lundi 21 mai 2012

CANNES COMME SI VOUS Y ETIEZ


Ceylan-Cannes, amour partagé

Festival de Cannes, Quinzaine des réalisateurs. La Quinzaine des réalisateurs a décerné le carrosse d’or au cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan. Il a donné une leçon de cinéma précédée de la projection de son film, Nuages de mai.
En 2003, Cannes vit un événement : la présentation d’Uzak, le premier film turc en compétition depuis la palme d’or décernée à Yilmaz Güney pour Yol, puis la présentation de son ultime film, le Mur. Vingt ans auparavant. Son réalisateur, Nuri Bilge Ceylan, apporte un ton nouveau. Après un court-métrage, Koza (Cocon, 1995), déjà en compétition, il n’a cessé d’étonner ceux qui sont prêts à s’aventurer sur les chemins de traverse. Dans ses deux premiers longs-métrages, Kasaba (la Petite Ville, 1998) et Mayis Sikirtisi (Nuages de mai, 2000), il évoque l’enfance puis l’adolescence à la campagne. Couvert de prix nationaux et internationaux, Nuri Bilge Ceylan se devait d’arriver en haut des marches. Uzak, grand prix du Festival de Cannes et double prix d’interprétation masculine pour Muzaffer Özdemir et Mehmet Emin Toprak, lui permet d’entrer dans la cour des grands. Iklimler (les Climats, 2006), présent à Cannes, y reçoit le prix de la Fipresci. Ceylan, qui en est l’interprète principal, réalise son œuvre la plus libre, poussant à l’extrême la veine traditionnellement ­réaliste du cinéma turc.
Avec Üç maymun (les Trois Singes, 2008), également dans la compétition cannoise, Ceylan propose un travail d’artiste à la liberté inconditionnelle. Avec son opérateur, Gökhan Tiryaki, il innove dans l’utilisation de la haute définition cinémascopique, mettant les nouvelles techniques au service de l’approfondissement du rendu à l’image de paysages mentaux face au non-sens de l’existence. À l’été 2009, nous réalisons l’ampleur de son travail lors d’une exposition de ses photos en format scope au Festival de La Rochelle. Ce sera le format utilisé dans son dernier film, Il était une fois en Anatolie – grand prix ex aequo avec les frères Dardenne l’an dernier à Cannes –, qui le fait revenir de manière magistrale vers la Turquie de son enfance, asiatique et méconnue, dont l’autopsie ­révèle les zones d’ombre. Et nous ­rappelle les photographies issues de la grande tradition des dessinateurs orientaux et extrême-orientaux du XVIIIe siècle, dont les personnages font partie intégrante du paysage.
Michèle Levieux

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