Depuis le début du conflit en mars 2011, les Syriens en quête de sécurité franchissent les frontières des pays voisins. Le gouvernement turc a pris d'importantes dispositions afin de leur assurer un refuge et l’aide nécessaire. Mais les doutes sur la viabilité de ces mesures d'accueil s'intensifient au fur et à mesure que le nombre de Syriens en Turquie s'accroît.
Photo AFAD
Selon Alexander Corbeil, spécialiste du Moyen-Orient au sein de l’Atlantic Council of Canada, une grande partie de ces réfugiés vient des régions du nord de la Syrie, frontalières de la Turquie, et tout particulièrement de l'un des centre du conflit : la région d’Alep. “Dans les mois qui viennent, si le régime de Bachar al-Assad et les forces du Hezbollah prennent d’assaut Alep, une importante vague de Syriens devrait encore chercher refuge en Turquie”, prévoit Alexander Corbeil.
“L’accès aux camps est très limité”
“Le mois dernier, le gouvernement turc a terminé la mise en place d’un nouveau camp à Malatya-Beydağı, qui a une capacité d’accueil de 10.000 personnes. Il y a aujourd’hui 20 camps (ou villes conteneurs) dans 10 provinces abritant les réfugiés syriens”, rappelle Alexander Corbeil (photo de droite). D’après lui, la Turquie a su gérer relativement bien la crise des réfugiés comparé aux autres pays d’accueil de la région du Moyen-Orient comme la Jordanie ou le Liban.
“L’accès aux camps est très limité”, regrette toutefois Kelsey Lundgren, qui travaille pour une ONG de défense des réfugiés en Turquie. Des organisations locales et internationales telles que le Croissant rouge turc ou le World Food Programme fournissent de la nourriture aux Syriens tandis que d’autres organisations internationales aident financièrement celles qui ont le droit de se rendre dans les camps, rapporte Kelsey Lundgren. L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) aide les Syriens les plus vulnérables à obtenir le statut temporaire de demandeur d’asile dans un pays tiers. “D’autres Syriens vivent en dehors des camps malgré la barrière de la langue et leur manque de moyens financiers car l’accès aux camps construits par le gouvernement devient de plus en plus limité”, note Kelsey Lundgren. Selon l'AFAD, le nombre de Syriens non hébergés dans des camps en Turquie dépasse 300.000.
Refusés à la frontière
Kelsey Lundgren (photo personnelle)
Ce flux permanent de Syriens et l'enlisement du conflit imposent au gouvernement turc de trouver sans tarder d’autres moyens de financement et d'accueil, observent Kelsey Lundgren et Alexander Corbeil. “La Turquie pense qu’elle n’est qu’un pays de transit, que les Syriens actuellement en Turquie retourneront en Syrie dès qu’ils le pourront ou partiront s’établir dans un nouveau pays d’accueil tel que les Etats-Unis, le Canada ou les pays de l’Union européenne”, explique Kelsey Lundgren, qui redoute que la guerre aux portes de la Turquie soit “loin d'être terminée”.
Elisa Girard (http://www.lepetitjournal.com/istanbul/accueil) mardi 2 juillet 2013
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire