lundi 3 juin 2013

REVUE DE PRESSE – Les événements des derniers jours vus par les médias étrangers

Les manifestations à Istanbul et ailleurs en Turquie trouvent un large écho dans la presse étrangère. Depuis trois jours, les médias internationaux surveillent le mouvement “Occupy Gezi”, qui gagne du terrain dans tout le pays. Les clichés se ressemblent mais les analyses diffèrent.
Taksim, la future place Tahrir ?
Les premiers articles sur le sujet présentent les révoltes de la place Taksim comme un nouvel épisode du printemps arabe. Le Figaro insiste sur la violence des heurts et la montée d'un sentiment de colère général chez les Turcs, “dignes du printemps arabe de l'autre côté de la Méditerranée.” The Wall Street Journal explique que la comparaison est tentante mais non pertinente. D'après le quotidien américain, les Turcs ne souhaitent pas renverser leur régime mais répondre à l'oppression instaurée par leur Premier ministre. Le Monde ajoute qu'une dissonance se fait sentir au sein du gouvernement. Samedi après-midi, le président Abdullah Gül aurait conseillé au Premier ministre Erdoğan de retirer les forces de police de la place Taksim quand ce dernier restait intransigeant. Tous les journaux s'accordent à dire que la Turquie vit un moment particulier de son histoire, à surveiller de près.
L'irrésistible prisme de l'islam
Samedi soir, CNN a diffusé un reportage d'une dizaine de minutes. A la question “Qui sont les manifestants dans la rue?”, le correspondant de la chaîne télévisé américaine répond : “Ce sont des laïcs.” Point. Il explique l'ampleur de l'événement par l'opposition entre la société civile dite laïque composée de kurdes, des partis d'opposition, de féministes et des syndicats et, le parti au pouvoir islamo-conservateur, l'AKP. L'usage excessif de gaz lacrymogènes et des canons d'eau ne serait que le catalyseur d’une révolte face à “l'islamisation” du pays par le haut. Au même moment, le quotidien espagnol El Pais et le britannique The Guardian adoptent une approche moins binaire en expliquant la politisation d'un mouvement qui ne regroupait au départ que quelques centaines d’individus. Si l'origine peut paraître floue, le souhait des contestataires est clair : ils scandent “Tayyip Istifa” à tue-tête. Ce qui signifie : “Tayyip démissionne!”.
Volonté de liberté
Pour le site internet spécialiste du Moyen-Orient, Al Monitor, “Occupy Gezi” représente le ressentiment accumulé depuis quelques mois face au pouvoir jugé autoritaire du premier ministre Erdoğan. Al Monitor souligne l'ampleur du mouvement quand la plupart des titres de la presse étrangère se concentrent sur Istanbul. Selon le quotidien, la restriction de la consommation l'alcool et la question de la laïcité ne suffisent pas à expliquer la propagation des événements. Depuis un mois, explique le journal en ligne, le gouvernement multiplie les lois touchant à la vie quotidienne des citoyens turcs : la tentative d'imposer une restriction des avortements, l'interdiction d'embrasser en public dans le métro d'Ankara ou encore la multiplication de projets d'urbanisation sans le consentement ni même la consultation des habitants. Pour Al Monitor, il semble que les Turcs qui descendent dans la rue depuis vendredi désirent davantage de liberté dans leur choix de vie et qu'ils sont prêts à se battre pour elle.
Diane Jean (www.lepetitjournal.com/istanbul) lundi 3 juin 2013

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