jeudi 28 juin 2012

Naim Koçer, un financier "affectif"


Né en Turquie, Naim Koçer a effectué la majeure partie de sa carrière en France dans le secteur bancaire, après avoir poursuivi de hautes études dans la gestion et la finance à l'université Paris Dauphine. En 2003, il est revenu dans son pays natal, pour être à la tête de la banque d'affaires Calyon. Naim Koçer multiplie les activités, en investissant dans différents secteurs et en faisant partie des conseillers du commerce extérieur de la France. Lepetitjournal.com d'Istanbul est allé à la rencontre de l'homme, qui a su rester simple et humain, malgré toutes ses hautes responsabilités
Interview réalisée dans le cadre d’une collaboration www.lepetitjournal.com/Istanbul - Chambre de Commerce Française en Turquie née en octobre 2009. Tous les mois, un résumé de l’actualité et un portrait d’entreprise sont publiés dans les deux supports que sont www.lepetitjournal.com et la Lettre mensuelle de la CCFT, "Les Nouvelles de la Chambre".
Lepetitjournal.com d'Istanbul : Quel a été votre parcours ?
Naim Koçer
dans son bureau (photo MD): Je suis né à Istanbul. À l'âge de 11 ans, je suis entré au lycée Galatasaray, où j'ai suivi une filière scientifique. Après mon bac, j'ai rejoint mon frère, qui était en France. C'est là-bas que j'ai poursuivi mes études, à l'université Paris Dauphine, dans la gestion et la finance. J'y ai obtenu un doctorat, avant d'être embauché à 28 ans au sein de la banque Indosuez. Je suis d'abord entré en tant qu'économiste des marchés puis je suis passé vendeur d'actions. J'ai travaillé 18 ans en France, dont les dix dernières années plongé dans les salles de marchés. En 2003, j'ai été nommé en Turquie, à la tête de la banque d'affaires Calyon, issue de la fusion entre le Crédit agricole et le Crédit Lyonnais dans ce même secteur. J'ai gardé ce poste durant cinq ans, avant de le quitter en 2008, car je ressentais le besoin de revenir à quelque chose de plus concret.
Et maintenant ?Avec deux collaborateurs, nous avons fondé l'été dernier une nouvelle société, qui s'appelle Notus. Nous sommes tous les trois actionnaires, et j'en suis le président. Nous effectuons de la gestion de portefeuille*. Nous proposons nos services à des particuliers, à partir de 500.000 livres turques. À l'heure actuelle, 80% des placements en Turquie se font dans cinq grandes banques. Ce sont nos principaux concurrents. Notre but aujourd'hui est de se différencier, d'être vendeurs de performance. C'est une activité toute récente, puisque nous avons reçu notre licence fin avril. C'est un nouveau départ en quelque sorte.
Vous avez parallèlement des activités d'investissement. En quoi consistent-elles exactement ?J'ai quelques investissements dans des hôtels à Paris. J'ai également investi dans la construction navale, à travers l'entreprise TVK Gemi Yapım, créée en 2005. Un secteur jugé porteur, car près de 90% des échanges de marchandises au niveau mondial se font par voie maritime. De plus, la Turquie possède un littoral ouvert dans trois directions. J'ai choisi d'investir dans ce secteur car au début des années 2000, il était question que tous les bateaux en service aient une double coque, afin de diminuer les risques de fuites, et donc de pollution, en cas de naufrage ou de collision. Il fallait donc remplacer les 15.000 bateaux qui circulaient avec une coque simple. Mais actuellement, une crise frappe le shipping. Il y a eu trop de production à travers le monde. L'activité est en sommeil. Il faut donc liquider le sur-stock. La création d'une loi venant limiter l'âge maximal des tankers naviguant dans les eaux internationales permettrait par exemple de relancer l'activité, car toute une partie de la flotte serait à rajeunir.
Les entreprises turques peuvent-elles vraiment s'affirmer dans le shipping face à la concurrence asiatique ?Le marché asiatique est effectivement très vif dans la construction navale : il absorbe près de 85% de la production mondiale. Mais les entreprises turques ont plusieurs avantages : elles sont beaucoup plus flexibles et proches de leurs acheteurs, notamment européens. Lorsqu'un armateur vient d'Europe en Turquie, cela ne lui prend que deux ou trois heures d'avion. Il rencontre généralement les patrons de suite, ce qui rend les négociations rapides. Une vente se conclut parfois en 30 minutes ! Les Européens se sentent plus en confiance, plus proches de nous.
Quel a été le moteur de votre réussite ?Je peux dire que c'est ma mère. Originaire des Balkans, c'est une victime de la guerre. Une situation qui a amplement forgé son caractère. C'est la battante de la famille. C'est elle qui m'a poussé dans cette direction. Nous étions une famille plutôt modeste, mais elle a toujours mis la barre très haute pour ses enfants. Nous devions obtenir le meilleur. Elle a été très fière lorsque je suis entré au lycée Galatasaray.
Aujourd'hui, vous êtes à la fois patron d'une société, investisseur, et également l'un des conseillers du commerce extérieur de la France. Comment faites-vous pour partager votre temps ?Je suis physiquement présent à Notus la moitié du temps, mais cérébralement, c'est un temps plein ! Le lundi, j'ai généralement des réunions, au cours desquelles il faut orienter les investissements des clients sur la semaine. Puis je dois également m'occuper des relations publiques. J'ai de nombreux rendez-vous avec les clients durant la semaine. Je me rends bientôt à Paris pour gérer mes investissements hôteliers. Mais aujourd'hui, je souhaite avoir d'avantage de temps à consacrer à ma famille. Par exemple, j'étais trésorier à la Chambre de Commerce Française en Turquie, mais j'ai quitté cette casquette. J'ai quatre enfants. Lorsque l'on me demande pourquoi j'arrête certaines activités, je réponds que je dois désormais m'occuper d'une petite entreprise avec quatre employés...
Propos recueillis par Meriem Draman et Marie tarteret (www.lepetitjournal.com/istanbul) jeudi 28 juin 2012

*gestion de portefeuille : il s'agit de gérer des capitaux confiés par des particuliers ou des institutions, en les faisant fructifier par l'intermédiaire de différents placements.
Naim Koçer - Associé Fondateur - Notus Asset Management
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