Les heurts entre manifestants et forces de l’ordre ont repris mardi à Istanbul, avant de se calmer à l'aube mercredi. Le préfet d’Istanbul a annoncé un bilan de 30 blessés en fin d'après-midi mardi, avant l'intervention particulièrement violente de la soirée. De son côté, l’Union des médecins turcs (TBB) en a compté plusieurs dizaines. Les batailles de chiffres sont devenues monnaie courante depuis le début de la mobilisation le 31 mai.
Le dernier bilan des manifestations fourni par les autorités turques date du 7 juin. Le ministre de l’Intérieur, Muammer Güler, a déclaré ce jour-là avoir décompté 915 civils et 516 policiers blessés.
Infographie DJ
Les manifestants et les ONG – Amnesty International, la FIDH, Greenpeace – ont immédiatement contesté ces chiffres, citant des milliers de blessés parmi les manifestants. Ces derniers se réfèrent aux données régulièrement mises à jour par l’Union des médecins turcs (TBB). Jusqu’ici la TBB compte 4.947 blessés dans 13 villes du pays. Quarante-six civils seraient gravement blessés. Istanbul et Ankara concentrent plus de la moitié des victimes.
Les blessures les plus courantes sont des inflammations aigües de la peau et des voies respiratoires. L’Union des médecins mentionne aussi des fractures, des pertes d’œil et des traumatismes crâniens. Par ailleurs, aucune distinction n’est faite entre contestataires, policiers et simples civils. Cependant, la multiplication des points médicaux informels pendant les affrontements rend le recensement des blessés très délicat.
Quatre morts
“Trois jeunes et un policier ont perdu la vie dans les événements”, a précisé le Premier Ministre Recep Tayyip Erdoğan mardi matin. La TBB, qui jusque là annonçait trois morts, a ensuite publié un communiqué confirmant le bilan du Premier ministre. Le quatrième mort serait un ouvrier de 26 ans, blessé à la tête lors d'une manifestation dans la capitale.
Un jeune homme était décédé à Istanbul dans les premiers jours de la contestation après avoir été percuté par une voiture. Un second âgé de 22 ans est mort de ses blessures dans un hôpital d'Antakya, dans le sud-est de la Turquie. Enfin, un policier turc a succombé à ses blessures après une chute d'un pont en construction alors qu'il pourchassait des manifestants à Adana.
Réactions internationales
Les réactions internationales se multiplient depuis le début de la mobilisation, ravivées par les affrontements de mardi. “Nous continuons de suivre les événements en Turquie avec préoccupation, et notre intérêt réside dans le soutien à la liberté d'expression et de réunion, y compris le droit à manifester pacifiquement”, a déclaré le porte-parole de la Maison-Blanche. En France, Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, a exprimé sa volonté qu'un apaisement démocratique soit trouvé rapidement.
Une reprise du dialogue également encouragée par le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle. “Nous attendons du Premier ministre Erdoğan qu'il permette une désescalade de la situation, dans l'esprit des valeurs européennes, qu'il recherche un échange constructif et un dialogue pacifique”, a déclaré le ministre.
Pour la ministre des Affaires étrangères italienne, Emma Bonino, les manifestations en Turquie représentent “le premier test sérieux pour la tenue démocratique de la Turquie et pour son processus d'adhésion à l'Europe”. Interrogé sur le même sujet, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a indiqué que la Turquie ne s'éloignait pas de l'Europe mais “qu'un certain nombre de pratiques ne sont pas celles qu'on souhaite voir se développer en Europe.”
Diane Jean (www.lepetitjournal.com/istanbul) jeudi 13 juin 2013
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire