lundi 14 janvier 2013

BARRAGE D'ILISU – Un nouvel espoir pour Hasankeyf


Suite à de nombreuses actions et pétitions pour sauvegarder ce patrimoine au sud de la Turquie, le Conseil d’État vient d’ordonner la suspension immédiate de la construction du barrage d’Ilısu. Principal argument: l'impact environnemental.
Les défenseurs de Hasankeyf ont obtenu gain de cause lundi 7 janvier. Validant une plainte de la Chambre des architectes et des ingénieurs turcs (TMMOB), la haute juridiction leur a donné raison : le projet ne respecterait pas l’étude d'impact environnemental*, qui évalue les avantages et inconvénients des constructions de grande ampleur.
Hasankeyf, menacée par les eaux (photo Senol Demir, Flickr/CC)
Ce barrage fait partie du Projet d'Anatolie du Sud-Est (Güneydoğu Anadolu Projesi, GAP), le plus important projet d'aménagement du territoire mené à ce jour en Turquie. Situé à 80 kilomètres de Hasankeyf, le barrage menace de plonger la ville sous les eaux, emportant de nombreux sites archéologiques et détruisant la faune et la flore. Selon des estimations, le projet obligerait également près de 50.000 personnes à quitter leur maison.
Un éventuel remaniement de la loi
C'est la deuxième fois que le barrage d’Ilısu fait perdre au gouvernement un procès au Conseil d’État. En 2011, ce dernier l’avait accusé de vouloir contourner la réglementation environnementale. Le bureau du Premier ministre avait publié une circulaire permettant aux travaux d'infrastructure de passer outre les normes en ce domaine. La dernière décision du Conseil d’État rassure donc les défenseurs de la ville, ONG et populations locales.
Le gouvernement a sept jours, soit jusqu'à aujourd'hui, pour faire appel de la décision. "Il est évident que le barrage d’Ilısu ne sera jamais construit si la loi reste en l'état, déclare Engin Yılmaz, responsable de l'association environnementale Doga Derneği. Le gouvernement turc a plutôt choisi de contourner les lois en faisant passer de nouveaux règlements qui visent à permettre la construction du barrage à n'importe quel prix."
Les autorités peuvent en effet opter pour une nouvelle loi qui annulerait la décision du tribunal. "Cette fois, le monde nous regarde, affirme Engin Yılmaz. La décision doit être maintenue, dans l'intérêt de la protection de notre patrimoine naturel et culturel commun. Le projet doit être annulé, et la région désignée comme un site du patrimoine mondial".
Marlène Alibert (http://www.lepetitjournal.com/istanbul) lundi 14 janvier 2013
(*) Les "Études d'impact environnemental" (EIE) sont obligatoires. Elles évaluent les incidences des projets d'aménagements sur le milieu naturel.

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