Début juillet, des pluies torrentielles se sont abattues sur le nord de la Turquie, dans la province de Samsun. Les inondations ont tué douze personnes, dont six enfants. L’office public de logements TOKI, qui dépend directement du Premier ministre, est pointé du doigt. La revue satirique Gırgır revient sur la polémique en couverture de son dernier numéro
Cinq des douze victimes sont mortes dans leur appartement, situé en sous-sol d’un immeuble TOKI. Parmi elles, cinq enfants. Les responsables de l’office public ont-ils tenu compte du risque de catastrophe naturelle – en l’occurrence, d’un débordement du fleuve Mert – lorsqu’ils ont choisi l’emplacement de l’immeuble ?
Erdoğan Bayraktar, ministre de l’Environnement et du développement urbain, en est convaincu. “TOKI n’a pas fait d’erreur (…) mais nous assumons la responsabilité des pertes humaines. Si quelqu’un est en faute, à commencer par moi, il doit être puni”, a déclaré le ministre, cité par le quotidien Hürriyet Daily News, selon lequel une enquête est toujours en cours.
En Turquie, les soubassements des immeubles servent bien souvent de logement au concierge et à sa famille. Dans ces appartements, la lumière du jour pénètre à peine et les infiltrations d’eau sont courantes. Suite aux dernières inondations, le ministre a annoncé des mesures pour que les étages en sous-sol ne soient plus habités.
“Une fois tous les 500 ans”
Le ministre de l’Environnement s’est rendu sur les lieux avec deux de ses collègues, le ministre des Forêts et des eaux, Veysel Eroğlu, et celui de la Jeunesse et des sports, Suat Kılıç. Erdoğan Bayraktar et Veysel Eroğlu sont représentés à gauche sur la couverture de Gırgır, un parapluie ouvert à la main.
“La réussite est un travail d’équipe”, peut-on lire sur leur gondole, conduite par le Premier ministre Recep Tayyip Erdoğan. “Mesdames, messieurs, cinq livres le parapluie!” entonne le petit groupe.
Le chef du gouvernement a lui aussi dédouané les responsables de TOKI. “Les immeubles n’ont absolument pas été construits dans le lit d’une rivière”, a-t-il martelé avant d’ajouter, en réponse à la polémique. “Nous sommes face à un évènement qui se produit une fois tous les 500 ans.”
Le quotidien Sabah rappelle pourtant que l’Est de la mer Noire est fréquemment victime d’inondations meurtrières. Selon la liste établie par le professeur Hızır Önsoy, qui enseigne à l’université technique de la mer Noire (KTÜ), au moins 635 personnes sont mortes dans les 49 inondations et glissements de terrain qui ont frappé la région entre 1929 et 2012.
Anne Andlauer (www.lepetitjournal.com/istanbul) vendredi 20 juillet 2012
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire