jeudi 6 juin 2013

MANIFESTATIONS – Sept étrangers arrêtés en Turquie, dont deux Françaises

Sept étrangers ont été arrêtés dans les troubles consécutifs aux manifestations antigouvernementales des derniers jours, dont six à Istanbul, ont confirmé les autorités. Aucun d’eux ne portait un passeport diplomatique, contrairement à ce qu’affirmaient plusieurs médias jeudi. Parmi les sept étrangers, deux sont de nationalité française.
Lorraine Klein, étudiante de 21 ans en Master 1 communication à l’université de Galatasaray, et une autre Française, volontaire pour la Fondation turque pour l’éducation (TEV), ont été arrêtées cette semaine et placées en centre de rétention dans l’attente d’une décision.
Photo LPJ
Le ministre de l’Intérieur, Muammer Güler, a précisé jeudi que “deux Français, un Grec, un Allemand, un Américain et deux Iraniens” avaient été placés en garde à vue. "Six (étrangers) ont été traduits devant le procureur et un est en état d'arrestation", annonçait un peu plus tôt le Premier ministre Recep Tayyip Erdoğan.
Jeudi midi, lepetitjournal.com d’Istanbul a pu joindre par téléphone Lorraine Klein, détenue au centre des étrangers de Kumkapı. Voici son récit des événements :
“Je souhaitais écrire quelque chose sur les manifestations et je réalisais donc des photos et des interviews depuis quelques jours. Je n’étais pas là pour manifester. Mardi vers 1h30 du matin, j’étais en haut du stade de Beşiktaş, à Gümüşsuyu. Les manifestants avaient construit neuf barricades et j’avais commencé à photographier les barricades. Deux minutes après mon arrivée, la police a lancé des grenades lacrymogènes et sans que j’aie le temps de comprendre ce qui se passait, j’ai été arrêtée au niveau de l’Istanbul Teknik Üniversitesi. Tout s’est passé très vite. J’ai crié en anglais au policier. J’ai reçu quelques coups sur le chemin. On m’a d’abord emmenée dans un hôpital pour faire un contrôle. Il y avait trois hommes médecins qui ne parlaient que turc. Je n’ai pas pu montrer mes blessures. J’ai dit que j’avais mal à la tête. J’ai aussi été frappée aux jambes et j’ai reçu des coups de pied aux fesses.
Puis j’ai été emmenée à la direction de la police à Vatan. J’ai donné mes affaires et quelques renseignements, puis je suis retournée à l’hôpital pour un nouveau contrôle. J’ai ensuite à nouveau été emmenée à Vatan, où on a pris mes empreintes et on m’a placée en détention. J’ai passé la nuit de mardi à mercredi à Vatan.
Mercredi matin vers 11h, j’ai été emmenée au tribunal. J’ai été présentée à un procureur qui a recueilli mon témoignage vers 17h, en présence de deux avocats, l’un francophone et l’autre anglophone. Puis j’ai attendu avec une centaine de personnes, tous Turcs, jusqu’à 21h environ. Ensuite, toutes les personnes qui étaient avec moi ont été relâchées mais j’ai été emmenée d’abord au centre de Vatan puis au centre de rétention de Kumkapı, où j’ai passé la nuit de mercredi à jeudi. J’y suis toujours en ce moment. Je suis bien traitée, j’ai pu parler à ma famille. Je ne sais pas encore quelle décision a été prise à mon sujet.”
Lorraine Klein reste détenue au centre de Kumkapı, le temps que la direction générale de la sécurité à Ankara analyse son dossier et décide de son sort. “Normalement, un ordre de remise en liberté devrait intervenir dans les prochaines heures”, explique son avocate Ayşegül Tansen, qui juge “peu probable” son expulsion du territoire. Jean-Jacques Paul, recteur adjoint de l'université de Galatasaray, où étudie la jeune femme, la décrit comme "une étudiante sérieuse, dont on souhaite la prolongation du séjour en Turquie."
L’autre Française en garde à vue, une volontaire pour la Fondation turque pour l’éducation (TEV), a été arrêtée dans la nuit de mardi à mercredi, a indiqué le Consulat général de France à Istanbul. “Elle était présente en Turquie dans le cadre d’un projet de l’Union européenne et j’ai déjà fourni au dossier un document le prouvant”, précise l’avocate Ayşegül Tansen, qui attend son arrivée d'un moment à l'autre au centre de Kumkapı. Ayşegül Tansen espère là encore une remise en liberté rapide ou “après le week-end” pour la Française.
Anne Andlauer (http://www.lepetitjournal.com/istanbul) jeudi 6 juin 2013

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