Les événements semblent en passe de se précipiter à Istanbul. Après 14 jours de contestation, Recep Tayyip Erdoğan a lancé hier "un dernier avertissement" aux manifestants, qui s'étaient une nouvelle fois réunis par centaines sur la place Taksim et dans ses environs. "Nous avons gardé notre patience jusqu'à présent, mais la patience touche à sa fin", a déclaré le Premier ministre turc lors d'un discours prononcé à Ankara, devant des maires de l'AKP. Mercredi, il s'était entretenu avec une délégation de contestataires. A l'issue de cette rencontre marathon, Hüseyin Celik, le porte-parole du Parti pour la justice et le développement (AKP), a indiqué que la question du parc Gezi pourrait être tranchée par les citoyens stambouliotes, à travers un référendum. "Je crois qu'après ce geste de bonne volonté les jeunes vont décider de quitter le parc Gezi", a-t-il ajouté à l'Associated Press (AP).
Les opposants de Taksim rejettent le référendum
Mais ses espoirs ont vite été déçus. La plateforme Solidarité Taksim, la principale coordination des contestataires du parc, qui n'avait pas été conviée à la table des négociations mercredi, a rejeté en bloc toute idée d'une consultation populaire, jugée illégale. "Il y a déjà une décision de justice qui a imposé l'arrêt des travaux d'aménagement du parc Gezi. Dans ces conditions, il n'est pas légal d'envisager une consultation populaire pour décider du sort du parc", a fait savoir Tayfun Kahraman, l'un de ses principaux responsables.
Au delà des questions juridiques, la proposition du gouvernement est insuffisante aux yeux des opposants de la place Taksim. "Avec le référendum, le gouvernement fait marche arrière. Mais ça n'effacera pas ce qui s'est passé, et la mort de trois personnes. En plus, la consultation va être limitée à Istanbul, alors que le mouvement concerne la Turquie toute entière", remarque Sezen, 29 ans, membre du Collectif Féministe. Comme elle, nombre de contestataires affirmaient hier vouloir rester dans le parc, et ce en dépit des avertissements de Recep Tayyip Erdoğan . "Nous sommes prêts et nous n'avons pas peur", affirmait l'un d'entre eux. Plusieurs personnes ayant rencontré le Premier ministre dans les derniers jours ont affirmé aux médias turcs qu'une intervention dans le parc aurait lieu dans les 24 heures si les occupants ne le quittaient pas de leur propre volonté.
La mise en garde du Parlement européen
Depuis le début du mouvement de contestation, plusieurs Etats occidentaux ont fait part de leurs préoccupations concernant les violentes répressions auxquelles se sont livrés les forces de police. Hier, c'était au tour du Parlement européen d'interpeller le gouvernement turc. Réunis en session plénière à Strasbourg, les députés ont adopté une résolution "mettant en garde [le gouvernement turc] contre l'adoption de mesures sévères à l'encontre de manifestants pacifiques"et demandaient au Premier ministre "d'adopter une position d'unité et de conciliation."
La réaction du principal intéressé ne s'est pas faite attendre. "Comment pouvez-vous prendre ce genre de résolution alors que la Turquie n'est pas un membre de l'Union européenne, mais une candidate. […] Vous devriez rester à votre place", a vigoureusement réagi Recep Tayyip Erdoğan.
Jonathan Grimmer (www.lepetitjournal.com/istanbul) vendredi 14 juin 2013
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