De Pékin à Londres, entre Paris et Istanbul, le juriste globe-trotter a trouvé son idéal de vie. Avocat en droit international des affaires, Özgür Âşık a un statut bien particulier : il est l’un des rares avocats à pouvoir plaider en France et en Turquie.
Tablette numérique au bout des doigts, en costume sobre, Özgür Âşık discute au téléphone de son prochain voyage à Miami. Avocat international, il va partout où ses clients font des affaires. Originaire de la ville de Kayseri en Cappadoce, Özgür Âşık est parachuté à Strasbourg à 13 ans, suite à une mutation de son père. L'adolescent qui ne parle pas français prend alors du retard dans sa scolarité. Celui qui a toujours été "l'aîné de la classe, le grand frère" endosse le rôle de représentant : de délégué de classe au collège jusqu’à sa fonction d’élu étudiant à la faculté de droit de Strasbourg. “Cela m'a aidé avec les filles, mais surtout à comprendre que j'aimais avoir le rôle de porte-voix.” Une vocation est née. Comme il le résume simplement : “être avocat, c'est représenter”.
Des PME aux sociétés du CAC 40
Sa maîtrise de droit en poche, le jeune avocat s'expatrie à Istanbul, dans son pays d'origine. “C'était risqué, avoue-t-il, je ne connaissais plus ce pays en pleine mutation. Je ne savais même plus parler correctement le turc.” Après avoir passé huit ans dans un cabinet d'avocats français à Istanbul, il monte sa propre structure en 2006, composée d'une dizaine d'avocats au profil international. Une qualité nécessaire pour être collaborateur de son cabinet, dont l’activité s’est élargie depuis à une trentaine de pays. Le cabinet conseille surtout les francophones, PME ou sociétés du CAC 40, sur le droit des affaires en Turquie. Il met en relation les sociétés, recherche des opportunités commerciales et industrielles pour ses clients qu’il conseille pour des montages juridiques complexes. L'autre volet de son activité : plaider lors des contentieux entre ces entreprises.
Sa maîtrise de droit en poche, le jeune avocat s'expatrie à Istanbul, dans son pays d'origine. “C'était risqué, avoue-t-il, je ne connaissais plus ce pays en pleine mutation. Je ne savais même plus parler correctement le turc.” Après avoir passé huit ans dans un cabinet d'avocats français à Istanbul, il monte sa propre structure en 2006, composée d'une dizaine d'avocats au profil international. Une qualité nécessaire pour être collaborateur de son cabinet, dont l’activité s’est élargie depuis à une trentaine de pays. Le cabinet conseille surtout les francophones, PME ou sociétés du CAC 40, sur le droit des affaires en Turquie. Il met en relation les sociétés, recherche des opportunités commerciales et industrielles pour ses clients qu’il conseille pour des montages juridiques complexes. L'autre volet de son activité : plaider lors des contentieux entre ces entreprises.
"Depuis les années 2000, la Turquie est devenue une locomotive sur le plan économique. De nombreuses entreprises européennes se sont installées ici et depuis 2005, ce sont les sociétés turques qui commencent à partir à l'étranger", se réjouit l'avocat d'affaires. Si Özgür Âşık (photo MA) se préoccupe avant tout des entreprises, il compte également des personnes physiques parmi ses clients, comme des entraîneurs et joueurs de foot ou encore des personnalités médiatiques.
Une vie au milieu du monde des affaires, tout en voyageant. Ce goût pour l'étranger, il l’a hérité de ses parents : "Ils voyageaient beaucoup et m'ont appris à aimer le nomadisme", explique l'avocat basé à Istanbul, carrefour des hommes d’affaires des économies montantes selon lui. "J'exerce en Turquie et je voyage beaucoup, avoue-t-il. Mais malgré tout, je me considère comme un expatrié français. Je suis né ici, j'ai la double nationalité, mais mes attaches sont en France."
"En Turquie, on devient avocat trop facilement"
Être inscrit à la fois au barreau de Paris et d'Istanbul fait de lui une exception parmi les avocats qui exercent en Turquie. Un avantage, selon Özgür Âşık. Car s'il n'hésite pas à qualifier les avocats français de "snobs", il loue tout de même leur organisation. Il fustige le manque de rigueur des avocats turcs, en règle générale. "Leur façon de faire est à l'opposé de la méthode française, très cartésienne", justifie Özgür Âşık. Des défauts fondés avant tout sur la formation : “Il suffit de quatre années de fac de droit et d’une année de stage plus ou moins bidon", assure-t-il, se disant "plus fier d'être avocat français que d'être avocat turc".
Être inscrit à la fois au barreau de Paris et d'Istanbul fait de lui une exception parmi les avocats qui exercent en Turquie. Un avantage, selon Özgür Âşık. Car s'il n'hésite pas à qualifier les avocats français de "snobs", il loue tout de même leur organisation. Il fustige le manque de rigueur des avocats turcs, en règle générale. "Leur façon de faire est à l'opposé de la méthode française, très cartésienne", justifie Özgür Âşık. Des défauts fondés avant tout sur la formation : “Il suffit de quatre années de fac de droit et d’une année de stage plus ou moins bidon", assure-t-il, se disant "plus fier d'être avocat français que d'être avocat turc".
Malgré tout, son double titre d'avocat français et turc ne lui suffit pas. Celui qui affiche des idées bien tranchées sur la façon d'exercer le droit a voulu se placer de l'autre côté de la barre, celui du juge. Özgür Âşık a été nommé, en 2010, président pour la Turquie de la Cour européenne d'arbitrage, un organe qui fait de la justice privée contractuelle pour les litiges entre grandes sociétés. Une façon, selon lui, de remédier à la lenteur de la justice turque et au manque de spécialisation des juges, en proposant une "justice à côté de la justice".
Dans le domaine des affaires, les années n'ont pas la même valeur selon l'avocat : "Il faut parfois compter cinq ans pour avoir un procès. En cinq ans, une entreprise peut faire faillite". Ce service n'est cependant pas accessible à tous : il faut compter environ 100.000 euros pour s'offrir un procès d'arbitrage.
La vie privée de l'avocat est elle aussi internationale : sa femme et son fils sont à Istanbul, ses parents en Alsace et ses amis éparpillés dans le monde. Son club de cigares réunit des nomades amateurs de fumée bleue et de vins français. Il fréquente des clubs de jazz et joue de la batterie quand il trouve l’occasion, quelque part dans le monde. Le juriste en herbe du lycée alsacien a réussi son pari. Se faire une place parmi les gens de robe, et être un porte-voix du droit "à la française" à l'international.
Marlène Alibert (www.lepetitjournal.com/istanbul) jeudi 17 janvier 2013
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