lundi 1 juillet 2013

TAKSİM – Dix mille personnes sur la place samedi soir

Ce samedi, dix mille manifestants se sont de nouveau rassemblés pour marcher vers la place Taksim. Un mois après, la fronde antigouvernementale fait toujours l'objet d'une importante mobilisation.
Dans la pénombre, le cortège parti de Galatasaray a abordé la place Taksim vers 19h sous les applaudissements des manifestants. “Tayyip démission!”, le slogan devenu hymne résonne dans l'avenue Istiklâl. Bannières et drapeaux hissés, toutes les sensibilités qui avaient occupé le parc de Taksim il y a quinze jours sont là pour porter leurs couleurs. La majorité demande “le procès de la police” suite à la mort du jeune Ethem Sarısülük, qui avait provoqué une nouvelle vague de manifestations intitulée #düşenadam (l'homme qui tombe) quelques jours auparavant.
Taksim samedi soir (photo CC)
Le rassemblement visait aussi a dénoncer la mort d'un manifestant samedi à Lice, dans la province de Diyarbakır, dans le sud-est du pays. Hüseyin Çelik, le porte-parole de l'AKP (Parti de la justice et du développement) au pouvoir, avait qualifié vendredi soir sur Twitter l'incident de “version kurde du mouvement Gezi”.
Pas de gaz lacrymogènes, pas de canons à eau à Taksim...
A l'entrée de la place Taksim vers 18h, une dizaine de jeunes se sont livrés à une bataille d'eau, armés de pistolets en plastique. Le jeu n'a duré que quelques minutes mais n'était pas anodin. Il visait à dénoncer l'usage jugé abusif des canons à eau pendant les manifestations, et l'acidité de la solution qu'ils projettent. Les contestatires ont ensuite scandé: “Ne tirez pas sur la paix!”
Le Monument de la République était gardé par la police qui formait un solide et imposant cordon de casques blancs et de boucliers. Les forces de l'ordre ont fait reculer les protestataires sans incident majeur. La réponse policière de samedi soir a revêtu un degré de violence minime par rapport aux précédentes interventions, violence que les manifestants et les organisations non-gouvernementales (ONG) de défense des droits de l'Homme ont dénoncé à plusieurs reprises. A l'inverse, à Ankara, la police a dispersé les quelque 250 manifestants présents dans le parc de Kurtuluş à coup de gaz lacrymogènes.
...mais une dizaine d'arrestations
Jeudi dernier, le ministère de l'Intérieur avait demandé aux forces de l'ordre de prendre des mesures alternatives en limitant les tirs de gaz lacrymogènes. Parmi les recommendations, les autorités conseillent notamment de procéder à davantage d'interpellations.
D'après le Hürriyet Daily News, les forces de l'ordre ont arrêté samedi sur la place une dizaine de personnes pour les mettre en garde à vue, dont une journaliste suédoise. La jeune femme serait pour l'instant détenue au commissariat de Vatan, d'après le journal européen anglophone The Local. Aucune information précise sur le nombre exact de gardés à vue n'a été communiquée. Selon les derniers chiffres de l'Association des médecins turcs (TTB) datant du 24 juin dernier, le bilan humain de la contestation en Turquie s'élève à ce jour à 8.038 blessés et quatre morts, parmi lesquels trois contestataires et un officier de police.
En arrière plan des manifestations, le parc Gezi de Taksim a été entièrement refleuri par les employés municipaux. En fin de semaine dernière, le gouverneur d'Istanbul Hüseyin Avni Mutlu a annoncé sa réouverture prochaine. “Les travaux seront terminés dans les prochains jours, et le parc sera de nouveau ouvert au public”, a t-il déclaré à la presse jeudi dernier.
Diane Jean (http://lepetitjournal.com/istanbul) lundi 1er juillet 2013

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