Par Maud Druais | zaman france ven, 08/06/2012 - 10:13
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Le Comité France-Turquie a organisé un colloque au Sénat le 30 mai sur Istanbul et les enjeux architecturaux auxquels est confrontée cette ville. La question de son identité culturelle, remise en question par des transformations urbaines liées au développement des transports, a été minutieusement abordée.
Le 30 mai 2012 se pressait à l’entrée du Sénat rue de Vaugirard une petite foule de turcophiles : tous se rendaient à la conférence-débat sur le thème «Regards sur Istanbul», organisée par le Comité France-Turquie. Plusieurs intervenants de qualité et d’horizons divers se sont interrogés sur les enjeux de l’urbanisation et la vie culturelle stambouliote. La conférence a débuté avec l’intervention de Nicolas Monceau, maître de conférences en sciences politiques, directeur de l’ouvrage Istanbul, qui a dressé le portrait de la culture à Istanbul, dont les particularités sont à l’image du modèle économique national. La politique culturelle est en effet très largement privatisée, fonctionnant sur les investissements de fondations telles que Sakip sabanci, Istanbul modern ou SantralIstanbul.
Les archéologues en rêvaient, Marmaray l’a fait
La deuxième idée phare soulevée lors de cette conférence est celle d’une progressive «désincarnation» de la ville, qui perd de ses particularismes pour devenir une métropole comme une autre. Natacha Pakker, architecte urbaniste et enseignante à l’Ecole d’Architecture de Versailles a ainsi insisté sur les énormes chantiers qui font se confronter Istanbul à son passé. Le projet Marmaray par exemple : ce chantier visant à relier par le métro les quartiers de Gebze et Halkali a pris deux ans de retard en raison de découvertes historiques. Les fouilles ont d’ailleurs mis à jour l’existence du plus grand port de la ville au IVe siècle : le Port de Théodose, probablement détruit par un tsunami.
La priorité : un réseau de transport en commun
Ont enfin été diffusées des images de la mairie d’Istanbul promouvant la ville, puis un court-métrage, Ekümenopolis, qui contrastait avec la vidéo de la ville d’Istanbul. Le court-métrage montrait comment la ville croît de façon démesurée et déséquilibrée, renvoyant les personnes pauvres toujours plus loin à la périphérie des villes et privilégiant toujours le moyen de transport automobile. Cela a été l’occasion pour les deux derniers intervenants, Ali Topçu, architecte, et Christiane Blancot, architecte-urbaniste, d’apporter des réponses aux problèmes d’urbanisation que rencontre Istanbul. Pour Mme Blancot, Istanbul peut supporter la mondialisation : jusqu’à présent, elle a su conserver son identité entre tradition et modernité, réutiliser son patrimoine, et possède donc un savoir-faire qui se perpétue. Mais elle connaît un besoin urgent de développer son réseau de transports en communs. D’après Christiane Blanco, il s’agit de «la seule alternative valable».
Paris
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