mercredi 12 juin 2013

Bilan à ce jour des manifestations à Taksim: 4 morts plus de 5000 blessés

GEZIPARK - Le gouvernement turc fait parler la force à Taksim

La police a tenté mardi de reprendre le contrôle de la place Taksim d'Istanbul. Elle s'est heurtée à des manifestants décidés à ne pas renoncer.

Le statu quo des derniers jours entre la police et les manifestants s’est achevé hier matin, à Istanbul. Pour la première fois depuis leur retrait du 1er juin, les forces de l’ordre ont lancé à 7h30 une offensive pour récupérer la place Taksim à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau.
Au même moment sur son compte Twitter, le préfet d’Istanbul Hüseyin Avni Mutlu expliquait que cette intervention consistait simplement à ôter les banderoles accrochées par les manifestants sur la façade du centre culturel Atatürk (AKM) et sur la statue de la République. En moins d’une heure, l’AKM était en effet déshabillé. “Nous vous confions à vos frères policiers”, annonçait également le préfet aux manifestants.
Photo TQ
Sur son compte Twitter, le préfet assurait encore : “Nous ne toucherons ni à Taksim, ni au parc ni à ses occupants”. Une heure plus tard, pourtant, des affrontements éclataient entre la police et de petits groupes de manifestants. Gaz lacrymogènes et canons à eau d’un côté ; pierres, feux d'artifice et quelques cocktails Molotov de l’autre. Ces manifestants, parfois armés de lance-pierres, se faisaient réprimander par les occupants du parc : “N'attaquez pas la police ! Ils n'attendent que ça pour venir nous déloger !”
Avocats arrêtés
Des grenades lacrymogènes ont atterri à plusieurs reprises dans le parc au cours des affrontements de la journée. A 11h30, les membres de la plateforme Solidarité Taksim ont appelé les manifestants à créer une chaîne humaine pour le protéger. Mais ils ont vite été dispersés par les forces de l’ordre. Vers 14h, la police a tenté de pénétrer dans le parc et la tension est montée. Dix minutes plus tard, la police faisait marche arrière.
Au même moment, les forces de l’ordre ont arrêté une cinquantaine d’avocats au Palais de justice d'Istanbul. Ces derniers manifestaient contre les événements à Taksim et ont été relâchés dans la soirée. Non loin de la place, au siège du SDP (un parti d’extrême gauche), 70 personnes étaient également interpellées selon la préfecture.
Le préfet : Evitez la place Taksim
A la mi-journée, le Premier ministre Recep Tayyip Erdoğan appelait les contestataires “sincères” à se retirer du parc. Avant d’ajouter : “Nous ne ferons plus preuve de tolérance”, alors qu’il avait annoncé accepter de recevoir une délégation de manifestants dès mercredi, rencontre confirmée hier soir par le porte-parole de l'AKP, Hüseyin Celik.
Photo FF
A la sortie des bureaux, des milliers de manifestants se sont retrouvés sur la place Taksim. Ils répondaient à l’appel de la plateforme Solidarité Taksim. Vers 20h, la police a commencé à disperser la foule en tirant des dizaines de grenades lacrymogènes. Le gouverneur d’Istanbul a déclaré quelques minutes plus tard sur Twitter que cette intervention faisait suite à des attaques de “marginaux” visant les policiers en position devant l’AKM. Il ajoutait : “Je supplie les citoyens sur les lieux de se séparer de ce groupe de marginaux et d’abandonner la place. Il est important que notre demande soit prise en compte pour la sécurité de tout le monde” , avant d'inviter les Stambouliotes à ne pas se rendre sur la place Taksim tant que “la sécurité n'y aura pas été rétablie”.
Le Consulat général de France à Istanbul mettait également en garde sur son site internet: "La police intervenant sur la place Taksim, il est fortement déconseillé de s’y rendre. Le Consulat général est fermé jusqu’à nouvel ordre."
Cités par le quotidien Radikal hier soir, les coordinateurs d'une infirmerie située dans le parc recensait 138 blessés et des centaines d'autres affectés par les gaz hier.
Fanny Fontan (http://www.lepetitjournal.com/istanbul) mercredi 12 juin 2013

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