mardi 12 mars 2013

CORNE D’OR – Des enfants photographient leur quartier pour ne pas l’oublier


Un photographe de l’Université Kadir Has d’Istanbul, Ulaş Tosun, a monté en 2012 un atelier avec des enfants défavorisés de la Corne d’Or (Haliç), pour qu’ils immortalisent la vie quotidienne de leur quartier avant qu’il ne change de visage. Focus sur l’évolution de ce projet en 2013.
Dix enfants – roms, orthodoxes, turcs et arménien – élèves du lycée Rum de Fener et de l’école de Cibali, ont eu l’opportunité de suivre, en mai et juin 2012, des cours de photo-documentaire avec Ulaş Tosun. Ce projet s’est achevé avec l’exposition Souvenir de Quartier, qui regroupait des photos prises par les enfants accompagnées de textes écrits par des journalistes turcs de renom (Okan Bayülgen, Cüneyt Özdemir, Pakrat Estukyan, Pınar Öğünç, Alper Görmüs, NDLR).
Cette exposition s’est tenue en septembre 2012 à l’Université Kadir Has, dans les écoles des enfants et dans un café du quartier, Dostlar Kahvesi.
Instantanés de vie : écriture photographique de l’Histoire
"Il faut immortaliser la richesse de la vie quotidienne de ce quartier avant qu’elle ne disparaisse", explique l’ancien journaliste Ulaş Tosun. Les quartiers de la Corne d’Or, comme beaucoup d’autres à Istanbul, subissent des plans de transformation urbaine qui contraignent les populations défavorisées à partir, la vie y devenant trop chère.
Crédit photo UT
"Ces enfants sont sûrement les derniers à connaitre le quartier tel qu’il est", constate le photographe. Fener, Balat, Cibali, Kasımpaşa et Eyüp renferment l’histoire d’Istanbul. Illustration du métissage de la ville, Juifs, Grecs, Roms, Turcs cohabitent depuis des décennies dans les ruelles de ces quartiers. Pour cette deuxième édition, Ulaş Tosun veut faire évoluer l’atelier en sélectionnant des enfants roms et "en impliquant des institutions ou entreprises pour étendre le projet et travailler avec un nombre d’enfants plus conséquent."
Pour la première édition, l’université avait pris en charge l’achat des appareils photos, donnés aux enfants à l’issue du projet. Certains continuent de faire des photos. Elles sont publiées dans le journal de l’université, Cibali Postası, dont Ulaş Tosun est le responsable d’édition.
Un projet convivial
Le vivre ensemble, objectif majeur du projet Droit du voisinage (Komşuluk Hakkı projesi), dont l’atelier photo-documentaire n’est qu’une petite partie, est financé par l’université. Bâtiment imposant, sur les rives de la Corne d’Or, elle fait partie de l’histoire du quartier. Transformé en université il y a quinze ans, ce bâtiment était une ancienne fabrique à tabac où travaillaient des habitants des quartiers voisins.
Crédit photo UT
L’université privée alloue un budget à ce projet, qui permet d’organiser des événements pour venir en aide aux enfants handicapés mais aussi la mise à disposition des complexes sportifs de l’université aux enfants du voisinage.
L’éducation est au cœur du projet avec la mise en place d’heures d’études, au cours desquelles les étudiants de l’université aident les enfants du quartier à faire leurs devoirs. Le budget de Droit du voisinage aide aussi financièrement les écoles voisines dans l’achat de matériel.
Aurélie Darblade (http:/www.lepetitjournal.com/istanbul) mardi 12 mars 2013

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