Une standing ovation de 17 minutes par 3.000 personnes. C’est ainsi que le compositeur et pianiste turc Fazil Say a été félicité samedi dernier par son public. L’artiste présentait à Istanbul la première de sa symphonie "Mésopotamie", accompagné de l’orchestre symphonique de Borusan lors du 40ème festival de musique IKSV. Dans la tourmente, Fazil Say semble donc pouvoir compter sur le soutien de son public.
Des tweets qui « dénigrent les valeurs religieuses » Le virtuose de renommée internationale est aujourd’hui inquiété par la justice turque pour ses prétendues insultes envers l’Islam. Après avoir déclaré publiquement son athéisme, il avait été plus loin en publiant des tweets moquant la religion musulmane. Dans l’un d’eux, l’artiste citait le poète Omar Khayyam qui se demandait si le Paradis s’apparentait à une taverne ou à une maison close. Dans un autre tweet, Fazil Say s’étonnait de la vitesse à laquelle le muezzin avait récité la prière du jour : "Le muezzin a lu l’appel à la prière du soir en 22 secondes. Prestissimmo con fuco !!! Pourquoi cette précipitation ? Une amoureuse ? Une table de rakı ?".
18 mois de prison encourus Ses prises de positions tranchées lui ont valu de nombreuses critiques, jusqu’aux lettres d’insultes et aux menaces de mort. Face à ce qu’il considère comme un manque de tolérance, Fazil Say a déclaré vouloir quitter son pays pour le Japon, où il trouve la vie plus confortable. Mais l’artiste devra répondre de ses actes en Turquie. Le 1er juillet, une cour l’accusait d’avoir "publiquement dénigré les valeurs religieuses d’une partie de la population" par le biais de ses tweets. L’accusation s’appuie sur l’article 216 du Code Pénal qui sanctionne l’"incitation à la haine et à l’hostilité" et l’ "insulte aux valeurs religieuses". Il encoure pour cela 18 mois de prison. Le procès devrait avoir lieu le 18 octobre.
Margaux Agnès (www.lepetitjournl.com/istanbul) mercredi 27 juin 2012
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