Pour les amoureux de la photo et d'Istanbul, Ara Güler reste un incontournable, un gardien de l'âme de sa ville. Le photojournaliste s'est illustré par ses reportages aux quatre coins du monde et ses clichés en noir et blanc d’Istanbul, mais sa dernière exposition dévoile une face méconnue de son œuvre
S’il raconte volontiers avoir parcouru le monde, Ara Güler n'aspire désormais qu'à rester à Istanbul, sa ville natale. Octogénaire au solide bagage de photojournaliste, les prix et les honneurs parsèment le parcours de celui qui fut un grand ami d'Henri Cartier-Bresson.
Et c'est précisément à Istanbul, à la galerie G-Art, qu'il a décidé d'accrocher ses derniers grands formats. Une série de photos abstraites aux antipodes de la photographie sociale, son domaine de prédilection. Ara Güler a joué avec la nuit, les lumières, les couleurs et le mouvement pour un résultat aussi esthétique que surprenant. Seize photographies réalisées uniquement en chambre noire, à partir de clichés souvent pris à l'instinct et parfois sans aucune idée du résultat.
Lora Sarıaslan, commissaire de l'exposition, ne cache pas sa satisfaction : “Nous avons ouvert mardi en présence d'Ara Güler et les gens étaient ravis de découvrir cette nouvelle facette de son travail. Il faut quand même rappeler que ces clichés, dont certains datent des années 70, sont à des années lumière de ce qui se faisait en Turquie à cette époque, notamment dans l'utilisation de la couleur, véritable rupture avec ses anciennes créations. C'est une série très contemporaine, qui vient rafraîchir l'idée que le public se faisait de son œuvre.”
Au fil de l'exposition, on se prend à deviner les sujets originaux : le pont du Bosphore, sa circulation ou des feux d'artifice, tandis que d'autres restent totalement énigmatiques. Clin d’œil à de récents propos du photojournaliste ? “La vraie Istanbul – celle qui fut la capitale de trois empires – est morte. Son âme est partie et son charme perdu. Aujourd'hui c'est une ville moderne, qui ignore son passé”, répète-t-il. Quelle que soit l’interprétation, cette exposition fait partie des incontournables de la saison.
Tanguy Quidelleur (http://www.lepetitjournal.com/istanbul.html) jeudi 6 décembre 2012
Pratique : Harbihe mah. Kadirgalar Cad. No 3 G-Mall Maçka. Ouvert tous les jours de 11h à 19h, sauf les dimanche et lundi, et ce jusqu'au 3 février 2013. Entrée gratuite.
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