jeudi 11 juillet 2013

DOPAGE – L'athlétisme turc pris dans un engrenage infernal

Plusieurs athlètes turcs ont été déclarés positifs à des contrôles anti-dopage réalisés pendant les Jeux méditerranéens, qui se sont déroulés du 20 au 30 juin à Mersin. Un scandale supplémentaire pour l'athlétisme turc, déjà dans le collimateur de l'Association internationale des fédérations d'athlétisme (l'IAAF) après plusieurs affaires de dopage.
Après les affaires de corruption qui ont éclaboussé les clubs de football de Fenerbahçe et Beşiktaş, voici une nouvelle qui pourrait faire du bruit dans le milieu du sport en Turquie. Dans son édition de mardi, le quotidien britannique The Telegraph révèle que plusieurs athlètes turcs auraient été convaincus de dopage, après une série de tests réalisés en marge des Jeux méditerranéens, qui se sont disputés dans la ville turque de Mersin du 20 au 30 juin. Si ces résultats venaient à être confirmés, ce serait un nouveau coup de massue pour d'athlétisme turc, déjà dans la tourmente après les multiples affaires de dopage qui ont éclaté ces derniers mois.
Pour les Jeux méditerranéens, la fédération d'athlétisme de Turquie (TAF) avait décidé d'écarter huit athlètes récemment contrôlés positifs par l'Agence internationale de lutte contre le dopage. Parmi eux figuraient la médaillée d'or du 1.500 mètres aux Jeux olympiques de Londres, Aslı Çakır Alptekin, et Nevin Yanıt, la double championne d'Europe du 100 mètres haies. Le 27 juin, le président de la TAF, Mehmet Terzi, a admis publiquement que pas moins de 24 athlètes étaient suspectés d'avoir utilisé des produits prohibés au cours de la saison qui vient de s'écouler.
Photo Alpha du Centaure/CC/Flickr
L'EPO disponible en pharmacie
L'usage de produits dopants chez les sportifs de haut niveau est en passe de devenir un véritable fléau en Turquie. Il y a deux semaines, le quotidien Hürriyet relatait dans ses pages les conclusions d'une thèse réalisée par deux étudiants de l'Université du sport d'Hacettepe, à Ankara. Dans leur étude, Kevser Çiftçi et Tuğba Köksal ont mis en évidence la facilité avec laquelle n'importe qui, à commencer par les sportifs, pouvait se procurer de l'érythropoïétine, plus connu sous le nom d'EPO, un produit dopant interdit par l'IAAF (l'Association internationale des fédérations d'athlétisme).
Pour leur enquête, les deux étudiants ont demandé à 150 pharmacies d'Ankara de leur fournir de l'EPO, sans présenter d'ordonnance contrairement à ce qui est prévu par la législation. Résultats, 127 officines ont répondu favorablement à leur requête.
Un phénomène inquiétant qui ne semble pas être ignoré des athlètes. En 2012, Alex Schwarzer, un sportif italien spécialiste du 50 kilomètres marche, exclu des Jeux olympiques de Londres pour dopage, avait avoué s'être rendu spécialement dans la station balnéaire d'Antalya afin d'obtenir des produits dopants facilement. Un témoignage accablant, mais pas isolé, qui inquiète au plus haut point les instances sportives turques. "Nous savons que les produits dopants sont utilisés par des sportifs de plus en plus jeunes. Un adolescent peut en obtenir en pharmacie s'il le souhaite", confie Haydar Demirel, membre du Comité national olympique de Turquie et de sa Commission anti-dopage, au journal Hürriyet.
A en croire l'article du Telegraph, l'ampleur qu'est en train de prendre le dopage en Turquie pourrait représenter un réel handicap pour la candidature d'Istanbul aux Jeux olympiques de 2020. En revanche, l'IAAF a nié avant-hier les allégations du quotidien britannique, selon lesquelles les athlètes turcs dans leur ensemble pourraient être bannis des Championnats du monde d'athlétisme de Moscou, qui se dérouleront le mois prochain.
Jonathan Grimmer (http://www.lepetitjournal.com/Istanbul) jeudi 11 juillet 2013

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