samedi 6 juillet 2013

La cerise turque joue les trouble-fête sur le marché français

Les régions de Rhône-Alpes, Paca et Languedoc-Roussillon sont les plus importantes pour la production.
Les régions de Rhône-Alpes, Paca et Languedoc-Roussillon sont les plus importantes pour la production. Crédits photo : JACQUES CAILLAUT/Madame Figaro
La production annuelle de la cerise dans l'Hexagone est insuffisante pour répondre à la consommation intérieure.

Alors que la saison de la cerise française bat actuellement son plein - avec deux à trois semaines de retard pour cause de mauvais temps -, sa concurrente venue de Turquie a semé le trouble sur le marché. «C'est la première fois. Avant la cerise turque restait sur le marché allemand. Pourquoi a-t-elle franchi le Rhin? On ne comprend pas bien»,interroge Luc Barbier, président de la Fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF).
Peut-être la grande distribution qui écoule plus des deux tiers des cerises a-t-elle voulu combler l'absence de produits made in France par un équivalent encore moins cher que la cerise espagnole? Ce qui est certain, c'est que «la cerise française est désormais là en qualité et en quantité, se réjouit Luc Barbier. On espère qu'elle va être mieux mise en avant dans les étals des magasins».
Le marché français est structurellement déficitaire. Les arboriculteurs y produisent annuellement quelque 35.000 tonnes sur 9577 hectares, principalement en Rhône-Alpes (37 % des volumes), Paca (26 %) et Languedoc-Roussillon (13 %). Un niveau insuffisant pour répondre à la consommation intérieure. Elle s'établit autour de 2,4 kg par ménage, selon Kantar Worldpanel. Il faut donc importer quelque 10 000 tonnes par an.

Un euro le kilo

«Ce n'est pas tant l'origine turque de la cerise qui nous gêne, remarque le président de la FNPF, mais ses conditions de production. Certaines molécules pour les traitements phytosanitaires sont interdites en Europe alors qu'elles ne le sont pas en Turquie. Il faudrait que nous ayons les mêmes règles de production.» Autre problème pointé par le professionnel: celui du prix. «À un euro le kilo chez le grossiste, la cerise turque a donné un mauvais signal au marché. Ce prix ne correspond même pas à nos frais de cueillette», dénonce Luc Barbier.
«Pour couvrir tous nos coûts, il faudrait que nos cerises soient achetées au moins à 2 euros le kilo, indique de son côté Jérôme Volle, producteur en Ardèche. En ce moment c'est plutôt entre 1,20 et 1,30 euro le kilo, une misère»,estime-t-il. Pour alerter les consommateurs, les producteurs ont pris les devants. Ils ont organisé une opération de vente directe et de sensibilisation, samedi 29 juin, sur l'aire d'autoroute de Montélimar. «Nous avons vendu 1000 kg de cerises à 4 euros le kilo. Nous avons reçu un très bon accueil du public. La cerise en Ardèche, deuxième département producteur français, regroupe 400 producteurs, 2 000 emplois et 13 millions d'euros de chiffre d'affaires», poursuit ­Jérôme Volle.
«Depuis deux ou trois jours, le marché s'est fluidifié et l'on place nos produits», reconnaît Bruno Darnaud, arboriculteur à la Roche-de-Glun dans la Drôme. En effet, à l'autre bout de la chaîne, la cerise française est désormais présente dans les rayons entre 4,50 et 5 euros le kilo, ce qui correspond à la moyenne des années 2010-2012. «La bigarreau origine France vaut 4,95 euros le kilo», indique Florent du rayon primeur à Hyper U, Mayenne

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