'une réunion du groupe parlementaire de son parti, l'AKP, Recep Tayyip Erdoğan a affirmé que ces mesures ne constituaient ni une interdiction, ni une intervention dans le style de vie d’une partie de ses concitoyens.
"Pendant plusieurs jours, on a répété en Turquie et à l'étranger : “L'alcool est interdit en Turquie”. En disant, écrivant ou affirmant cela, celui qui propage cette idée est un menteur", a-t-il insisté. "Si vous voulez boire de l'alcool, faites-le chez vous", a-t-il aussi lancé à ses détracteurs. La nouvelle loi pose en effet des conditions plus strictes à la vente et la consommation d’alcool en public, tout en interdisant toute forme de publicité.
"Il est aussi interdit d'embrasser"
C'est ce discours et ce sujet polémique que le journal satirique Penguen a choisi de mettre en Une du numéro de cette semaine. Recep Tayyip Erdoğan y est représenté rédigeant une annonce à l’attention de la jeunesse : "Les jeunes, il est interdit de boire. Je vous embrasse. R. Tayyip", peut-on y lire. "Je plaisante, il est aussi interdit d'embrasser", ajoute-il. Une dernière phrase en référence directe à la "manifestation des baisers" qui s'est tenue à Ankara samedi dernier.
Deux cents personnes se sont enlacées dans une station de métro en soutien à un couple qui, après s’être embrassé devant les caméras de surveillance, s’est fait rappeler à l’ordre par une annonce sonore.
Marlène Alibert (www.lepetitjournal.com/istanbul) vendredi 31 mai 2013

L'école de cuisine d'excellence Le Cordon Bleu s'installe à Istanbul

Depuis janvier dernier, la célèbre école de cuisine Le Cordon Bleu a pris possession de ses locaux flambants neufs sur la rive asiatique d'Istanbul. Visite des cuisines d'une école d'excellence, en compagnie de la directrice et des chefs cuisiniers
"Apprendre les secrets de la gastronomie, savoir choisir les bons ingrédients..." : c'est l'objectif de l'école de cuisine Le Cordon Bleu d'Istanbul, d'après sa directrice Defne Ertan Tüysüzoğlu. Un accord signé l'année dernière entre l'université Özyeğin et le Cordon Bleu a donné naissance à l'antenne stambouliote de cette école haut de gamme. Les cours ont débuté début janvier 2013 et aujourd'hui, près de 70 personnes suivent les cours donnés au campus Çekmeköy de l'université. Deux programmes existent : le premier, "Gastronomie et management de restaurant" se fait en quatre ans. Les professeurs de cuisine du Cordon Bleu assurent la partie technique et les enseignants internes à l'université Özyeğin se chargent du côté business. Le second programme propose un parcours plus léger, en trois étapes : basique, intermédiaire, supérieur. Le diplôme peut se passer en pâtisserie ou en cuisine classique, ou même en couplant les deux. Créée en 1896 en France, Le Cordon Bleu est aujourd'hui reconnue comme l'une des meilleures formations culinaires et possède 40 écoles dans plus de 20 pays.
Les chefs qui enseignent la cuisine au Cordon Bleu sont des "pointures", selon Defne Ertan Tüysüzoğlu (au milieu sur la photo), et ont passé un examen au Cordon Bleu de Paris ou de Londres. Christophe Bidault (à droite sur la photo), lui, l'a réussi haut la main : "ce n'est pas un concours facile, mais c'est une assurance pour les étudiants d'avoir un professeur qui a de l'expérience dans des cuisines renommées". Avant d'enseigner pendant 13 ans au Cordon Bleu britannique, Christophe Bidault a notamment fait ses classes au Grand Ritz à Londres et chez Harrods. Ce chef "international" a eu l'occasion de voyager : le Mexique, Singapour, les États-Unis et même la Corée du Nord ont accueilli ses talents culinaires. Aujourd'hui responsable de la pâtisserie au Cordon Bleu d'Istanbul, il travaille avec Gilles Compagny (à gauche sur la photo), chargé de la cuisine "généraliste".
"Beaucoup de techniques ont été codifiées en France"
Pendant le cours, les chefs font une première démonstration sur le plan de travail, que les étudiants assis sur les bancs du petit amphithéâtre peuvent apprécier en détail grâce à un miroir incliné. "Il est nécessaire qu'ils voient l'eau bouillir, ou de quelle façon on découpe tel produit", précise Defne Ertan Tüysüzoğlu. Les élèves passent ensuite en cuisine pour reproduire la préparation du plat, avec des ingrédients soigneusement choisis. En effet, au Cordon Bleu, on ne lésine pas sur la qualité des produits. "Il n'y a que comme cela que l'on peut réussir à apprendre à réellement faire de la grande cuisine", et c'est aussi ce qui fait la marque de fabrique de cette école d'excellence selon sa directrice. "Même les pommes de terre ! Il faut que les étudiants puissent travailler avec la bonne variété de pommes de terre : celle qui est adaptée à la pomme de terre Maxime, mais aussi celle qui convient pour la purée. Et ce ne sont évidemment pas les mêmes", plaisante-elle. Ces types d'ingrédients sont les plus importants : la qualité du beurre, de la farine ou de la crème chantilly est donc surveillée de près par les chefs. "Pour être capable de réaliser un bon croissant, il faut absolument avoir les ingrédients justes. Sa forme diffère énormément si l'on utilise du beurre ou de la margarine par exemple", assure Defne Ertan Tüysüzoğlu.
Selon la directrice, l'école ne se concentre pas seulement sur les techniques culinaires européennes. "Le Cordon Bleu a avant tout pour objectif d'enseigner les bases nécessaires à n'importe quel type de cuisine, assure-t-elle, malgré un corps enseignant uniquement composé de chefs français. "Si ces techniques sont universelles, il est vrai que beaucoup d'entre elles ont été codifiées en France", justifie Defne Ertan Tüysüzoğlu. Le chef Christophe Bidault préfère en effet se concentrer sur "les techniques basiques, utiles pour produire une cuisine de très bonne qualité, plutôt que sur la cuisine moléculaire par exemple".
Cette formation s'adresse à tous les amoureux de la cuisine qui veulent changer de carrière ou tout simplement se perfectionner. Pour Christophe Bidault, c'est une filière sûre : "Tout le monde aura toujours besoin de manger. N'importe quelle crise ne pourra pas affecter ce milieu-là". Le chef assure qu'en sortant de cette formation, les diplômés seront tous capables d'ouvrir leur propre restaurant. "En Turquie, il est important d'être bien formé lorsque l'on travaille dans le secteur de la restauration et du tourisme par exemple, détaille Defne Ertan Tüysüzoğlu. Il est fréquent que pendant la période estivale, les grands chefs laissent Istanbul pour Antalya et ses environs. Il faut donc être capable de remplacer en cuisine !"
Istanbul (www.lepetitjournal.com/istanbul) mardi 3 juin 2013
A noter : Le Programme d’été commence le 1er juillet et le Programme d’automne commencera le 1er octobre.
Lien de cette école de cuisine : http://www.ozyegin.edu.tr/lecordonbleuistanbul

lundi 3 juin 2013

RACHAT - Canal+ bientôt en Turquie ?

Selon la chaîne de télévision HaberTürk, Canal+ serait l'un des deux candidats, avec Türk Telekom, au rachat du bouquet de télévision par satellite Digitürk. En 2011, le groupe français des médias et des télécoms, lui même filiale de Vivendi, avait déjà étudié la possibilité de reprendre le bouquet turc à hauteur de 47%, pour un montant estimé à plus de 770 millions d'euros. Les négociations n'avaient cependant pas abouti.

Créé en 1999, Digitürk est à ce jour le bouquet qui compte le plus clients en Turquie. Il regroupe plus de 160 chaînes de télévision, parmi lesquelles France24, TV5MONDE, ou encore TRT1, la plus ancienne chaîne nationale. Ses dirigeants ont assuré que le changement de propriétaire à venir n'aurait aucune conséquence pour les abonnés.

Jonathan Grimmer (www.lepetitjournal.com/istanbul) lundi 3 juin 2013

REVUE DE PRESSE – Les événements des derniers jours vus par les médias étrangers

Les manifestations à Istanbul et ailleurs en Turquie trouvent un large écho dans la presse étrangère. Depuis trois jours, les médias internationaux surveillent le mouvement “Occupy Gezi”, qui gagne du terrain dans tout le pays. Les clichés se ressemblent mais les analyses diffèrent.
Taksim, la future place Tahrir ?
Les premiers articles sur le sujet présentent les révoltes de la place Taksim comme un nouvel épisode du printemps arabe. Le Figaro insiste sur la violence des heurts et la montée d'un sentiment de colère général chez les Turcs, “dignes du printemps arabe de l'autre côté de la Méditerranée.” The Wall Street Journal explique que la comparaison est tentante mais non pertinente. D'après le quotidien américain, les Turcs ne souhaitent pas renverser leur régime mais répondre à l'oppression instaurée par leur Premier ministre. Le Monde ajoute qu'une dissonance se fait sentir au sein du gouvernement. Samedi après-midi, le président Abdullah Gül aurait conseillé au Premier ministre Erdoğan de retirer les forces de police de la place Taksim quand ce dernier restait intransigeant. Tous les journaux s'accordent à dire que la Turquie vit un moment particulier de son histoire, à surveiller de près.
L'irrésistible prisme de l'islam
Samedi soir, CNN a diffusé un reportage d'une dizaine de minutes. A la question “Qui sont les manifestants dans la rue?”, le correspondant de la chaîne télévisé américaine répond : “Ce sont des laïcs.” Point. Il explique l'ampleur de l'événement par l'opposition entre la société civile dite laïque composée de kurdes, des partis d'opposition, de féministes et des syndicats et, le parti au pouvoir islamo-conservateur, l'AKP. L'usage excessif de gaz lacrymogènes et des canons d'eau ne serait que le catalyseur d’une révolte face à “l'islamisation” du pays par le haut. Au même moment, le quotidien espagnol El Pais et le britannique The Guardian adoptent une approche moins binaire en expliquant la politisation d'un mouvement qui ne regroupait au départ que quelques centaines d’individus. Si l'origine peut paraître floue, le souhait des contestataires est clair : ils scandent “Tayyip Istifa” à tue-tête. Ce qui signifie : “Tayyip démissionne!”.
Volonté de liberté
Pour le site internet spécialiste du Moyen-Orient, Al Monitor, “Occupy Gezi” représente le ressentiment accumulé depuis quelques mois face au pouvoir jugé autoritaire du premier ministre Erdoğan. Al Monitor souligne l'ampleur du mouvement quand la plupart des titres de la presse étrangère se concentrent sur Istanbul. Selon le quotidien, la restriction de la consommation l'alcool et la question de la laïcité ne suffisent pas à expliquer la propagation des événements. Depuis un mois, explique le journal en ligne, le gouvernement multiplie les lois touchant à la vie quotidienne des citoyens turcs : la tentative d'imposer une restriction des avortements, l'interdiction d'embrasser en public dans le métro d'Ankara ou encore la multiplication de projets d'urbanisation sans le consentement ni même la consultation des habitants. Pour Al Monitor, il semble que les Turcs qui descendent dans la rue depuis vendredi désirent davantage de liberté dans leur choix de vie et qu'ils sont prêts à se battre pour elle.
Diane Jean (www.lepetitjournal.com/istanbul) lundi 3 juin 2013