lundi 21 mai 2012

Ankara veut écrire «une nouvelle page» avec Paris


Ankara veut écrire «une nouvelle page» avec Paris


Pour le ministre turc des Affaires européennes Egemen Bagis, l’élection de François Hollande va permettre à son pays d’ouvrir une nouvelle ère politique avec la France, en particulier sur le dossier de l’adhésion à l’UE. «L’Union européenne n’est pas un projet économique ou politique (mais) le plus grand projet de paix de l’histoire de l’humanité» a rappelé le responsable turc.
La Turquie souhaite que le nouveau président français François Hollande ouvre «une nouvelle page» dans les relations bilatérales, marquées par «l’amitié» et la recherche de «solutions», a déclaré vendredi à l’AFP le ministre turc des Affaires européennes Egemen Bagis. «Nous espérons qu’il (M. Hollande) ouvrira une nouvelle page dans les relations historiques, fructueuses et très profondes entre la Turquie et la France», a déclaré le ministre turc dans un entretien accordé à l’AFP. «Nous espérons que nos relations bilatérales se développeront et que la France, comme sous le président (Jacques) Chirac, deviendra l’un des champions de l’intégration de la Turquie dans l’Union européenne», a-t-il ajouté. Les relations entre Paris et Ankara ont connu des heures difficiles sous la présidence de Nicolas Sarkozy, opposant résolu à l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. M. Hollande s’est montré plus ouvert sur cette question, tout en affirmant que la Turquie ne ferait pas son entrée dans l’UE pendant son mandat. «M. Sarkozy avait des priorités différentes. C’était un politicien très habile. Il a vu la possibilité de créer un bloc électoral d’extrême droite et il s’est engagé là-dedans. Il a pensé qu’il pouvait sacrifier la Turquie, pour gagner ces voix. Cela a fonctionné pour la première élection (présidentielle en 2007), mais pas pour la deuxième» en 2012, a déclaré M. Bagis. «Notre propos n’est pas de créer de l’animosité, nous voulons créer de l’amitié, où la diplomatie et la politique contribuent à trouver des solutions et pas à créer des problèmes», a-t-il ajouté. Fin 2011, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avait notamment accusé M. Sarkozy de «rechercher des gains électoraux en utilisant la haine du musulman et du Turc», après le vote en France d’un texte de loi pénalisant la négation du génocide arménien, que la Turquie n’a jamais reconnu. Texte qui avait finalement été censuré par le Conseil constitutionnel.
L’adhésion dans l’UE : un projet civilisationnel
Le processus de négociations d’adhésion entre Ankara et l’UE est au point mort, avec seulement 13 des 35 chapitres jalonnant la négociation ouverts. Outre l’opposition française ou allemande à une adhésion turque à l’UE, de nombreux chapitres sont bloqués du fait du refus d’Ankara d’appliquer l’union douanière à la partie grecque de l’île divisée de Chypre, membre de l’UE depuis 2004, que la Turquie ne reconnaît pas. Interrogé sur les raisons qui poussent Ankara à vouloir à tout prix entrer dans une Europe économiquement et politiquement en crise, alors que la Turquie a connu une croissance économique de 8,5 % en 2011, M. Bagis a évoqué la paix dans le monde. «Pour nous, l’Union européenne n’est pas un projet économique ou un projet politique. L’Union européenne est le plus grand projet de paix de l’histoire de l’humanité», a-t-il déclaré. «Et avec la Turquie, le plus grand projet de paix de l’histoire de l’humanité qu’est l’Union européenne peut passer d’un projet continental à un projet global», a-t-il estimé. La Turquie et son système politique démocratique constituent notamment «une inspiration» pour le monde arabe en pleine évolution, et «l’Europe aurait une plus grande influence, dans de plus larges régions du monde, avec la contribution de la Turquie», a-t-il argumenté.
Paris

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