mardi 5 mars 2013

PARKOUR - Les nouveaux Ninjas d'Istanbul

Connaissez-vous le parkour? Né dans les années 90, cette discipline urbaine visant à se déplacer de la manière la plus libre et la plus originale possible, avait été popularisée en France en 2001 grâce au film Yamakasi. Le phénomène a fait son chemin et est en train de conquérir une partie de la jeunesse des rives du Bosphore. Rencontre avec ces nouveaux Ninjas qui n'ont pas froid aux yeux.
Bakırköy, vendredi, 15 heures. Dans le froid du mois de février, Yiğitcan, Furkan et Bulut, tous les trois la vingtaine, s'entrainent depuis une heure sous le regard bienveillant d'Ömer, leur ainé. Au pied des barres d'immeuble et au son d’une petite chaine Hi-Fi, les quatre sportifs s'exercent dans un parc où ils ont installé de quoi recréer un environnement urbain : pneus, échafaudages et blocs de pierre. Bref, tout ce qui peut rappeler les conditions qu'ils retrouveront lors de leurs sorties en ville.
Omer, Furkan, Yigitcan, Bulut, de gauche à droite (photo TQ)
Sous la houlette d'Ömer, le plus expérimenté, les trois plus jeunes s'activent consciencieusement autour d'ateliers sécurisés. Car la pratique n'est pas sans risques : quelque part entre l'athlétisme et la gymnastique, les figures imposées peuvent parfois se révéler dangereuses. Sauts de plusieurs mètres, saltos, barres asymétriques… tout l'environnement urbain est mis à contribution. Quand ils ne s'entrainent pas dans leur fief, leur terrain de prédilection se situe aux alentours de Topkapı, sur les restes des remparts.
“Se sentir libre”
Ömer, 30 ans, étudie le sport à la fac et est aussi professeur de gymnastique artistique. C'est au fil de ses divagations sur internet, qu'il découvre le parkour, il y a bientôt sept ans : “J'ai toujours été au contact de la culture urbaine, puisque je skate depuis presque une dizaine d'années. Au départ, j'avais créé un simple petit site internet pour essayer de rassembler les amateurs de parkour à Istanbul. Mais depuis quelques mois, le mouvement est poussé par les réseaux sociaux et le nombre de pratiquants a explosé.” D'abord conçu comme une petite structure informelle, le mouvement est en effet de plus en plus médiatisé et suivi sur la toile.
Plus surprenant, il va même bientôt accéder à un statut officiel : “Depuis environ un mois, nous sommes en train de donner à notre groupe le statut d'association. Nous sommes encore plongés dans les formalités administratives, mais j'estime que sur Istanbul, il y a environs 150 personnes qui pratiquent le parkour. J'ai donc bon espoir de voir la majorité adhérer à notre projet,” résume Ömer.
Si l'activité reste avant tout un sport et un moyen de se défouler, les quatre amis ne cachent pas non plus un certain enjeu politique à leur démarche : “Lorsque nous pratiquons le parkour, il y a une vraie sensation de liberté. Bouger notre corps dans les endroits que nous avons choisis, c'est une sensation unique, surtout dans une ville comme Istanbul.” Malgré les risques et les blessures, le jeunes sportifs semblent dotés d'une motivation à toute épreuve. “J'aime tellement ça que lorsque je pratique le parkour, j'en oublie presque totalement la peur. Je ne me suis encore rien cassé... Pour l'instant” conclue Ömer avec le sourire.
Quelques photos en musique:

Tanguy Quidelleur (http://www.lepetitjournal.com/istanbul) mardi 5 mars 2013
Leurs exploits en vidéo ici.

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