En fin de semaine dernière, les opposants au projet ont salué l'annulation du projet de réaménagement de la place Taksim comme une victoire. Dans la foulée, ils ont annoncé vouloir reprendre le contrôle de “leur” parc samedi en fin d'après-midi. Les policiers antiémeute ont répondu à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau. Dimanche, des milliers de manifestants s'étaient donné rendez-vous sur l'autre rive, à Kadıköy.
L'entrée de la place Taksim samedi (Photo CC)
A peine arrivé en lisière de la place Taksim, le second défilé de manifestants se heurte à un imposant dispositif de policiers antiémeute. En moins d'une heure, les forces de l'ordre dispersent les 3.000 protestataires à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau. A 19h, à la place des manifestants attendus, les alentours du Monument de la République étaient uniquement peuplés de casques blancs, ceux de la police.
Après la première intervention des forces de l'ordre, les contestataires se sont immédiatement repliés vers l'avenue Istiklâl, scandant les chants devenus hymnes du mouvement: “Tayyip démissionne!” ou encore “Tous ensemble, contre le fascisme”. Gürsel Tekin, le président du groupe parlementaire du Parti du peuple républicain (CHP), principal parti d'opposition, s'est rendu sur place pour essayer de tempérer la situation, sans succès. Les tirs de gaz lacrymogènes ont résonné jusque tard dans la nuit dans les ruelles de Cihangir. A Ankara, plusieurs centaines de personnes ont exprimé leur soutien aux protestataires.
Attaque à la machette
Samedi, une vidéo, circulant sur le web et rapportée par l'agence de presse Doğan, montrait des individus munis de machettes à la poursuite des manifestants le soir même, près de Talimhane. Dimanche, le gouverneur d'Istanbul Hüseyin Avni Mutlu a annoncé via Twitter que deux personnes avaient été arrêtées suite à ces violences. Mais quatre de ces “hommes à machette” auraient été relachés. Les autorités n'ont fait pour l'instant aucune déclaration sur le sujet.
En marge de la manifestation à Taksim, 30 Stambouliotes auraient été emmenés en garde à vue d'après le quotidien Radikal, parmi lesquels le photographe italien Mattia Cacciatori. Le Hürriyet Daily News fait état de 15 arrestations dans tout le pays. D'après l'Agence de presse Anatolie (AA), le ministre de l'Intérieur Muammer Güler a qualifié cette nouvelle intervention policière de “naturelle”, dénonçant le caractère “illégal” des manifestations sur la place Taksim. Le nombre de blessés est pour l'instant inconnu.
Kadıköy, nouvel épicentre des manifestations ?
Kadıköy est devenu le théâtre d'importants rassemblements suite à la reprise du parc par la police. Tous les soirs de la semaine, des centaines d'individus se retrouvent aux heures de fermeture des bureaux dans les parcs environnants pour débattre de leurs revendications. “Aujourd'hui, c'est une première victoire que l'on célèbre !” ajoute Asude, en référence à la décision de justice publiée en fin de semaine. Contrairement à Taksim, aucune présence ni intervention policière n'a été constatée jusqu'ici.
La réouverture du parc Gezi repoussée
Le gouverneur d'Istanbul Hüseyin Avni Mutlu avait déclaré à la presse samedi : “Nous prévoyons de rouvrir le parc Gezi demain (dimanche, ndlr) ou au plus tard lundi pour qu'il soit mis à la disposition de tous les citoyens”. Le lendemain, pourtant, seul Kemal Kılıçdaroğlu, le président du CHP et quelques uns de ses partisans, ont pu visiter le square dont l'entrée est pour l'instant toujours fermée au public. La réouverture du parc a été repoussée à lundi.
Diane Jean (http://lepetitjournal.com/istanbul) lundi 8 juillet 2013
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