Une semaine après un nouveau report des négociations entre Ankara et Bruxelles -- et alors que la Croatie vient de rejoindre l'Union européenne -- le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schaeuble, s'est fermement opposé à l'intégration de la Turquie. Dans le même temps, plusieurs parlementaires européens ont remis en cause les aides versées par la Commission européenne à l'Etat turc.
Les relations turco-européennes n'en finissent plus de déchaîner les passions. Avant-hier à Dusseldorf, le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schaeuble, a vivement manifesté son opposition à l'intégration de la Turquie à l'Union européenne. "Nous ne devons pas accepter la Turquie comme membre à part entière. […] La Turquie ne fait pas partie de l'Europe", a-t-il martelé devant des partisans du CDU (l'Union chrétienne-démocrate), réunis lors d'un meeting organisé en vue de préparer les élections législatives allemandes, qui se disputeront au mois de septembre prochain.
Des propos qui interviennent une semaine après que l'Allemagne a pressé les autres gouvernements européens de repousser l'ouverture des négociation sur le chapitre de la politique étrangère turque.
Le ministres des Affaires étrangères d'Angela Merkel, Guido Westerwelle, avait alors invoqué une économie turque"structurellement incompatible" avec l'Union européenne pour justifier sa position. La déclaration de Wolfgang Schaeuble est beaucoup plus définitive, et se situe dans la droite ligne du CDU, qui a fait de la non-adhésion de la Turquie l'une de ses promesses de campagne.
Des euro-députés s'opposent à l'aide financière versée à Ankara
Les hommes politiques allemands ne sont pas les seuls à faire part de leurs réticences. Selon le quotidien Le Monde, plusieurs parlementaires européens se sont récemment étonnés que Bruxelles ne remette pas en cause les aides octroyées à Ankara, qui représentent une manne d'environ 685 millions d'euros par an. Cet argent, qui a commencé à être versé en 2007, doit permettre à l'Etat turc de se développer en vue de son adhésion à l'Union européenne. Or, jamais depuis 1997, et le rejet de la candidature turque par le Conseil européen, la perspective de voir Ankara occuper un siège permanent au sein de l'organisation européenne n'avait paru aussi incertaine.
Alors que les négociations ont été entamées en 2004, un seul des 35 chapitres des pourparlers entre l'Europe et la Turquie a abouti. En outre, les récents événements de la place Taksim ont suscité un véritable tollé au Parlement européen, qui a adopté, le 12 juin dernier, une résolution condamnant un usage excessif de la force de la part de la police turque. Ce contexte hautement polémique a conduit un euro-député belge, Derk Jan Eppink, à publier une tribune le 25 juin dernier dans laquelle il reprochait aux dirigeants européens de "nourrir leurs adversaires". Adversaires dont ferait partie, selon lui, la Turquie de Recep Tayyip Erdoğan.
Pour le moment, la Commission européenne ne veut pas entendre parler d'une quelconque remise en cause de ces fonds de soutien. "Ils sont à la fois un bon investissement et une préservation de nos intérêts. Ces pays font partie de notre voisinage immédiat. Avec ces fonds, ils peuvent mener à bien des réformes, renforcer leurs institutions, améliorer leurs critères environnementaux, lutter plus efficacement contre la criminalité" , indiquait dernièrement au journal Le Monde Peter Stano, le porte parole de la Commission. Cependant, Bruxelles a annoncé qu'une refonte de ces subventions, destinée à rendre leurs usages "plus efficaces", était prévue pour 2014.
Jonathan Grimmer (http://www.lepetitjournal.com/Istanbul) vendredi5 juillet 2013
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