Publié le 13/07/2012 sur TURQUIE NEWS via CONTREPOINTS
L’économie turque a connu une reprise vigoureuse après la crise mondiale, mais des déséquilibres macroéconomiques intérieurs et extérieurs sont apparus au cours de ce processus.La croissance a avoisiné 9% en 2010-11, accompagnée de la création de nombreux emplois. Néanmoins, le déficit des paiements courants s’est creusé pour atteindre environ 10% du PIB, tandis que l’inflation des prix à la consommation a dépassé 10%. Le ralentissement de l’économie mondiale en cours contribue à résorber quelque peu ces déséquilibres, mais ils restent une source de fragilité car l’économie turque demeure très dépendante de la confiance des investisseurs et des entrées de capitaux étrangers, dans un environnement international fragile.
Le rééquilibrage de l’économie a débuté, mais il doit être renforcé. Parallèlement au ralentissement de l’activité intérieure, la baisse du taux de change au cours de l’année 2011 a permis de réaliser des gains de compétitivité et de résorber une partie du déficit des paiements courants, mais ces gains pourraient disparaître si l’important écart d’inflation avec ses partenaires commerciaux persiste. La décélération récente de l’inflation est due aux effets de répercussion favorables du taux de change et à l’évolution des prix des produits alimentaires et de l’énergie, mais les anticipations d’inflation ne sont toujours pas arrimées à des taux faibles à un chiffre. Un rééquilibrage durable exige d’agir sans relâche sur le front de la politique macroéconomique et structurelle.
Un nouveau régime de politique monétaire a été mis en place fin 2010 afin de tenter de contenir la demande intérieure sans attiser les entrées de capitaux et provoquer une appréciation excessive du taux de change. Ce régime a contribué à améliorer la compétitivité et à rééquilibrer la demande, mais l’inflation est restée supérieure à l’objectif et sa réduction doit redevenir prioritaire. La politique budgétaire a maintenu les finances publiques sur une trajectoire viable, mais un resserrement supplémentaire pourrait être nécessaire pour soutenir la politique monétaire et constituer des réserves suffisantes en cas d’affaiblissement de la conjoncture internationale.
La compétitivité extérieure reste essentielle pour améliorer les performances économiques de la Turquie à court et à long termes. Des gains de compétitivité sont nécessaires pour rééquilibrer la demande intérieure et extérieure et soutenir la croissance de l’emploi, des revenus et de l’épargne intérieure. Ils sont également indispensables pour améliorer les possibilités d’emploi des travailleurs peu qualifiés, qui constituent la majorité de la main d’œuvre turque, et contribuer à réduire la pauvreté et à renforcer la cohésion sociale. Compte tenu de la spécialisation commerciale de la Turquie, il est important d’améliorer la compétitivité hors prix, mais il reste essentiel de maintenir la compétitivité prix.
Le renforcement structurel du secteur des entreprises sera déterminant pour stimuler la productivité. Un trop grand nombre d’entreprises et d’emplois sont créés dans le secteur informel et les compétences de la majorité de main d’œuvre restent insuffisantes. Ces deux handicaps pénalisent la productivité et la compétitivité. Pour encourager l’embauche et la croissance dans le secteur formel plus productif, d’ambitieuses réformes du marché du travail et des contrats de travail plus souples sont indispensables. Pour renforcer le capital humain, le taux de scolarisation a été sensiblement accru, mais la marge d’amélioration de la qualité et de l’équité reste importante. En outre, le relèvement du niveau des compétences de la main d’œuvre existante doit être une priorité.
La production potentielle et les niveaux de vie pourraient être améliorés de 25 % d’ici 2030 par rapport au scénario de base, selon des scénarios qui intègrent des réformes du marché du travail et de l’enseignement.
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