Au 14e étage d'une tour dotée d'une vue majestueuse sur le pont du Bosphore, au beau milieu du quartier de Beşiktaş, Nedime Konuksever gère toute l'activité d'Air France-KLM en Turquie depuis maintenant un an. Originaire d'Istanbul et amoureuse de la culture française, elle a gravi un à un les échelons de la compagnie. Son objectif ? Augmenter la présence et la part de marché du groupe en Turquie, sur fond de crise économique.
Interview réalisée dans le cadre d’une collaboration www.lepetitjournal.com/Istanbul - Chambre de Commerce Française en Turquie née en octobre 2009. Tous les mois, un résumé de l’actualité et un portrait d’entreprise sont publiés dans les deux supports que sont www.lepetitjournal.com et la Lettre mensuelle de la CCFT, "Les Nouvelles de la Chambre".
Interview réalisée dans le cadre d’une collaboration www.lepetitjournal.com/Istanbul - Chambre de Commerce Française en Turquie née en octobre 2009. Tous les mois, un résumé de l’actualité et un portrait d’entreprise sont publiés dans les deux supports que sont www.lepetitjournal.com et la Lettre mensuelle de la CCFT, "Les Nouvelles de la Chambre".
Lepetitjournal.com d'Istanbul : Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de votre goût pour la culture française ?
Nedime Konuksever dans son bureau (photo YB) : J'ai étudié au lycée Galatasaray d'Istanbul, ville dans laquelle je suis née. C'est à partir de là que j'ai vraiment commencé à aimer la France : j'y ai découvert la langue, le pays et son rayonnement. J'ai ensuite étudié les sciences politiques et les relations internationales à l'Université de Boğaziçi, une façon de comparer ces cultures de chaque côté de l'Atlantique. J'ai donc d'abord travaillé dans une entreprise américaine, General Electric, puis dans une firme anglaise, avant d'entrer chez Air France. J'ai été acceptée au terme du septième entretien et d'un concours très sélectif, mais mon envie de mettre en application ce que j'avais appris en travaillant dans une entreprise française a été concrétisée. Au sein de la compagnie, je suis passée par de nombreux postes : chef des ventes, chargée des prix, responsable du marketing, ou encore directrice commerciale. Après la fusion d'Air France avec KLM, j'ai été la directrice des ventes pour la Turquie et la Bulgarie, avant de devenir directrice de la compagnie pour la Turquie.
Nedime Konuksever dans son bureau (photo YB) : J'ai étudié au lycée Galatasaray d'Istanbul, ville dans laquelle je suis née. C'est à partir de là que j'ai vraiment commencé à aimer la France : j'y ai découvert la langue, le pays et son rayonnement. J'ai ensuite étudié les sciences politiques et les relations internationales à l'Université de Boğaziçi, une façon de comparer ces cultures de chaque côté de l'Atlantique. J'ai donc d'abord travaillé dans une entreprise américaine, General Electric, puis dans une firme anglaise, avant d'entrer chez Air France. J'ai été acceptée au terme du septième entretien et d'un concours très sélectif, mais mon envie de mettre en application ce que j'avais appris en travaillant dans une entreprise française a été concrétisée. Au sein de la compagnie, je suis passée par de nombreux postes : chef des ventes, chargée des prix, responsable du marketing, ou encore directrice commerciale. Après la fusion d'Air France avec KLM, j'ai été la directrice des ventes pour la Turquie et la Bulgarie, avant de devenir directrice de la compagnie pour la Turquie.
Quelle est l'activité actuelle d'Air France en Turquie et est-elle satisfaisante ?
Trois vols quotidiens vers Paris sont assurés par Air France, ainsi que des trajets vers Marseille et Toulouse créés depuis cet été, à raison de trois ou quatre vols par semaine. Cette nouveauté a très bien marché, mais il n'y a malheureusement pas assez de demande pour que le trajet vers Marseille soit maintenu durant l'hiver. Une cinquantaine de salariés travaillent ici, dans nos bureaux. La moitié est en charge du marché turc et le reste de la région comprenant l'Israël, la Grèce et le Chypre incluant l’activité régionale du fret.
Trois vols quotidiens vers Paris sont assurés par Air France, ainsi que des trajets vers Marseille et Toulouse créés depuis cet été, à raison de trois ou quatre vols par semaine. Cette nouveauté a très bien marché, mais il n'y a malheureusement pas assez de demande pour que le trajet vers Marseille soit maintenu durant l'hiver. Une cinquantaine de salariés travaillent ici, dans nos bureaux. La moitié est en charge du marché turc et le reste de la région comprenant l'Israël, la Grèce et le Chypre incluant l’activité régionale du fret.
On ne peut pas vraiment dire que notre activité soit 100% satisfaisante. Le pays, le marché est en croissance mais notre difficulté à obtenir un quatrième créneau pour le vol Istanbul-Paris à l'aéroport Atatürk empêche une activité optimale. De manière générale, le trafic aérien vers Paris a beaucoup baissé cette année, toutes compagnies confondues, malgré la mise en place de nouveaux vols par la concurrence. Air France a bien sûr été touché par cette tendance.
Vous êtes directrice d'Air France Turquie depuis un an : quelle a été votre ligne de conduite à ce poste ?
Depuis le début, mon objectif a été de continuer à développer la part de marché de notre groupe ainsi que de contribuer au développement des relations commerciales entre la France et la Turquie. La crise politique du début d'année n'a pas facilité les choses et a refroidi tous les acteurs de ce rapprochement. On peut même dire que le fait que le mot “France” figure dans le nom de la marque nous dessert parfois. En ce moment, entre la France et la Turquie, les relations se portent de mieux en mieux car les liens entre les deux pays sont très forts. D'autre part, les Turcs associent la compagnie aux seuls vols vers Paris, alors que 50% de notre clientèle continue son voyage au-delà de la capitale. Le but est à présent de développer des opérations de marketing pour changer l'image de “la compagnie qui dessert uniquement la France” pour la clientèle turque.
Depuis le début, mon objectif a été de continuer à développer la part de marché de notre groupe ainsi que de contribuer au développement des relations commerciales entre la France et la Turquie. La crise politique du début d'année n'a pas facilité les choses et a refroidi tous les acteurs de ce rapprochement. On peut même dire que le fait que le mot “France” figure dans le nom de la marque nous dessert parfois. En ce moment, entre la France et la Turquie, les relations se portent de mieux en mieux car les liens entre les deux pays sont très forts. D'autre part, les Turcs associent la compagnie aux seuls vols vers Paris, alors que 50% de notre clientèle continue son voyage au-delà de la capitale. Le but est à présent de développer des opérations de marketing pour changer l'image de “la compagnie qui dessert uniquement la France” pour la clientèle turque.
La construction d'un nouvel aéroport à Istanbul est-elle de bon augure pour vous ?
C'est même une très bonne nouvelle. 37 millions de passagers par an transitent par l'aéroport Atatürk, complètement saturé : il n'y a plus aucun créneau libre pour intégrer de nouveaux vols. Le nouvel aéroport, qui devrait arriver d'ici quatre ou cinq ans, devrait pouvoir accueillir 150 millions de passagers par an. Ce serait le plus grand aéroport du monde, aucun ne peut pour le moment faire transiter autant de personnes. Nous étudions également les opportunités de l'aéroport Sabiha Gökçen (sur la rive asiatique). Ainsi, nous ciblons les nouvelles PME-PMI, des industries de Bursa ou Izmit. On poursuit nos études sur le marché où le gouvernement, les ministres, les ambassades et les corps diplomatiques forment un gros potentiel de voyageurs.
C'est même une très bonne nouvelle. 37 millions de passagers par an transitent par l'aéroport Atatürk, complètement saturé : il n'y a plus aucun créneau libre pour intégrer de nouveaux vols. Le nouvel aéroport, qui devrait arriver d'ici quatre ou cinq ans, devrait pouvoir accueillir 150 millions de passagers par an. Ce serait le plus grand aéroport du monde, aucun ne peut pour le moment faire transiter autant de personnes. Nous étudions également les opportunités de l'aéroport Sabiha Gökçen (sur la rive asiatique). Ainsi, nous ciblons les nouvelles PME-PMI, des industries de Bursa ou Izmit. On poursuit nos études sur le marché où le gouvernement, les ministres, les ambassades et les corps diplomatiques forment un gros potentiel de voyageurs.
En Turquie et ailleurs, à quelle type de concurrence faites-vous face ?
En Turquie, toutes les compagnies européennes sont nos concurrents directs sans oublier les compagnies low-cost. Un produit Air France est à l'étude pour capter cette clientèle. Vous en saurez un peu plus dans quelque temps... Ceci dit, la compagnie nationale a un terrain d’action privilégié dans son marché naturel.
En Turquie, toutes les compagnies européennes sont nos concurrents directs sans oublier les compagnies low-cost. Un produit Air France est à l'étude pour capter cette clientèle. Vous en saurez un peu plus dans quelque temps... Ceci dit, la compagnie nationale a un terrain d’action privilégié dans son marché naturel.
Quels est la stratégie et les enjeux actuels pour Air France Turquie ?
Nous étudions toujours les besoins du marché et les attentes de nos clients, pour créer un produit qui correspond aux attentes du marché turc. Cette année par exemple, nous avons révisé nos prix en fonction de la concurrence. Il faut constamment adapter nos produits si l'on veut augmenter notre part de marché en Turquie. D'autres facteurs sont pris en compte, comme celui de la clientèle notamment, qui a beaucoup changé ces dernières années. Aujourd'hui, de plus en plus de jeunes prennent l'avion pour voyager, c'est une tendance assez nouvelle. Les employés de PME-PMI forment aussi une clientèle assez récente, qui a explosé en 2012 : + 400%. Il y a six ans, la France était le premier investisseur étranger en Turquie. Aujourd'hui, ce n’est plus le cas et elle a laissé sa place aux autres pays… L'Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique, l’Espagne, ou l'Autriche, mais aussi à des nouveau pays en d’Asie en voie de développement.
Nous étudions toujours les besoins du marché et les attentes de nos clients, pour créer un produit qui correspond aux attentes du marché turc. Cette année par exemple, nous avons révisé nos prix en fonction de la concurrence. Il faut constamment adapter nos produits si l'on veut augmenter notre part de marché en Turquie. D'autres facteurs sont pris en compte, comme celui de la clientèle notamment, qui a beaucoup changé ces dernières années. Aujourd'hui, de plus en plus de jeunes prennent l'avion pour voyager, c'est une tendance assez nouvelle. Les employés de PME-PMI forment aussi une clientèle assez récente, qui a explosé en 2012 : + 400%. Il y a six ans, la France était le premier investisseur étranger en Turquie. Aujourd'hui, ce n’est plus le cas et elle a laissé sa place aux autres pays… L'Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique, l’Espagne, ou l'Autriche, mais aussi à des nouveau pays en d’Asie en voie de développement.
La conjoncture économique et les difficultés financières d'Air France en début d'année ont-elles touché la Turquie ?
Aujourd'hui, réduire nos coûts est en effet au programme : la suspension du vol Istanbul-Marseille en hiver en fait partie, tout comme la réduction des trajets vers Toulouse. Il faut améliorer la qualité de nos services tout en recherchant une rentabilité maximum. Aujourd'hui, les clients cherchent les prix les plus bas. Nos clients "entreprises" aussi ont revu leur politique de voyage. Malgré tout, le secteur PME/PMI poursuit sa croissance grâce à l'attractivité de la Turquie. Ce fait compense les effets de la crise économique.
Aujourd'hui, réduire nos coûts est en effet au programme : la suspension du vol Istanbul-Marseille en hiver en fait partie, tout comme la réduction des trajets vers Toulouse. Il faut améliorer la qualité de nos services tout en recherchant une rentabilité maximum. Aujourd'hui, les clients cherchent les prix les plus bas. Nos clients "entreprises" aussi ont revu leur politique de voyage. Malgré tout, le secteur PME/PMI poursuit sa croissance grâce à l'attractivité de la Turquie. Ce fait compense les effets de la crise économique.
De plus, au niveau plus global, la compagnie a mis en place un plan appelé "Transform 2015", qui a pour but de gagner en réactivité, en flexibilité et en rentabilité pour être plus compétitifs. Il faut donc réduire nos coûts tout en poursuivant l'investissement pour le client. La ligne Paris-Istanbul fait partie de cette réorganisation, pour que les classes business accèdent aux mêmes services que les produits long-courrier. L'avenir s'annonce meilleur : après deux bilans des années 2011 et 2012 assez similaires, un redécollage est à espérer pour 2013. Le gouvernement prévoit encore 2-3% de croissance en Turquie. L'objectif est maintenant de faire partie de cette croissance.
Propos recueillis par Marlène Alibert et Meriem Draman (www.lepetitjournal.com/istanbul) jeudi 29 novembre 2012
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