Deux jeunes Clermontois reprennent la boulangerie du quartier Saint-Jacques
L’enseigne Crousti Pain a disparu du boulevard Claude-Bernard, à Saint-Jacques, où elle était installée depuis 2006. Elle est devenue Les P'tits pains. Plus qu’un changement à Clermont-Ferrand, une petite révolution. Avec une forte dimension symbolique.
« Arrêter de faire passer les jeunes pour des sauvages »
Ilyas Oguz, 33 ans, est à la tête des P’tits pains depuis un mois, aux côtés d’un ami lui aussi originaire du quartier Saint-Jacques.? - photo francis campagnoni
Elle a jeté l'éponge, dit-elle, « de guerre lasse ». Usée, fatiguée après deux dernières années d'exploitation marquées par les tensions et les incivilités à répétition, Sophie Duprez a choisi de plier bagage. Il y a un mois, la fondatrice et présidente de l'enseigne Crousti Pain a trouvé un duo de jeunes investisseurs prêts à relever le défi. Marché conclu.
Le premier, désormais actionnaire majoritaire, s'appelle Ilyas Oguz. Le second, Ismaël Abioui. Tous deux ont grandi dans le quartier. Ici, ils connaissent tout le monde. Et tout le monde les connaît.
« Forcément, ça change beaucoup de choses », reconnaît Ilyas Oguz, en balayant sa boutique du regard. Depuis l'âge de huit ans, ce natif de Sivas, en Turquie, balade sa solide silhouette au milieu des barres d'immeubles de Saint-Jacques. Ce qui lui permet, aujourd'hui, d'être à la fois écouté et respecté.
Le résultat est visible, spectaculaire même : les grappes de jeunes qui autrefois s'agglutinaient devant et dans le magasin ont disparu ; les vendeuses n'ont plus à essuyer insultes et quolibets ; les tables et chaises, supprimées par la précédente gérante pour éviter les attroupements, ont refait surface.
À en croire Ilyas Oguz, la transition s'est faite en douceur. Sans heurts, ni cris. « Les jeunes, il suffit de savoir leur parler, explique le trentenaire, qui a longtemps travaillé dans le bâtiment. On les présente toujours comme des bons à rien ou des trafiquants, mais c'est faux. Il faut arrêter de les faire passer pour des sauvages ! Pour beaucoup, ce sont des gens qui bossent. Si on leur fixe des règles, ils sont capables de les respecter. La preuve : quand ils entrent ici, c'est "bonjour, merci et au revoir". »
Le retour de la sérénité devant et derrière la porte a déjà facilité celui de clients qui avaient, pour certains, déserté les lieux. « On revoit des mamies avec des enfants, des groupes de filles qui viennent acheter une baguette, ou même s'installer pour prendre le déjeuner, raconte le nouveau gérant. Le magasin est ouvert à tous, sans distinction. J'y tiens. »
Un mois après son arrivée aux affaires, Ilyas Oguz tire un premier bilan « positif ». Il n'a changé ni les horaires, ni les vendeuses, ni la gamme de produits proposés. Seuls l'enseigne et l'intérieur de la boutique – repeints en rouge – ont été modifiés. « On va voir comment ça peut fonctionner en l'état, avant d'apporter des modifications », dit-il. Mais déjà, les idées (« pourquoi pas une terrasse ? ») commencent à germer.
En cas de futurs travaux, le patron des P'tits pains n'exclut pas de demander un coup de main aux jeunes du quartier. « Si j'ai besoin d'aide, ils viendront, c'est sûr. Moi non plus je n'étais pas un ange à leur âge. Mais si on va vers eux et qu'on leur propose des choses, on peut compter sur eux. »
Stéphane Barnoin
Le premier, désormais actionnaire majoritaire, s'appelle Ilyas Oguz. Le second, Ismaël Abioui. Tous deux ont grandi dans le quartier. Ici, ils connaissent tout le monde. Et tout le monde les connaît.
Le résultat est visible, spectaculaire même : les grappes de jeunes qui autrefois s'agglutinaient devant et dans le magasin ont disparu ; les vendeuses n'ont plus à essuyer insultes et quolibets ; les tables et chaises, supprimées par la précédente gérante pour éviter les attroupements, ont refait surface.
À en croire Ilyas Oguz, la transition s'est faite en douceur. Sans heurts, ni cris. « Les jeunes, il suffit de savoir leur parler, explique le trentenaire, qui a longtemps travaillé dans le bâtiment. On les présente toujours comme des bons à rien ou des trafiquants, mais c'est faux. Il faut arrêter de les faire passer pour des sauvages ! Pour beaucoup, ce sont des gens qui bossent. Si on leur fixe des règles, ils sont capables de les respecter. La preuve : quand ils entrent ici, c'est "bonjour, merci et au revoir". »
Le retour de la sérénité devant et derrière la porte a déjà facilité celui de clients qui avaient, pour certains, déserté les lieux. « On revoit des mamies avec des enfants, des groupes de filles qui viennent acheter une baguette, ou même s'installer pour prendre le déjeuner, raconte le nouveau gérant. Le magasin est ouvert à tous, sans distinction. J'y tiens. »
En cas de futurs travaux, le patron des P'tits pains n'exclut pas de demander un coup de main aux jeunes du quartier. « Si j'ai besoin d'aide, ils viendront, c'est sûr. Moi non plus je n'étais pas un ange à leur âge. Mais si on va vers eux et qu'on leur propose des choses, on peut compter sur eux. »
Stéphane Barnoin
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