jeudi 9 juin 2011

ARCHIVES ARTICLES

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LA VIANDE FRANCAISE SAUVEE PAR LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL
La censure par le Conseil constitutionnel de la loi sur les génocides a ravi les syndicats agricoles français qui ont pu conserver un important marché d’exportation représentant 16.000 têtes de bétail mensuelles vers la Turquie pour un montant s’élevant à 1,2 milliards d’euros.
la suite sur: info@zamanfrance.fr

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CES CHEFS D'OEUVRES OCCIDENTAUX D'INSPIRATION ISLAMIQUE
Par Seyfeddine BenMansour ven, 06/01/2012 - 21:27

Le 4 janvier dernier est parue chez Albin Michel une nouvelle traduction de Robinson Crusoë, due à Françoise du Sorbier. Le célèbre roman de Daniel Defoe s’offre ainsi, pour ainsi dire, une nouvelle jeunesse. Près de trois siècles se sont en effet écoulés depuis la parution, en 1719, des Adventures of Robinson Crusoe. Son origine est pourtant plus lointaine encore : le roman est effectivement inspiré d’un traité philosophique arabe du XIIe siècle, Hayy Ibn Yaqdhân (Vivant, fils de Vigilant), dû à Ibn Tufayl (l’« Abubacer » des manuscrits latins). Ainsi, le premier roman de la littérature anglaise devra-t-il son existence à la première œuvre de science-fiction de l’histoire de la littérature : le petit Hayy Ibn Yaqdhân naît en effet par génération spontanée, sur une île coupée du monde, quelque part du côté de l’Inde. Il est élevé par une gazelle, qui, hélas, meurt alors qu’il est encore enfant. Curieux et doué, Hayy en prend avantageusement son parti : il procède à sa dissection afin de connaître les raisons de sa mort. Il se pose ensuite des questions au sujet de la logique et de la physique. Il en arrive à la conclusion que Dieu existe, et que les lois qu’Il a assignées à la Nature sont éternelles. L’ouvrage, traduit en latin dès le Moyen âge sous le titre Philosophus autodidactus, parviendra en Angleterre, où, certes, il inspirera l’auteur de Robinson Crusoë, mais où il contribuera aussi à la naissance de la philosophie empiriste des Locke, Hume et autres Berkeley.

L’influence de l’eschatologie musulmane
Plus au sud et plus tôt, la Divine comédie de Dante (1307) est l’œuvre fondatrice de la littérature italienne : elle est directement inspirée d’une œuvre islamique anonyme, le Kitâb al-Mi‘râj (Livre de l’ascension ou de l’échelle). Traduit en latin, mais aussi dans les langues vernaculaires (Livre de l’eschiele, en ancien français), il raconte le voyage physique et spirituel que fit le Prophète : accompagné de l’ange Gabriel, il est monté aux cieux puis est descendu aux enfers. L’ouvrage original est par ailleurs mentionné ou cité dans un certain nombre de textes du XIIIe siècle. Ce que montre plus largement l’existence de ces textes, c’est qu’il existait, en Occident, une certaine connaissance, pour ne pas dire un intérêt certain, pour les idées musulmanes sur la destinée de l’âme après la mort et sur l’eschatologie. L’auteur du Paradis et de l’Enfer, si profondément imprégné de toute la science de son temps, ne pouvait ignorer le contenu du Kitâb al-Mi‘râj, qui, directement ou indirectement, est parvenu à sa connaissance. De fait, on relève des ressemblances de détail qui sont nombreuses et souvent frappantes, mais aussi des analogies générales de structure : à la suite de l’ouvrage arabe, Dante allie de manière étroite l’itinéraire céleste et infernal avec des données de la cosmographie générale, science à l’époque spécifiquement arabe. Enfin, le fabuliste occidental le plus accompli, Jean de La Fontaine (1621-1695), prévient dans son avertissement qu’il s’est inspiré de l’Indien Bidpay pour les six derniers livres de ses Fables. On y trouve ainsi, entre autres, Le Chat ou Les Deux Pigeons, puisés dans Kalîla et Dimna, d’Ibn al-Muqaffa‘ (VIIIe siècle), adaptation augmentée de l’original sanscrit, et chef-d’œuvre de la littérature arabe et universelle. Elle donnera elle-même lieu à d’autres traductions-adaptations en turc et en persan, dont celle d’al-Kâshifî, Anwâr Souhaylî, à la fin du XVe siècle. La Fontaine la découvrira dans sa version française, parue en 1644, avec un titre où l’apport arabo-islamique aura été gommé : Les fables de Pilpay, philosophe indien, ou la Conduite des roys.

www.zamanfrace.com/islams du monde
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AXEL BAROUX QUITTE ISTANBUL
Malgré les soubresauts politiques de ces dernières semaines, c’est dans une ambiance particulièrement chaleureuse que le Directeur Ubifrance Turquie, Axel Baroux, a fait ses adieux mercredi soir à la communauté d’affaires franco-turque, reçue par le Consul Général, Hervé Magro et son épouse au Palais de France.

A un mois près, Axel Baroux fêtait les trois ans d’Ubifrance en Turquie, version remaniée en 2008 de la Mission Economique. Après avoir remercié les différents acteurs institutionnels et économiques avec qui Ubifrance a travaillé, Axel Baroux s’est félicité de "son bilan, votre bilan", a-t-il précisé en rendant un hommage appuyé à son équipe : 1.000 accompagnements d’entreprises, 40 opérations commerciales, 100 VIE… Autant de chiffres pour attester d’une relation commerciale forte entre les deux pays, malgré tout fragilisée par une érosion de la part de marché de la France en Turquie.

"Du Brésil à Istanbul, il y a pire…", a entamé Eric Fajole, le successeur d’Axel Baroux, qui après 20 ans d’expatriation à travers le monde, aura donc pour défi de "redynamiser" la position commerciale de la France en Turquie.

Marie-Eve Richet (www.lepetitjournal.com/istanbul) vendredi 27 janvier 2012
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JUMELAGE FRANCE - TURQUIE

La ville de Chalette-sur-Loing (45) vient de signer les accords de jumelage avec la ville de Nilüfer (Bursa) en Turquie !!

Quelle est la prochaine ville Française à se lancer ?????????
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EXPLOSION DES EXPORTATIONS TURQUES
Les exportations de la Turquie ont enregistré une hausse record de 18,2% en 2011, atteignant 134,6 milliards de dollars (103,8 milliards d'euros), a annoncé lundi le ministre turc de l'Economie.

"C'est un record dans l'histoire de la république", a déclaré Zafer Caglayan, selon des propos rapportés par l'agence de presse Anatolie. Les exportations ont augmenté de 4,5% en décembre comparé au même mois de 2010, s'établissant à 12,1 milliards de dollars (9,3 milliards d'euros), a ajouté le ministre.

La Turquie, qui compte 73 millions d'habitants et occupe le 17e rang mondial au niveau économique, affiche l'un des meilleurs taux de croissance au monde, mais le gouvernement prévoit néanmoins un ralentissement cette année en raison des effets de la crise de la dette en zone euro. En 2010, l'économie a connu une croissance de 8,9%

SOURCE: www.lefigaro.fr
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LES OTTOMANS ETAIENT-ILS PLUS MODERNES QUE LES TURCS
Depuis les Tanzimat de 1839 – ère de réformes sous l’Empire ottoman – une question est débattue d’une façon récurrente chez les Turcs|: la modernité. Mais elle s’est très souvent limitée à une vulgaire interprétation. Sous l’Empire ottoman, les sultans Abdulmadjid et Abdulaziz avaient affiché, de manière ostentatoire, leur faible pour la modernité à l’occidentale. Il s’agissait de se mettre au goût du jour en adoptant un mode de vie à l’européenne ou plutôt «|à la franga|» comme on avait coutume de l’appeler. En revanche, les sultans n’avaient pas vocation à imposer quoi que soit à un peuple résolument hostile à toute sorte de déviances culturelles. Ils avaient surtout le souci d’être en «|accord avec le décor.|» Tout au plus ont-ils cherché à démontrer aux yeux de tous que l’Empire était capable de se réformer. S’ensuivit une intense réflexion du milieu intellectuel ottoman qui se posa dès lors la question de savoir ce qu’était réellement la modernité et ce qu’il convenait d’emprunter au modèle occidental. Presque tous comprirent que la modernité était davantage une question de mentalité que d’apparence. L’avènement de la République de Turquie (1923) marque un tournant historique en ce sens où des éléments de la culture européenne furent imposés à coup de décrets. Dans toute cette histoire, la grande majorité du peuple ne fut jamais en mesure d’adhérer à cette prétendue modernité, préférant résister à ces réformes en se rattachant à ses racines jusqu’au jour où apparut la mondialisation – à partir des années 1980-1990. Depuis, le peuple turc semble avoir perdu de son authenticité. Il suffit pour s’en convaincre de regarder des séries turques ou d’assister à des mariages, aussi bien en Turquie qu’en Europe. En effet, contrairement aux Marocains, aux Grecs ou encore aux Kurdes qui ont su préserver leurs identités culturelles face au phénomène de la mondialisation, les Turcs, eux, n’ont fait que délaisser la leur en croyant se projeter dans la modernité. Près de deux siècles de réflexion et de mises en garde n’ont pas suffi à se familiariser avec l’idée selon laquelle l’attachement à leur culture mais aussi à leur religion est parfaitement compatible avec la vraie modernité qui s’articule, quant à elle, autour de notions telles que les droits de l’homme et la démocratie. Les Ottomans de la fin du XIXe siècle l’avaient bien compris. Cela ne reviendrait-il pas à dire qu’ils étaient plus modernes que nous ne le sommes aujourd’hui|?

Article de Salih BABAYIGIT dans ZAMAN FRANCE
www.zamanfrance.fr/
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LOIN DES BRAS de metin ARDITI

Ce livre de Metin ARDITI n'est pas récent puisqu'il a été publié en France en 2009 par Actes Sud.
Metin ARDITI est d'origine turque, né à Ankara et il vit à Genève où il préside l'Orchestre de la Suisse romande et la fondation les Instruments de la Paix.
Le roman se passe dans un pensionnat suisse pour gosses de riches que les parents préfèrent laisser aux bons soins des enseignants du fait d'une carrière ou d'une vie mondaine qui ne laisse pas de place à ces enfants. Dans un moment difficile pour ce pensionnat, Metin ARDIT dresse une galerie de portraits d'enfants et d'enseignants souvent drôles tout en étant très émouvants. Maîtres et élèves y sont, chacun à sa manière, dans la perte. Chacun dissimule une blessure ou un secret : un deuil, le vice du jeu, le déshonneur d'avoir été 'collabo', la lâcheté déguisée en pacifisme, l'opprobre antisémite, des amours 'contre nature', le sentiment d'avoir été abandonné... Dans ce lieu de solitude et de destins brisés, la paroi des silences se fissure peu à peu, laissant à nu des êtres qui doutent autant d'aimer les autres que de s'aimer eux-mêmes;
Ce roman ne laisse pas indifférent et il est écrit dans un style fluide, agréable, qui nous emporte et nous laisse enfin de lecture très nostalgiques.
Une bonne lecture avant le nouveau roman, Le Turquetto,dotn je vous parlerai très prochainement.
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DES MASQUES ANTIQUES SUR LE SITE DE MYRA


Les masques de théâtre trouvés à Myra datent du Ier et IIe siècle avant J-C.

Des archéologues ont découvert lors de fouilles réalisées à Myra, une cité antique située sur la côte sud de la Turquie, un nouveau monument historique ainsi que près de vingt masques qui auraient été portés par des acteurs.

Les fouilles sont organisées par le département d’archéologie de l’université d’Akdeniz et dirigées par le professeur Nevzat Çevik. M. Çevik a annoncé à l’Agence d’information anatolienne que ce monument et ces masques ont été découverts lors de fouilles effectuées sous le théâtre en pierre de la cité. « Ce monument a été construit par une femme de haut rang originaire de Myra pour honorer sa famille. Selon les données collectées, ce monument a été construit entre le Ier et le IIe siècle avant J-C. » M. Çevik a ajouté que d’autres découvertes restent sûrement à faire sous le théâtre. Myra, connue aujourd’hui sous le nom de Demre, figure parmi les sites historiques les plus importants de Turquie. Port prospère à l’époque byzantine, l’empereur Theodosius II en avait fait la capitale de la province de Lycie au Ve siècle.

Source ZAMAN FRANCE

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QUAND AYA SOFIA ETAIT UNE BASILIQUE

Le minaret de la mosquée des Omeyyades dans le vieux quartier de Damas.

Bien que partiellement inachevée, la mosquée de Strasbourg a ouvert ses portes le lundi 1er août, premier jour du mois de ramadan.

Elle sera pourvue d’un minaret, élément architectural qui avait été rayé des plans durant la mandature UMP du tandem Fabienne Keller-Robert Grossmann. L’adjoint au maire chargé des cultes, le socialiste Olivier Bitz, ne voit pour sa part aucune raison de s’y opposer, dans la mesure où ce minaret, purement symbolique, ne diffusera pas d’appel à la prière. C’est du reste le cas de l’ensemble des mosquées à minaret de France, à l’exception de la lointaine mosquée Noor-e-Islam de Saint-Denis de la Réunion, dont les haut-parleurs ne sont toutefois utilisés que le vendredi. En métropole, où la présence de l’islam dans l’espace public est loin d’être unanimement acceptée, la future mosquée de Marseille se contentera d’émettre un faisceau lumineux en guise d’appel à la prière. Son minaret aura 25 mètres de haut, soit environ le double de ce qui semble être devenu la norme dans l’hexagone. Du temps du Prophète, le minaret n’existait pas. On sait par ailleurs que le premier muezzin de l’histoire de l’islam, Bilâl Ibn Rabâh al-Habashî, faisait son appel depuis le toit de la mosquée de Qubâ’ à Médine. Celle fondée en l’an 21 de l’Hégire (643) par ‘Amr Ibn al-‘Âs, compagnon du Prophète, ne comportait ni minaret, ni mihrâb en forme de niche, ni même de chaire (minbar). Cet état de fait est caractéristique de l’islam primitif, encore circonscrit au territoire de la péninsule arabique. Cependant, l’Etat islamique naissant connaîtra une extension fulgurante, intégrant en moins d’un siècle un grand nombre de cités autrefois perses ou byzantines. Ce milieu urbain rend nécessaire la création de tours depuis lesquelles faire parvenir au plus grand nombre l’appel à la prière. A cette fonction première, essentielle, s’en ajouteront d’autres. Les minarets servent en effet à la proclamation des édits du souverain et, illuminés à leur sommet, de repère pour le voyageur nocturne. Cette dernière fonction explique l’étymologie du mot « minaret », qui dérive de l’arabe manâra, « phare », par le biais du turc menar. L’origine de cet élément architectural remonte à l’époque omeyyade (VIIe-VIIIe siècles), dans la Syrie autrefois byzantine : les premiers minarets dérivent de fait des tours des églises syriennes. Raison pour laquelle le minaret primitif s’élève sur une base carrée. Ce type ancien, encore largement usité dans la Syrie actuelle, a été adopté dès le VIIIe siècle à l’autre bout du monde musulman, en Espagne et au Maghreb, où il est devenu la norme. La Giralda de la cathédrale de Séville (ancien minaret de la mosquée de Ishbîlya) est construite sur ce modèle. Sous les Abbassides (VIIIe-XIIIe siècles), naîtront des types nouveaux : circulaire, en spirale ou octogonal. Différents types peuvent être associés, à l’instar de la mosquée Ibn Tûlûn au Caire dont la base est carrée, le second niveau, circulaire et le dernier, octogonal. L’époque fatimide (Xe-XIIe siècles) verra les minarets ornés à leur extrémité d’un bulbe élégant et discret, comme en témoigne la mosquée Al Azhar du Caire. Sous les dynasties turco-afghanes de Delhi (XIIe-XVe siècles), les minarets deviendront particulièrement imposants : cylindriques, crénelés, ceux de la mosquée Quwwat al-Islâm à Delhi (1192) se dressent sur une base très large et vont rétrécissant. Mais c’est à l’architecte ottoman Sinan (1489-1588) que l’on doit sans doute les minarets les plus élégants de l’architecture islamique : cylindriques, long et fins, surmontés de cônes effilés, ils flanquent au nombre de deux, quatre ou six l’immense dôme d’une mosquée sans piliers.
SOURCE ZAMAN FRANCE: 18 August 2011, Thursday / SEYFEDINE BEN MANSOUR, TUNIS
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DECES DE Monsieru Mustafa BAKAN
Voici un bien mauvais retour de vacances: Monsieur Mustafa BAKAN nous a quittés ce jour. Ce Turc qui parlait si bien le français, tellement mieux que la plupart d'entre nous français de souche, qui parlait si bien de liberté et d'égalité, était l'un des fondateurs du Centre Culturel Anatolie de PARIS. Nous avions pris l'habitude de boire une petite bière à la brasserie du coin lorsqu'il venait se pencher sur un problème informatique insoluble pour les malheureuses femmes que nous sommes: 2 ou 3 clics et tout marchait, à croire que le clavier l'attendait pour cesser sa grève...
il me manquera, il nous manquera.
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LE MINARET HERITAGE DE L'ARCHITECTURE OMEYYADE

Le minaret de la mosquée des Omeyyades dans le vieux quartier de Damas.

Bien que partiellement inachevée, la mosquée de Strasbourg a ouvert ses portes le lundi 1er août, premier jour du mois de ramadan.

Elle sera pourvue d’un minaret, élément architectural qui avait été rayé des plans durant la mandature UMP du tandem Fabienne Keller-Robert Grossmann. L’adjoint au maire chargé des cultes, le socialiste Olivier Bitz, ne voit pour sa part aucune raison de s’y opposer, dans la mesure où ce minaret, purement symbolique, ne diffusera pas d’appel à la prière. C’est du reste le cas de l’ensemble des mosquées à minaret de France, à l’exception de la lointaine mosquée Noor-e-Islam de Saint-Denis de la Réunion, dont les haut-parleurs ne sont toutefois utilisés que le vendredi. En métropole, où la présence de l’islam dans l’espace public est loin d’être unanimement acceptée, la future mosquée de Marseille se contentera d’émettre un faisceau lumineux en guise d’appel à la prière. Son minaret aura 25 mètres de haut, soit environ le double de ce qui semble être devenu la norme dans l’hexagone. Du temps du Prophète, le minaret n’existait pas. On sait par ailleurs que le premier muezzin de l’histoire de l’islam, Bilâl Ibn Rabâh al-Habashî, faisait son appel depuis le toit de la mosquée de Qubâ’ à Médine. Celle fondée en l’an 21 de l’Hégire (643) par ‘Amr Ibn al-‘Âs, compagnon du Prophète, ne comportait ni minaret, ni mihrâb en forme de niche, ni même de chaire (minbar). Cet état de fait est caractéristique de l’islam primitif, encore circonscrit au territoire de la péninsule arabique. Cependant, l’Etat islamique naissant connaîtra une extension fulgurante, intégrant en moins d’un siècle un grand nombre de cités autrefois perses ou byzantines. Ce milieu urbain rend nécessaire la création de tours depuis lesquelles faire parvenir au plus grand nombre l’appel à la prière. A cette fonction première, essentielle, s’en ajouteront d’autres. Les minarets servent en effet à la proclamation des édits du souverain et, illuminés à leur sommet, de repère pour le voyageur nocturne. Cette dernière fonction explique l’étymologie du mot « minaret », qui dérive de l’arabe manâra, « phare », par le biais du turc menar. L’origine de cet élément architectural remonte à l’époque omeyyade (VIIe-VIIIe siècles), dans la Syrie autrefois byzantine : les premiers minarets dérivent de fait des tours des églises syriennes. Raison pour laquelle le minaret primitif s’élève sur une base carrée. Ce type ancien, encore largement usité dans la Syrie actuelle, a été adopté dès le VIIIe siècle à l’autre bout du monde musulman, en Espagne et au Maghreb, où il est devenu la norme. La Giralda de la cathédrale de Séville (ancien minaret de la mosquée de Ishbîlya) est construite sur ce modèle. Sous les Abbassides (VIIIe-XIIIe siècles), naîtront des types nouveaux : circulaire, en spirale ou octogonal. Différents types peuvent être associés, à l’instar de la mosquée Ibn Tûlûn au Caire dont la base est carrée, le second niveau, circulaire et le dernier, octogonal. L’époque fatimide (Xe-XIIe siècles) verra les minarets ornés à leur extrémité d’un bulbe élégant et discret, comme en témoigne la mosquée Al Azhar du Caire. Sous les dynasties turco-afghanes de Delhi (XIIe-XVe siècles), les minarets deviendront particulièrement imposants : cylindriques, crénelés, ceux de la mosquée Quwwat al-Islâm à Delhi (1192) se dressent sur une base très large et vont rétrécissant. Mais c’est à l’architecte ottoman Sinan (1489-1588) que l’on doit sans doute les minarets les plus élégants de l’architecture islamique : cylindriques, long et fins, surmontés de cônes effilés, ils flanquent au nombre de deux, quatre ou six l’immense dôme d’une mosquée sans piliers.
SOURCE ZAMAN FRANCE: 18 August 2011, Thursday / SEYFEDINE BEN MANSOUR, TUNIS


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Necati Korkmaz, seul maître-artisan turc des arts oubliés des tekke



Necati Korkmaz dans son atelier de travail.

Pour la sixième édition du Festival des Mains d’Or organisée fin juillet par la mairie de Beyoğlu, Necati Korkmaz, artisan hors du commun, a présenté ses oeuvres pour la première fois à Istanbul.

Né à Ankara en 1963, il suit d’abord des études d’anthropologie avant de s’intéresser de plus près, depuis une trentaine d’années, aux arts traditionnels turcs oubliés. Il se spécialise dans les arts des tekke, effectuant des recherches longues et complexes à travers les archives et les miniatures anciennes. Parmi ses découvertes, il retrouve ainsi la trace des teberler, haches de 70 à 100 cm de long utilisées par les derviches durant leurs voyages pour ouvrir la route en cas de besoin, mais aussi les nefirler, sorte de clairon fabriqué avec du cou de boeuf et également usité en route par les derviches ou le keşkül ü fukara, récipient réalisé soit en métal, soit en écorce de noix de coco et destiné aux aliments. Necati décide de redonner vie en 1990 au mütteka, un bien curieux bâton de méditation utilisé dans le passé par les derviches. Lors de leur période de formation de 1001 jours où ils accomplissaient les tâches les plus humbles et diverses, plus précisément pendant l’épreuve des 40 jours et nuits de retraite méditative durant lesquels ils priaient et chantaient sans relâche, sans quasiment s’alimenter et dormir, les derviches utilisaient notamment le mütteka. Lorsque la fatigue se faisait ressentir, le postulant posait ainsi sa tête, son front ou bien un côté du visage sur ce bâton pour se reposer un court instant. Le mütteka, fort usité au XVIIIe siècle, est tombé en désuétude en Turquie à partir de 1925, lorsque les couvents de derviches ont été obligés de fermer leurs portes. Ce support - dont le nom, d’origine arabe, signifie « appui » - est réalisé à partir de bois de châtaignier, et la pointe d’appui inférieure parfois en os de chèvre. Il peut-être orné de décorations particulières en argent et d’incrustations en gubari hat yazımı, en l’occurrence de la calligraphie sur des supports de taille infime. Si une journée de travail est nécessaire pour réaliser un mütteka basique, il faut compter trois jours lorsque celui-ci est particulièrement élaboré. Selon la taille et l’ornementation, le prix de vente se monte à 150 TL pour un petit modèle de base (soit un peu plus de 60 euros actuellement), 700 TL pour un grand modèle (env. 290 euros) et peut atteindre 2000 TL (env. 830 euros) lorsque celui-ci est richement décoré. Depuis 1985, Necati perpétue également l’art très particulier du gubari hat yazımı, effectué sur des lentilles, des morceaux de haricots blancs ou de céramique, à l’aide d’un microscope et d’un pinceau bien spécial, à savoir une moustache de renard. Selon la complexité de l’écriture ou du dessin réalisé, un à trois jours de travail sont nécessaires pour exécuter un exemplaire. Cet artisan exceptionnel, qui a fait renaître des arts traditionnels oubliés, compte parmi sa clientèle tant des derviches - surtout de Konya - que des collectionneurs qui peuvent commander mütteka, teber, keşkül ü fukara et hatt-ı gubari de leur choix. Les joueurs de ney, flûte traditionnellement usitée dans le milieu soufi, trouveront également auprès de Necati des étuis en feutre très esthétiques pour y ranger leur instrument ainsi que des modèles pour les mütteka.

SOURCE: ZAMAN FRANCE En partenariat avec www.dubretzelausimit.com
11 August 2011, Thursday / NATHALIE RITZMANN, ISTANBUL

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Le marché du livre ancien d’Istanbul menacé de disparition
L’antique marché aux livres de Sahaflar, à Istanbul, qui a fourni des générations de Turcs en ouvrages rares, pourrait disparaître face à la diminution des lecteurs et la modernisation du secteur du livre en Turquie privilégiant livres scolaires et best-sellers.

L’histoire du marché aux livres de Sahaflar (Sahaflar Çarşısı) remonte au 15e siècle. Ce lieu a toujours été la destination préférée de tous ceux qui recherchent des livres anciens et d’occasions. Sahaf est un terme arabe qui signifie « bouquiniste » et sahaflar carşısı, « marché de livres anciens. » Mais ces dernières années, la plupart des librairies de ce marché semblent avoir perdu de leur prestige. En effet, nombreux sont ceux qui se plaignent de la perte d’identité de Sahaflar. La majorité des libraires vendent désormais essentiellement des livres neufs et les meilleures ventes sont composées de manuels scolaires, de best-sellers et de livres des dernières décennies, même si certains libraires restent spécialisés dans leur domaine. Autrefois, les librairies fournissaient les élèves des écoles religieuses (medersas) et étaient par conséquent situées à proximité de ces écoles. A la suite de la construction du bazar couvert en 1460, ces librairies ont été regroupées au même endroit. Les librairies restées au bazar couvert ont déménagé au lieu actuel de Sahaflar après le tremblement de terre de 1894, endroit alors connu sous le nom de « marché des graveurs » (Hakkaklar Çarşısı).

A l’heure actuelle, il y a 23 librairies dans le marché dont 17 installées sur deux étages. La marché aux livres de Sahaflar, ainsi que ses milliers de manuscrits calligraphiés, ont été entièrement détruits lors de l’incendie de 1950. La municipalité métropolitaine d’Istanbul a alors confisqué la partie préservée du marché aux livres de Sahaflar pour restaurer sa structure et conserver sa valeur historique. Les magasins en bois furent remplacés par des magasins en béton armé tels que nous pouvons les voir aujourd’hui. Evliya Çelebi, le célèbre voyageur ottoman du XVIIe siècle, a écrit dans son ouvrage Seyahatname (Récit de voyage) qu’il y avait alors 50 librairies et 300 vendeurs de livres anciens. Adil Sarmusak, président de l’association Sahaflar, a déclaré pour sa part, à l’occasion de la 29e Foire aux livres turcs, qu’il estimait infondée la critique selon laquelle le marché de Sahaflar était devenu un banal lieu de fournitures et de manuels scolaires.

« Un des dix lieux à ne pas manquer »
« Le marché aux livres de Sahaflar procure des livres à la Turquie depuis 452 ans et joue un rôle dans la culture mondiale. The Guardian au Royaume-Uni a affirmé que le marché aux livres de Sahaflar faisait partie des dix lieux à ne pas manquer à Istanbul. Nous devons préserver ce marché historique » a ajouté Sarmusak. La pratique de la lecture ayant évolué ces dernières années, les ventes de livres au marché de Sahaflar ont forcément baissé. Autrefois, les commerçants du marché aux livres de Sahaflar devaient appartenir à la corporation des antiquaires spécialisés dans les livres. Il leur était impossible d’ouvrir un magasin sans avoir obtenu un diplôme et accompli une période d’apprentissage. Mais les temps ont changé…
SOURCE: ZAMAN FRANCE


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Les îles des Princes, archipel méconnu d’Istanbul

On l’ignore souvent mais un archipel composé de neuf îles, les îles des Princes, dont une appartient à l’armée, fait tout juste face à Istanbul. Un lieu de vie plaisant et chargé d’histoire. A l’époque byzantine, les empereurs et impératrices déchus y étaient envoyés finir leurs jours.

A deux pas d’Istanbul, géant urbain de près de 15 millions d’âmes où les rues étouffent sous la pollution et où les gratte-ciels poussent comme des champignons, se trouve de paisibles îles à quelques encablures. Kınalıada, une des îles les plus proches, est facilement accessible en deniz otobüs (bus des mers ou catamaran en turc) depuis la gare maritime de Kabatas. L’archipel compte neuf îles dont cinq sont habitées. Fermez les yeux et imaginez-vous sur un des tronçons les plus désertés d’une de ces îles, peu importe que ce soit à Kınalıada, Burgazada, Heybeliada ou Büyükada. On y voit la mer clapoter doucement contre les falaises, des insectes bourdonner parmi la végétation dense de maquis, il y fait très chaud, et des peuplements de pins majestueux se dressent. La vue jusqu’à l’horizon n’est faite que d’eau bleue azur. L’illusion est telle que l’on peut se croire sur une île préservée de la mer Egée. Que ce soit pour les habitants d’Istanbul ou pour les touristes, les Iles des Princes permettent de s’offrir une pause. Elles permettent d’échapper à l’agitation urbaine et de se débarrasser du stress causé par la vie en ville en nageant dans les eaux chaudes de la mer de Marmara, en louant un vélo, en profitant d’une promenade sur les quais ou en se reposant, tiré par une calèche. D’ailleurs, et au plus grand plaisir du visiteur, aucun véhicule motorisé n’est autorisé sur ces îles, à part pour les secours et les urgences.

Des empereurs aveugles et de riches banquiers
L’histoire de cet archipel est fascinante. À l’époque byzantine, ces îles, paisibles, permettaient d’échapper aux tentations urbaines de Constantinople. Leur isolement faisait d’elles le lieu idéal pour les monastères et les couvents. L’endroit était parfait pour y envoyer les empereurs déchus et autres impératrices et princes. Ces derniers étaient la plupart du temps rendus aveugles afin d’empêcher toute tentative de retour au trône, la tradition byzantine n’admettant que des dirigeants « sains d’esprit et de corps » pour gouverner. Après la conquête ottomane de Constantinople, leur attrait a baissé avant de devenir au XIXe siècle le lieu de villégiature préféré des gens aisés d’Istanbul : banquiers, commerçants et hommes d’affaires, la plupart d’entre eux issus des minorités grecques, arméniennes et juives de la ville. En particulier à Büyükada, la plupart de ces lieux de villégiature sont toujours présents. Sur cette île, de magnifiques villas ornées de bois se dressent parmi de charmants jardins luxuriants situés face à de larges rues arborées.

Kınalıada, « l’île henné »
L’île la plus proche d’Istanbul, parfois nommé « l’île henné » en référence aux falaises rouges qui l’entourent, est aussi la plus petite. L’absence de logements et le peu de choses à y faire et à y visiter peuvent repousser de potentiels visiteurs. Privée d’électricité jusqu’en 1947 et alimentée en eau par des citernes, un réseau de distribution d’eau relié au continent n’y a été construit qu’en 1981. L’île de Sivriada, plus au large, a été le théâtre en 1911 de l’abandon des fameux chiens errants d’Istanbul, qui sont revenus ensuite à la nage sur le continent. L’autre île est Yassıada. Adnan Menderes, le Premier ministre destitué, y a été pendu en 1960 suite au coup d’État militaire.

Heybeliada, propriété de l’armée
L’île de la « selle de cheval », ainsi nommée en raison du vallon sec qui sépare les deux collines jumelles de l’île, est en grande partie propriété de l’armée, ce qui n’enlève rien à son charme. Hüseyin Rahmi, un célèbre écrivain turc, aimait cette île et y a passé la plus grande partie de sa vie. Les habitants sont fiers de cet héritage et une statue a été érigée en son honneur près du port. La maison de l’auteur est aujourd’hui un musée.

Büyükada, reine de l’archipel
Connue sous le nom de Prinkipo pour les Grecs, Büyükada (la grande île) est en effet, mais de peu, l’île la plus grande parmi les îles des Princes. On y trouve les plus belles maisons, construites aux XIXe et début du XXe siècle, bien visibles depuis Çankaya Caddesi. La part des minorités s’est réduite dans les premières années de la République turque et l’île est alors devenue un lieu de villégiature convoité au sein de l’élite de la République, y compris par Mustafa Kemal Atatürk. Une autre personnalité renommée du début du XXe siècle y a longtemps séjourné. De 1929 à 1933, Léon Trotski, célèbre homme politique sous Lénine et exilé de Russie sous le règne de Staline, y a vécu. C’est là qu’il a rédigé une grande partie de son livre Histoire de la Révolution russe ainsi que sa fameuse Lettre de Prinkipo sur la Révolution d’Octobre. Selon l’architecte chargé de la restauration de Con Paşa Köşk (une splendide demeure de style fin de siècle située sur Çankaya Caddesi), Trotski habitait dans une villa en brique sur Hamlacı Sokak. Abandonnée à l’heure actuelle et endommagée au niveau de la toiture, on envisage de la restaurer et d’en faire un musée. Sur chacune de ses îles, on trouve des traces d’édifices religieux datant des premiers temps du christianisme. Aujourd’hui, il reste une dizaine de monastères orthodoxes, une vingtaine d’églises, six mosquées, trois synagogues et d’innombrables ayazma (sources sacrées).
source ZAMAN FRANCE /TERRY RICHARDSON, ISTANBUL


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la lutte turque à l'huile



La lutte turque à l’huile n’a rien du folklore. Héritage des jeux grecs de l’Antiquité consacré par les Ottomans à l’aube de leur dynastie, elle est une pratique sportive toujours jeune et actuelle. En témoigne d’ailleurs l’édition 2011 des rencontres annuelles de lutte de Kağıthane, tenue à Istanbul fin juin.

L’arrondissement de Kağıthane, celui des antiques espaces de détente et de pratique sportive (archers et cavaliers) ottomans est l’un des hauts-lieux de lutte turque à l’huile. Il accueille chaque année, au début de l’été, une compétition qui attire quelques milliers de spectateurs.

C’est durant son règne, peu après 1453, que le sultan Fatih Sultan Mehmet introduisit à Istanbul les tournois de lutte turque à l’huile, yağlı güreş en turc, soit près d’un siècle après la première compétition qui eut lieu à Kırkpınar près d’Edirne (Andrinople), en Thrace, capitale de la lutte à l’huile. Maintenues durant tout l’Empire ottoman, ces rencontres ont été plus épisodiques depuis la création de la République de Turquie. En 1993, la mairie de Kağıthane décida de les relancer en organisant des rencontres annuelles dont l’édition 2011 vient de s’achever.

Les épreuves de Kağıthane sont les dernières avant celles de Kırkpınar qui a lieu chaque année, début juillet. Elles constituent la seconde plus importante organisation en la matière dans le pays.

De nombreux clubs de lutte existent en Turquie, notamment en Thrace mais également en Mer Noire, réunis au sein d’une Fédération Nationale. À partir de dix heures du matin, plus de 200 sportifs venus d’Edirne, de Samsun, d’Amasya, de Kastamonu mais aussi d’Antalya, se sont affrontés sur la pelouse grasse, dans tous les sens du terme.

Le programme de ces rencontres a débuté par une prière, conformément à la coutume. Les lutteurs, uniquement vêtus d’une culotte en cuir de vache, sont enduits d’une épaisse couche d’huile d’olive.

Neuf catégories permettent de classifier les participants âgés de 7 à 40 ans. Les meilleurs portent le titre de pehlivan, nom d’origine perse donné aux lutteurs et qui signifie "héros" et de başpehlivan, titre suprême.

Après avoir enduit leur corps d’huile et lié leur culotte à l’aide de cordes, les rois du jour viennent saluer les visiteurs de maints gestes bien précis, symbolisant la force et le courage. Les lutteurs vont effleurer la pelouse de leur main droite, saluer le public. Certains effectuent des sauts devant leur public. Ils plongent ensuite la main dans une coupe transparente pour tirer au sort le nom de leur adversaire.

Le combat s’engage. Ils se livrent à un corps à corps impressionnant. L’objectif est de renverser l’adversaire en le faisant tomber sur le dos. La qualité des lutteurs est aisément perceptible par un spectateur néophyte. Les jeunes sportifs présentent un physique mince, voire parfois frêle, et font preuve de fair-play, mais plus on grimpe les échelons et plus le physique change. Les muscles deviennent saillants et ce sont des athlètes à la carrure colossale, parfois architecturale, qui envahissent la scène et certains de ces monstres sacrés, pesant une centaine de kilos en moyenne, adoptent des attitudes dignes des grands acteurs. La température monte dans les gradins... et sur la pelouse.

La qualification peut se faire soit au tomber, soit au nombre de points marqués, au maximum 3. La durée du combat dépend de la résistance des adversaires mais il n’y a pas de temps imposé à la lutte.

La lutte à l’huile est un spectacle de toute beauté, au tempo très changeant. Les concurrents se retrouvent parfois de longs moments enlacés, soit debout, à genoux ou carrément allongés. Si l’un trouve un point d’appui pour faire virevolter l’autre, le rythme s’accélère aussitôt et les corps s’envolent littéralement. Les musiciens présents sur place, sont chargés, à travers les morceaux interprétés, d’insuffler un air particulier aux lutteurs, de leur donner de la force à travers la musique.

Tous les participants reçoivent un chapelet comportant une plaquette commémorative de la rencontre. Les vainqueurs des différentes catégories se sont vu remettre une médaille et le grand vainqueur, une coupe.

Ce dernier, en l’occurrence, Şaban Yılmaz de Samsun, a également gagné la somme de 6000 TL (soit environ 2600 €). Le second, Şükrü Kazan, a remporté 5000 TL (soit près de 2170 €) et les 3ème ex-aequo, Recep Kara d’Ordu et Osman Aynur d’Antalya, ont chacun empoché 1000 TL (près de 435 €).

Les organisateurs de Kağıthane ont pour objectif de faire venir à Istanbul, lors des prochaines éditions, des lutteurs de Grèce. Ceux-ci ont la particularité d’ajouter de la poudre sur la couche d’huile dont ils sont enduits.

Il peut aussi être imaginé que le tournoi de lutte de Kağıthane soit inscrit au Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité de l’Unesco, tel que cela a été le cas pour Kırkpınar le 16 novembre 2010

SOurce: ZAMAN FRANCE, article de Nathalie RITZMAN /PHOTOS Jean-Marc ARAKELIAN
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20 July 2011, Wednesday / KÜRŞAT BAYHAN, DIYARBAKIR

La sériciculture ou l’élevage de vers à soie est une activité essentielle de l’économie locale, à Ağaçlı. Encouragé par le gouvernement qui leur a distribué des kits de démarrage, les femmes d’Ağaçlı s’accrochent à cette activité difficile mais financièrement vitale pour leur foyer.

Le village d’Ağaçlı, situé à l’est de la Turquie à proximité de la ville de Kulp dans la province de Diyarbakır, possède une longue tradition de sériciculture (élevage de vers à soie). La plupart des femmes de ce district gagnent leur vie grâce à ces petites créatures. Ce travail, qui les occupe de fin mai à fin juin, leur permet de scolariser leurs enfants. Le village d’Ağaçlı, qui signifie « arboré » en turc, est couvert de mûriers. La sériciculture y est une des sources de revenus les plus importantes pour les villageois et tout le monde y participe. « Les vers ont fini leur cocon et les femmes ont commencé à les collecter » annonce Hüsnü, un lycéen situé à l’entrée du village. Le premier arrêt, à proximité, est une magnanerie (bâtiment d’élevage) où environ 45 femmes, la plupart au foyer, travaillent. Pendant un mois, elles passent des heures à trier les cocons sur les branches des mûriers et à les ranger dans des paniers. Près de 250 familles élèvent des vers à soie au village d’Ağaçlı. Tout près de la magnanerie, se trouve le domicile d’Aslan Gurbet. Son épouse, Hanım, est originaire du village d’Elmalı et est arrivée à Ağaçlı à l’âge de 19 ans.

Un difficile apprentissage
« Mes grands-parents faisaient eux aussi ce travail. Ils avaient appris les ficelles du métier grâce à leurs voisins arméniens » explique-t-elle. « Nous travaillons depuis six ans avec les vers à soie, mais dans des conditions bien plus faciles que nos grands-parents. Grâce aux formations données par Kozabirlik, une association, nous pouvons acquérir les savoirs nécessaires tels que connaître la grosseur que doit atteindre le cocon ou les différentes mues des vers. Nous ne savions pas que nous devions utiliser de la chaux pour désinfecter et cela nous a causé un préjudice » ajoute-t-elle. A leur début, ils n’arrivaient pas à produire suffisamment de cocons, en raison des erreurs de production. Une grande quantité de mûriers est nécessaire pour nourrir les vers à soie. « Je ne possède pas un seul mûrier. Je coupe les branches, afin d’en récupérer les feuilles, sur les arbres dont mes voisins ne se servent pas. Grâce à cette activité je peux scolariser mes enfants » raconte quant à lui Hanım Gurbet. Cette année, personne parmi les villageois n’a réussi à collecter un nombre suffisant de cocons.

Quarante nuits sans sommeil
Le gouvernement leur fournit un « kit de démarrage » qui leur permet d’améliorer leur production. L’an dernier, trois kits ont permis à Gurbet Hanım de produire 107 kg de cocons. Mais en raison de pluies inattendues en cette période de l’année, les mûriers ne se sont pas suffisamment développés. Suphiye Tanrıkulu met de côté une grande partie de ses bénéfices pour ses cinq enfants en âge d’être scolarisés. « C’est un travail pénible. Vous voyez, ça fait 40 jours que je suis privée de sommeil. Il faut prendre soin et surveiller les cocons comme on le ferait avec un bébé. » Le thermomètre doit être sans arrêt surveillé : si la température ambiante monte, la production risque d’être totalement perdue. La plus grande difficulté pour les éleveurs de vers à soie est que les arbres sont éloignés des habitations. Suphiye Tanrıkulu explique que « trois paquets de feuilles sont nécessaires par jour, du coup je suis débordée et je travaille jusqu’à minuit. » Suphiye Tanrıkulu, tout comme Gurbet Aslan, a bénéficié de trois kits. Pourtant, ses récoltes sont très faibles cette année. « L’an dernier nous avions produit 40 kg de cocons à partir d’un seul kit, mais cette année je serai heureuse si j’obtiens 70 kg à partir de trois kits. » En règle générale, un kit d’une valeur de 3,5 THY est distribué gratuitement à tous les membres d’une famille. Pendant 40 jours, le producteur a accès à une formation et obtient une garantie d’achat. Ces dernières années, seulement 18,50 THY étaient versées par kilogramme. Le prix, cette année, est de 23.50 THY. Vingt THY sont fournies par le gouvernement, 3,50 THY sont reversées au producteur par la coopérative. Sur 127 tonnes de cocons produits en Turquie, 44 tonnes le sont à Kulp.
SOURCE ZAMAN FRANCE
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Source ZAMAN FRANCE
23 June 2011, Thursday / ESRA MADEN, ANKARA

Un groupe de femmes kazakhs effectuant des danses traditionnelles turques au festival des 9e Olympiades à Ankara.

Le festival des 9e Olympiades s’est ouvert le week-end dernier à l’Altınpark d’Ankara. Cet événement qui célèbre la langue et la culture turque dans le monde est l’occasion privilégiée pour les Turcs de rencontrer un public varié de footballeurs et d’étudiants étrangers.


Les habitants d’Ankara ont bien répondu présent au festival des 9e Olympiades internationales de la langue turque qui s’est tenu à l’Altınpark de la capitale, le week-end dernier. Pour beaucoup de Turcs, la référence aux cultures étrangères est souvent incarnée par les joueurs de football. Un ancien footballeur du club Beşiktaş, l’Argentin Osvaldo Nartallo, second meilleur buteur avec Oktay Derelioğlu de 1993 à 1994, se trouvait ainsi au festival parmi un groupe de participants argentins. Nartallo a des amis d’une fondation turque basée à Buenos Aires et a décidé de les rejoindre aux Olympiades. « Les Olympiades sont magnifiques. Il y a tellement de cultures [représentées] ici; 130 pays parlent le turc » a-t-il déclaré à Zaman. Nartallo estime que la Turquie ressemble à l’Argentine et qu’Istanbul est très similaire de Buenos Aires. « Les Turcs sont des personnes chaleureuses tout comme les Argentins. » Nartallo, qui entraîne l’équipe de sa ville natale, affirme qu’il continue d’apprendre le turc et qu’il aimerait retourner en Turquie, notamment pour son football.

Des Chiliens fans du groupe turc maNga
Un peu plus loin, le stand italien des Olympiades était tenu par Giulia, Matilde et Marco, des étudiants d’une université de turcologie vénitienne. Ces étudiants trouvent que le turc est une langue difficile bien qu’ils l’apprécient. Giulia, Matilde et Marco estiment même que les nations italienne et turque se ressemblent au sens où elles sont très ouvertes et hospitalières. L’Espagne était, elle aussi, représentée par plusieurs étudiants dont une délégation de Damaso Alonso, une école espagnole publique qui enseigne le turc depuis 5 mois. Maria, Pablo, Raul et Nayib, étudiants espagnols sont confiants et disent progresser dans l’apprentissage de la langue turque adım adım (pas à pas). C’est en voyant une annonce à l’école qui proposait des cours de turc qu’ils ont décidé de se lancer. Les Espagnols voient cette langue comme un moyen de s’ouvrir au monde. Dans un autre stand hispanophone se trouve Matias Contreras et Ivan Miranda, des Chiliens qui étudient eux-aussi le turc. Ils fréquentent une école publique créée seulement trois ans après la fondation de l’Etat chilien en 1810. Matias raconte être un fan du groupe de rock turc maNga. Il affirme également qu’Istanbul lui rappelle la capitale chilienne de Santiago. Dans le stand voisin, une réunion joyeuse a pris place à l’initiative de quelques Indonésiens. Un groupe d’adolescentes, Terosha Reynanda Nadella et Syarifa Rofiany Arief, devenues amies lors d’un cours de turc dans leur pays, font une démonstration publique de leurs instruments traditionnels, un angklung et un gong. Le festival des 9e Olympiades sera clôturé le 30 juin.
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30 June 2011, Thursday / source ZAMAN FRANCE

Déprécié auprès des Turcs, le métier de berger est essentiel pour les éleveurs d’ovins.

Le métier de berger se raréfie en Turquie où les besoins des éleveurs sont pourtant de plus en plus criants.

A Malatya, les éleveurs de moutons et de chèvres ont du mal à trouver des bergers, même pour un salaire de 2.000 livres turques (soit 860 euros), le salaire minimum étant de 570 livres (245 euros). Dans la région, le nombre de petites bêtes s’élève à 238.000, dont 200.000 moutons. Même si les grandes fermes deviennent de plus en plus populaires pour l’élevage, les pâturages restent une option très séduisante pour obtenir une baisse des coûts de production. De début avril à septembre et octobre, les propriétaires de ces bêtes ont la plupart du temps des accords avec des bergers pour que les chèvres et les moutons se nourrissent dans leurs pâturages. Les éleveurs ont des bergers soit saisonniers, soit pour l’année. Le métier étant très dur, le nombre des bergers tend à diminuer ces dernières années, ce qui laisse les éleveurs dans l’impasse. Malgré un taux de chômage dépassant les 10 %, trouver des bergers même pour un salaire de 2.000 livres turques devient une réelle difficulté. Communément méprisé et traité de « gardien de bétails », le métier de berger requiert, comme tout autre métier, certaines compétences, d’après İhsan Akın, président de l’Association des éleveurs de moutons et de chèvres de Malatya. Indiquant que plus de 50 éleveurs leur ont déjà fait des demandes, İhsan Akın affirme : « Dans la plupart des entretiens que nous avons eu avec les éleveurs, on constate qu’ils se plaignent tous du manque de bergers. Ce n’est pas un métier que tout le monde peut faire, au contraire, c’est une profession qui demande certaines qualités. A notre époque, cette profession est devenue rentable, mais les gens préfèrent jouer dans les cafés plutôt que de travailler pour un salaire de 2.000 livres. »

Un métier enraciné dans la culture turque

Attirant l’attention sur la dureté du métier, il explique : « Nous ne sommes pas les seuls en Turquie à subir ce manque, mais Malatya reste quand même la ville la plus touchée. C’est dur de trouver des bergers qualifiés. C’est pour ça qu’on a fondé un centre de formation où nous délivrons un certificat à la clé. » En plus d’être nécessaire, le métier de berger a aussi une place très importante dans la culture turque : d’après les croyances populaires inspirées de hadiths, « il n’y a pas un prophète qui n’ait pas été berger. » Le mot en lui-même qui signifie aussi protecteur, guide ou même leader, montre les similitudes entre le métier de berger et le rôle prophétique. De plus, dans la culture populaire, il existe une promesse très spécial, « le serment du berger. » Cet engagement très ancien est considéré comme un serment inviolable. Ceux, responsables de trahisons ou de mensonges envers les propriétaires de troupeaux, sont exclus et on déclare solennellement que « leur statut de berger a pris fin. » Dans les contrées de cultures turques, la référence aux bergers dans les légendes locales est très présente.
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Je suis heureuse de vous indiquer les horaires de diffusion de l'émission "Et si on partait" consacrée à la Turquie, sur Public Sénat :
- jeudi 30 juin à 18h et 22h30
- vendredi 1er juillet à 14h
- samedi 2 juillet à 15h15
- dimanche 3 juillet à 10h45
- lundi 4 juillet 14h et 16h30

Vous pouvez également voir l'émission quand vous le souhaitez en VOD :
http://www.publicsenat.fr/emissions/et_si_on_partait_pour.../
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Temel Kotil (à droite), directeur général de la Turkish airlines, à l’occasion de l’inauguration d’une ligne entre Istanbul et Séoul.

La compagnie aérienne Turkish Airlines vient de se voir décernée le titre de meilleure compagnie européenne. Les passagers ont mis en avant la qualité du service, l’entretien des appareils et la diversité des destinations. Près de 19 millions de passagers ont déjà utilisé Turkish Airlines.

Renforçant son statut grâce à ses accords internationaux, la compagnie aérienne Turkish Airlines (THY) a été choisie comme la meilleure compagnie aérienne d’Europe par une enquête de consommation menée par l’entreprise Skytrax, surnommée l’ « Oscar » de l’aviation dans le milieu. Organisant chaque année de nouveaux itinéraires dans le monde, la compagnie a su mériter ce prix d’excellence de niveau international. Renforcée par sa fréquentation atteignant le nombre de 18,8 millions de passagers, les voyageurs qui ont participé à cette enquête ont mis en avant trois éléments ayant mené Turkish Airlines à la réussite : ses avions neufs, la qualité du service en cabine et la diversité des itinéraires proposés. Le directeur général de Turkish Airlines Temel Kotil a déclaré que cette récompense était un honneur, et précise : « Nous avons montré que nous pouvions dépasser l’Europe. En fait, nous sommes la première entreprise turque à surpasser les compagnies européennes. Notre but est d’être la plus grande compagnie aérienne d’Europe. »

Un succès partagé avec Istanbul

L’entreprise a été couronnée du prix « Meilleur siège économique premium » dans la catégorie siège Comfort Class et de « Meilleure compagnie aérienne d’Europe. » Expliquant les raisons de l’obtention de ces prix, Kotil précise : « Le service, l’accueil chaleureux du personnel, les avions neufs, les sièges confortables et la facilité des transferts durant les escales nous ont permis d’atteindre ce but. Le fait qu’Istanbul soit une ville magnifique et attrayante a aussi une influence non négligeable car nous faisons visiter la ville à nos passagers en correspondance. Ce qui est sûr, c’est que les voyageurs nous aiment. » Avançant pas à pas dans le but de devenir une grande compagnie, Kotil explique que les points de vols de Turkish Airlines sont de plus en plus nombreux : « Nous avons atteint les 190 points de vols. Les plus grands d’Europe atteignent les 230, il ne nous en reste plus que 40. Les entreprises européennes ont terminé leur croissance dans les années 70 et 80. Nous, nous continuons de grandir. Nous voulons d’abord voler vers le plus grand nombre de destinations, puis faire voyager le plus grand nombre de passagers. Cela nous prendra bien cinq à six ans » conclut Temel Kotil.

SOURCE: ZAMAN FRANCE du 30/06/2011

Les Mamelouks : des soldats-esclaves devenus sultans
16 June 2011, Thursday / SEYFEDDINE BEN MANSOUR, TUNIS

article paru dans ZAMAN FRANCE

Dans le cadre du séminaire Peuples et pouvoirs dans l’islam médiéval, Julien Loiseau (Université Montpellier III) a présenté jeudi 19 mai dernier, au Centre d’études africaines, à Paris, une conférence intitulée « De quel peuple les Mamelouks sont-ils le nom ? »

Moins un peuple qu’une milice puis une caste, les Mamelouks constituent une des formes les plus originales de l’esclavage militaire. Pendant un millénaire, du IXe au XIXe siècle, ce système propre à l’islam réservera les plus hautes fonctions militaires à des hommes qui ont d’abord été esclaves. Les Mamelouks égyptiens se hisseront même au pouvoir, devenant sultans dès 1250, et s’y maintenant jusqu’en 1516, date à laquelle ils en seront chassés par les Ottomans. L’ordre mamelouk disparaîtra en 1811, à la suite du massacre de ses chefs ordonné par le khédive (du turc, hidiv) Méhémet Ali, dans le but d’asseoir définitivement son pouvoir sur l’Egypte. En arabe, mamlûk signifie littéralement « ce qui est possédé », et, de là, « esclave. » Le mot se spécialisera pour épouser la réalité sociologique, désignant ainsi les « esclaves militaires de race blanche », presque toujours Turcs, affranchis et de rang supérieur. Les Mamelouks constitueront une force militaire majeure dans les pays d’islam. Pour pouvoir en devenir membre, il fallait remplir des conditions bien définies : avoir la peau claire, avoir habité la région s’étendant au nord et au nord-est du territoire islamique — Atrâk (Turcs), Tatâr (Tatars), Qifjâq (Comans), Lâz (Lazes), Rûs (Russes), Arman (Arméniens), Rûm (Byzantins), Jarâkis (Circassiens), etc. — être né infidèle, avoir été amené enfant ou adolescent et acheté, élevé, et affranchi par un patron membre de l’aristocratie militaire (de préférence Mamelouk lui aussi, et encore mieux, par le sultan lui-même). Les chances qu’avaient un Mamelouk acheté et affranchi par un civil de faire partie de l’aristocratie étaient en effet très minces. Cette caste ainsi formée, distincte et exclusive, était aisément reconnaissable : outre leur aspect physique, et une tenue des plus respectables, les Mamelouks portaient tous des noms turcs, quelle que soit leur origine. Ce fut notamment le cas des Circassiens (al-Jalâkisa) quand ils arrivèrent à constituer l’élément majeur de l’aristocratie militaire égyptienne (1382-1516) : Az-Zâhir Sayf ad-Dîn Barqûq (en turc, Berkuk ; 1382-1389 et 1390-1399), al-Ashraf Sayf ad-Dîn Barsbay (1422-1438), Al-Ashraf Qânsûh (en turc, Kansu) Al-Ghûrî (1446-1516), par exemple. Durant le premier sultanat mamelouk (1250-1382), les esclaves soldats provenaient essentiellement de la steppe des Qifjâq (Kiptchak). Dans une célèbre description de la région, l’auteur arabe Fadl Allâh al-‘Umarî met en évidence les conditions sévères dans lesquelles vivent ses habitants, leur caractère primitif, leur paganisme (chamanisme turc), ainsi que leurs aptitudes militaires, leur fidélité et leur loyauté. Intégrés dans des académies militaires avant la lettre, les jeunes esclaves devenus novices (kuttâbiyya) bénéficiaient à la fois d’une éducation religieuse et d’un entraînement militaire aussi poussé que diversifié. Centrée autour de l’équitation, la furûsiyya, ou « art de la guerre », comprend en effet, outre le maniement des armes, des disciplines telles que la natation, la lutte, la fauconnerie ou encore les échecs. L’Histoire retiendra notamment que les Mamelouks d’Egypte et de Syrie ont sauvé d’une façon décisive l’islam des menaces franques et mongoles, depuis les batailles d’al-Mansûra (1249) et de ‘Ayn Jâlût (1260) aux combats plus tardifs contre la dynastie mongole des Houlagides (al-Ilkhânât) en Perse et en Irak.
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Conférence de Madame Nicole POLGE sur l'art de l'ebru ou papier marbré ottoman:
Hier, 9 juin 2011 en soirée, au Centre Culturel Anatolie de Paris, Nicole POLGE nous a littéralement laissés pantois par sa maîtrise de l'art de l'ebru et surtout par sa connaissance de l'histoire de cet art et de la technique.
Moi qui pensais qu'il s'agissait simplement de couleurs spéciales crachotées sur l'eau dans un moule à börek avec des pinceaux ronds et disposées ensuite avec des grands clous ou des tiges de métal j'ai été bien surprise d'apprendre que la préparation de ce que je croyais être de l'eau était en fait une longue et complexe action au cours de laquelle il fallait faire tremper des ingrédients, que l'on filtrait ensuite, et qui ratait complètement si l'on ne savait pas bien doser son produit.(plusieurs jours de préparation et des ingrédients qu'il faut quasiment aller chercher en Turquie!!)

Le papier: spécial lui aussi pour pouvoir boire la peinture à la surface de l'eau, acheté, coupé aux dimensions et ramené lui aussi de Turquie.

Et les couleurs !: des minéraux broyés durant des heures à la main sur une plaque de marbre...

Et puis le tour de main: trop de fiel de boeuf ou pas asez (achetés dans un abattoir au prix d'une recherche fastidieuse puisqu'il y a de moins en moins d'abattoir, ce qui suppose de faire 200 kms aller retour pour en trouver) et la couleur court partout ou elle tombe au fond du bac et tout est à refaire.

Enfin, le dessin lui-même, les codes, les symboles, les motifs, le coup de patte de l'artiste, l'inspiration pour les couleurs, les techniques de travail en une ou deux passes, etc....
1h30 de ravissement que nous n'avons pas vue passer suivie d'un petit cocktail sympathique avec des spectateurs très curieux de questionner Nicole.
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LES TURCS "ALMANCIS" FILMES DE L'INTERIEUR
CAROLINE CABOCHE, PARIS
source zaman france

Dans le film d’Emmanuel Piton, les femmes de la communauté almanci dévoilent leurs préoccupations personnelles.

Le premier documentaire du réalisateur Emmanuel Piton sur la communauté des Turcs almancis d’Auray est l’occasion d’une véritable plongée dans le quotidien de ces habitants tiraillés entre leur double culture turque et française.


C’est dans le Morbihan, à Auray, qu’il fallait être présent mercredi dernier si vous vouliez découvrir le premier film du réalisateur rennais Emmanuel Piton Almanci : entre deux rives, produit par Les Films de l’Autre Côté. Ce jeune cinéaste, plutôt habitué aux courts métrages, a réalisé un documentaire sur la communauté turque vivant à Gumenen, le quartier turc de la ville d’Auray. Son idée première était de filmer la transformation du quartier et l’attachement des habitants à leur lieu de vie. Mais Emmanuel Piton s’est vite laissé entraîner dans la vie de la communauté turque par Selçük, 11ans. C’est alors qu’il participait à un atelier sur le making of du tournage du film d’animation Pas de Go sans les Gu dans une école, qu’il rencontra ce garçon, devenu rapidement le guide du film. Toujours axé sur l’attachement des gens à ce quartier en plein renouvellement urbain, le prisme du documentaire s’est révélé quand Selçuk a commencé à dévoiler sa culture et les histoires de son grand-père.

Une immersion insolite

Emmanuel Piton a vite réalisé que cette population vivait « entre deux fossés, entre deux rives », après avoir observé le déracinement et la double culture de la communauté. « La culture turque est très forte et les Turcs d’Auray ont une identité particulière du fait qu’ils ne vivent plus en Turquie » dit-il. Le documentaire filme ainsi les habitants de ce quartier dans leur quotidien, chose qui n’a pas été évidente à présenter lors de son arrivée à Gumenen. « Il a fallu leur expliquer dès le départ qu’il ne s’agissait pas d’un reportage mais d’un film qui devait être réalisé ensemble, dans le partage. » Selçuk, qui accompagnait le réalisateur, lui a demandé s’il pouvait filmer avec sa Super 8, caméra légère et simple à manipuler. Emmanuel Piton, qui se prête au jeu, constate alors que le « regard, l’échange et le questionnement par rapport à l’image du quotidien de ces personnes » étaient bien plus visibles de cette manière. Très vite, le jeune réalisateur laisse six de ses caméras à quelques personnes de cette communauté, parfois en les regardant de loin, souvent en revenant une semaine plus tard pour découvrir les pellicules.

Turcs ici et Français là-bas !

« Il y a eu cette jeune fille qui m’a laissé des vidéos de moments très personnels entre femmes turques, chose que je n’aurais pu avoir en étant présent sur le tournage. » C’est ainsi qu’il a pu découvrir la réelle volonté d’intégration de ces personnes, coincées entre deux cultures, deux langues et deux façons de vivre ; considérés comme des étrangers ici, et comme des Français en Turquie. Mais les habitants de Gumenen sont heureux. Lors de l’avant-première, le documentaire a été plutôt bien accueilli par la critique, y compris celle des participants. Cette aventure inoubliable a donné à Emmanuel Piton une vision différente de ce quartier haut en couleurs où vivent ceux « qu’on entend que très peu. » Son film sera projeté à Rennes en septembre. Emmanuel Piton espère déjà être sélectionné pour les prochains festivals de films documentaires.
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L’alévisme déverrouille la laïcité turque

Article paru dans ZAMAN FRANCE

La visite historique de Mehmet Görmez, président de la Direction des affaires religieuses (Diyanet), dans un lieu de culte alévi témoigne de la démocratisation et de la pluralisation de la laïcité en Turquie.

La présence de M. Görmez dans un cemevi est une conséquence de « l’ouverture alévie » lancée par le gouvernement en 2008. L’AKP avait fait un pas pour améliorer les conditions des alévis alors que le sujet était encore tabou dans le pays. Aujourd’hui, on remarque que le sujet est évoqué et débattu sans problèmes et les relations entre les alévis et les sunnites sont en cours de normalisation. Cette visite montre également la transformation du Diyanet, une institution contestée pour sa façon de gérer la vie religieuse en Turquie. Comme Jean Pierre Luizard le remarquait dans son livre Laïcités autoritaires en terres d’islam, la laïcité turque n’est pas une laïcité de séparation. Très loin du non-interventionnisme étatique du système français, la version turque passe par un encadrement autoritaire de la religion dominante exercé par l’État. La Direction des affaires religieuses, une institution directement rattachée au Premier ministre et qui contrôle étroitement le sunnisme hanéfite est dans le cœur du modèle turc. Elle est la cible principale de la contestation alévie depuis des décennies. Le Diyanet gère tous les aspects du religieux, de la construction des mosquées jusqu’à la formation des imams ou le pèlerinage. Les alevis ne jouissent pas, quant à eux, de subventions pour la construction de leurs lieux de culte ou la formation des dedes, équivalent des imams. Les cemevis ne bénéficient d’aucun des avantages des mosquées, comme la gratuité de l’eau et de l’électricité. Dans ce contexte, cette visite a quelque chose d’historique dans la mesure où elle représente la reconnaissance de l’alévisme par l’état. Elle marque aussi la fin de l’interprétation autoritaire de la laïcité en Turquie. Le régime kémaliste a insisté sur une laïcité de combat qui n’est plus effective. Aujourd’hui, nous observons une laïcité plus démocratique, inclusive et beaucoup plus proche de la laïcité de 1905.
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LE PROJET "FOU"D'ISTANBUL
Bonjour à tous, un article dédié au “projet fou” d’Istanbul, avec pour but informer des projets de nos pays émergents assoiffés par la modernité et l’urbanisation totale de leurs territoires. Ce projet, présenté le mois dernier, prévoit la réalisation d’un nouveau canal à Istanbul et la création de deux nouvelles villes ex nihilo. Voyons en quoi ces projets risquent de répéter les erreurs environnementales et sociales des pays occidentaux, et s’ils sont vraiment durables…

Le projet fou d’Istanbul, un projet national

Présenté à la fin du mois d’avril 2011 par le 1er Ministre turc Recep Tayyip Erdogan, le projet d’envergure nationale a bénéficié d’une large couverture médiatique, en représentant un enjeu dans les élections de juin 2011. Le “projet fou”, surnommé ainsi par le 1er Ministre lui-même, consiste en la création d’un canal à Istanbul, où existe déjà le détroit du Bosphore faisant la réputation historique et géographique de la ville, séparant à la fois concrètement et symboliquement l’Europe et l’Asie.

Ce projet de création de canal prévoit l’aménagement de l’environnement du canal en une nouvelle ville. Cette ville serait en somme construite afin de désengorger la ville historique d’Istanbul, et éventuellement l’éloigner de la zone sismique à risque. Le projet qui serait réalisé en une dizaine d’année, et ayant d’ores et déjà des investisseurs privés selon M. Erdogan, renforcerait donc la création d’une mégalopole à Istanbul du coté Européen, avec une population qui pourrait atteindre les 40 millions de personnes. Aujourd’hui la ville compte officiellement 15 Millions d’habitants. Le fort exode rural ayant eu lieu depuis les années 60, ne serait donc que favorisé par ce projet.

Il faudra bien sur construire entièrement toutes les infrastructures, puisque les zones à peupler sont aujourd’hui rurales et semi-rurales. Le projet représente donc un enjeu de taille à la fois pour l’économie du pays, l’environnement de la ville, et au niveau sociétal, puisque l’on peut imaginer que le projet créera de l’emploi, mais sera destiné principalement à la nouvelle bourgeoisie du pays émergent. Un enjeu “fou” pour le développement durable!

Vous pourrez voir sur la vidéo qui suit la simulation du projet comprenant le canal et les modélisations des villes construites autour:


Canal Istanbul, la clé de voûte du projet qui risque d’écrouler le système naturel des eaux
Avec ce projet un canal serait donc creusé à plusieurs kilomètre de la ville actuelle d’Istanbul, reliant comme un second Bosphore la Mer Marmara à la Mer Noire. Ceci permettra de gérer différemment le flux de tankers traversant le Bosphore, mais créera également de nouveaux problèmes environnementaux et sociétaux:

Création de ponts, ajoutant des goulots dans les flux de marchandise et de personne. Les deux ponts actuels sur le Bosphore sont déjà trop fréquentés et posent de réels problèmes à la population
Création d’un nouveau flux hydraulique: le canal créera inévitablement un nouveau flux d’eau entre la Mer Noire et la Mer Marmara. Ce que relèvent des scientifiques turcs étudiant déjà la question, c’est l’appauvrissement du débit d’eau dans le Bosphore qui risque d’engendrer d’importants problèmes techniques dans l’assainissement des eaux usées. Je pense également que la faune et la flore sous-marine ne pourra qu’être impactée par ce canal. En effet, les courants saisonniers permettent à certaines espèces de poissons par exemple de passer d’une mer à l’autre, et profiter des températures plus chaudes ou plus froides. Les eaux peu traitées par les stations d’épuration, rejetées en mer, peuvent aujourd’hui compter également sur ce courant pour diluer les concentrations bactériologiques. Cela risque de se finir avec le canal…et nécessitera donc de nouvelles stations d’épuration plus performantes, et plus chères, ou créera des problèmes sanitaires!
Création d’une nouvelle ville sur des terres agricoles: cela risque donc de concentrer les besoins en énergie, en eau, en gestion de déchets, sans pouvoir dès aujourd’hui gérer cette concentration d’individus…
Le système naturel risque donc d’être fortement par ce projet fou, notamment au niveau des eaux. Triste sort pour la ville d’Istanbul qui a accueilli en 2009 le Forum Mondial de l’eau, permettant le partage des savoirs et des expériences dans le domaine de l’eau et l’hydraulique…

Le modèle urbain comme référence du développement
A noter que le projet est présenté au moment où plus de la moité de la population mondiale est devenue urbaine (information livrée au mois de mai), ce qui semble donner le mode urbain comme un modèle de développement. Un développement durable? La question est à poser. Posons-la!

Le modèle urbain, malgré sa généralisation, ne semble pas apporter une solution complète à nos problèmes sociétaux, et a même tendance à les accentuer. Le développement urbain ne semble pas pleinement profiter de l’occasion donnée par l’avènement des technologies numériques, reliant à distance le monde entier.

L’environnement comme un facteur de second plan
Depuis le début, le projet est présenté comme la solution à tous les maux du pays, mais ne traite aucunement du respect de l’environnement et des populations, tant dans la réalisation du projet, que dans l’apport réalisé pour les générations futures. L’environnement est donc vraiment un facteur de second plan dans ce projet porté par l’Etat lui-même, donnant la direction générale prise par le pays.

Ceci pose réellement la question de la prise en compte du développement durable dans les pays émergents du 21e siècle. N’ont-ils pas suffisamment conscience du problème environnemental ? Les pays occidentaux ne sont-ils que des modèles idéaux à copier, sans améliorer les projets et éviter les erreurs du passé? Les pays émergents doivent-ils être accompagnés dans leur démarche environnementale?

Dans le cas d’Istanbul, le projet semble également ignorer tous les problèmes de concentration que cela ajoutera en termes d’énergie, d’apport en eau, de gestion de déchets, etc.

Ce qui est sur, c’est que ces pays, où les investissements affluent en grande quantité de nos jours, ont réellement envie de voir les projets en grand. C’est le cas en Chine, en Turquie, en Inde, au Brésil, et les autres pays qui émergent.

Des pays emergents assoiffés par les grands projets
Ces pays émergents semblent aujourd’hui réellement guidés par l’envie de réaliser de grands projets, peut-etre par envie d’égaler les pays développés, voire même de les dépasser rapidement. Dans le cas de la Turquie, cela serait un bon moyen de montrer que le vieux continent européen a raté le train du développement du nouveau millénaire en refusant son voisin à la porte de l’Union Européenne.

Les grands projets sont-ils réellement une solution durable au développement de nos pays et des émergents? Malgré les innovations apportées, nous devons penser le réel apport en matière d’environnement et en aspect sociétal. Apporter aux populations

Les projets fous doivent exister grâce à l’innovation durable
Nous avons vu le projet fou du gouvernement turc pour son pays, ou plutôt pour sa capitale économique, métropole mondialement reconnue. Fortement critiquée à la fois par le camp politique, dénonçant une fuite en avant avec un projet de facilité (en réglant un problème d’infrastructure plutot que le problème sociétal), mais aussi par les environnementalistes, qui défendent le respect de l’environnement et de la région riche en histoire. C’est donc un projet fou à la fois politique et urbain. Mais il y a également d’autres projets fous en France. Le Grand Paris en est-il un?

En tout cas, nous avons un projet fou sur Econov’. Le projet fou d’Econov’, c’est l’information pour l’innovation durable, avec de nouveaux contributeurs écrivant sur la plateforme afin d’apporter une richesse de contenu et des analyses toujours plus pointues sur le développement durable et les thèmes qui s’y rapportent. Rejoignez-nous, faites passer le mot, et suivez-nous, notamment avec la newsletter!

Plus d’informations sur le projet (en français):

http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/05/11/erdogan-compte-batir-deux-nouvelles-villes-autour-d-istanbul-menacee-de-seisme_1520161_3214.html#xtor=RSS-3208

http://istanbul.blog.lemonde.fr/2011/04/29/un-second-bosphore-pour-istanbul/