mardi 18 juin 2013

APPEL À LA GRÈVE - Quelques milliers de personnes dans la rue

Quelques milliers de personnes ont répondu, hier, à l'appel à la manifestation lancée par les principaux syndicats turcs. Le gouvernement avait sévèrement mis en garde les contestataires contre les rassemblements "illégaux".
La place Taksim avait retrouvé un peu de son calme, hier matin à Istanbul. Aux abords du parc Gezi, épicentre de la contestation, les policiers montaient la garde pendant que les employés municipaux s'employaient à effacer les traces de trois semaines d'occupation.
La veille, de violents affrontements entre policiers et manifestants ont une fois de plus tenu la ville en haleine. Selon un bilan provisoire livré par le barreau d'Istanbul, il y aurait eu 460 arrestations dans la cité stambouliote, et entre 100 et 130 à Ankara.
L'entrée de la place Taksim en fin d'après-midi hier. Les manifestants n'ont pas été autorisés à rejoindre la place.
Rapidement, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer les violences policières, même si on ignore encore le nombre de blessés causés par les affrontements. Tard dans la nuit de dimanche, l'Union des médecins turcs (TBB) – qui a recensé cinq morts et 7.822 blessés dont 59 dans un état grave depuis le début des manifestations – a décidé de saisir de conseil de l'Europe. Son président Thorbjørn Jagland avait déclaré un peu plus tôt : "Si les forces de sécurité doivent intervenir, cette intervention doit être strictement proportionnée et nécessaire" - afin de dénoncer un usage excessif du gaz lacrymogène.
Attaques contre la presse
De son côté, l'Association des journalistes contemporains (CGD) a condamné les attaques subies par les professionnels de la presse. Dimanche soir, une vidéo montrant l'interpellation brutale du journaliste de télévision privée turque IMC , Gökhan Biçici , a fait le tour des réseaux sociaux. "Les journalistes sont devenues des cibles afin d'empêcher les gens de savoir ce qu'il se passe", a déclaré hier la CGD. Des violences également documentées par l'ONG Reporters sans frontières.
Dans une interview donnée hier matin à la chaîne de télévision allemande RTL, Angela Merkel a elle aussi dénoncé l'attitude es forces de l'ordre turques. "Il y a eu des images effrayantes, sur lesquelles on pouvait voir que l'on a réagi de façon beaucoup trop dure, selon moi". La chancelière allemande s'est toutefois montrée évasive quand on lui a demandé si les événements des trois dernières semaines remettaient en cause le processus de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne.
Grève générale
Cinq syndicats, dont les deux plus importants, la Confédération syndicale des ouvriers révolutionnaires (DISK) et de la Confédération syndicale des salariés du secteur public (KESK), avaient lancé un nouvel appel à la grève, pour la journée d'hier, afin de dénoncer la violence de la répression. Mais contrairement à la mobilisation du 5 juin, qui avait rassemblé des dizaines de milliers de personnes, seuls 2.000 manifestants ont pris part au cortège qui s'est dispersé dans le calme, vers 17h30, aux environs du quartier de Şişli . Le gouvernement avait sévèrement mis en garde les contestataires. "C'est un rassemblement illégal. […] Si vous y prenez part, vous aurez à en subir les conséquences", a indiqué le ministre de l'Intérieur Muammer Güler. "Nous devons faire cesser ces protestations illégales. Il y a la police. Si la police ne suffit pas, nous emploierons la gendarmerie. Si la gendarmerie ne suffit pas, nous appellerons l'armée", a ajouté hier le vice Premier-ministre Bülent Arınç , dans une interview télévisée.
Un peu plus tard dans la journée, Muammer Güler a annoncé en conférence de presse que le gouvernement turc travaillait à l'élaboration d'une nouvelle loi, qui permettra de traduire en justice toute personne publiant sur internet des messages diffamant ou appelant à la révolte.
Dans la soirée, la police a de nouveaux usé de gaz lacrymogènes et de des canons à eau pour disperser des centaines de manifestants qui s'étaient rassemblés sur l'avenue Istiklal - qui donne sur la place Taksim - et dans le quartier de Şişli.
Jonathan Grimmer (http://www.lepetitjournal.com/Istanbul) mardi 18 juin 2013

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