jeudi 2 mai 2013

1ER MAI À ISTANBUL – Les affrontements redoutés ont fait des dizaines de blessés


Après trois années de célébrations relativement pacifiques, Istanbul a renoué ce mercredi avec les violences du 1er mai. A Şişli et Beşiktaş, des affrontements ont opposé pendant une bonne partie de la journée la police aux manifestants, déterminés à marcher vers la place Taksim malgré l’interdiction officielle.
Pas moins de 22.000 policiers étaient sur le qui-vive dès les premières heures du jour, appuyés par des dizaines de canons à eau et des grenades lacrymogènes. Selon la préfecture, 2.000 de ces grenades ont été tirées vers les manifestants et 25 personnes ont été blessées, dont 22 policiers. Les médias turcs ont quant à eux cité les noms d’une dizaine de civils blessés, dont trois dans un état sérieux. C’est à Şişli, Mecidiyeköy, Tarlabaşı et Beşiktaş que les affrontements ont été les plus violents.
Sur le boulevard Barbaros, à Besiktas (Photo FF)
Jets d’eau et de gaz contre jets de pierres et barricades
A Şişli, des milliers de membres de la Confédération des syndicats progressistes de Turquie (DİSK) se sont rassemblés tôt le matin devant de leur siège. Des membres des partis socialistes et anarchistes, ainsi que militants du Front révolutionnaire de libération du Peuple (DHKP) les y ont rejoints. Ensemble, ils ont tenté de marcher vers la place Taksim. Les forces de police ont entrepris de les disperser à coups de grenades lacrymogènes. Kani Beko, le leader de DISK, a condamné dans une interview à l’agence Anatolie “cette terreur d’Etat envers les ouvriers.”
Les manifestants se sont ensuite rassemblés dans les petites rues de Şişli. Les affrontements ont duré jusqu’en milieu d’après-midi, la police tentant toujours de disperser les civils, qui essayaient continuellement de se regrouper. Quelques-uns jetaient pierres et cocktails Molotov sur les policiers. Pour construire des barricades, les manifestants ont utilisé des poubelles, scooters à pizza et autres matériaux trouvés dans la rue. Ils ont endommagé vitrines et voitures, tandis que les forces de l’ordre ont également causé des dégâts en tirant leurs grenades vers l’intérieur des boutiques, immeubles ou sur les manifestants.
Les civils touchés par les gaz ont cherché à s’abriter dans les immeubles aux alentours. Par endroits, les nuages de gaz envahissaient même ceux qui étaient restés chez eux. Certains civils, les yeux irrités et en larmes, tentaient d’apaiser la douleur avec les citrons que des habitants distribuaient. Au moins 16 personnes ont été emmenées à l’hôpital Şişli Etfal à cause des gaz, ont rapporté certains médias.
Les manifestants avaient prévu des masques et du citron
pour se protéger des gaz (photo AA)
Pour le préfet, une riposte “extrêmement proportionnée”
A Beşiktaş, le rassemblement a commencé vers 7h30. Des membres et sympathisants du Parti républicain du peuple (CHP), du Parti communiste et du Parti des travailleurs ont annoncé leur intention de manifester en cortège vers la place Taksim. La police est intervenue une première fois au gaz lacrymogène pour disperser la foule. D’autres groupes les ont rejoints entre 9h et 10h et ont à nouveau été dispersés par les gaz et les canons à eau sur le boulevard Barbaros et dans les rues adjacentes.
Profitant de la confusion, certains groupes isolés ont cassé des pavés et ramassé des pierres pour les jeter en direction des forces de l’ordre. D’autres étaient munis de bâtons et de barres de fer. La vitre d’un abribus a volé en éclats. Les heurts ont continué, par intermittence, jusqu’à 13h30. Trois ambulances sont arrivées sur place pour emmener des victimes de malaise ou de jets de grenade, dont un journaliste de l’agence de presse Doğan. Le numéro 2 du CHP, Gürsel Tekin, a aussi été hospitalisé après un malaise.
Le préfet d’Istanbul, Hüseyin Avni Mutlu, a rejeté la responsabilité des heurts sur des “groupes marginaux rassemblant entre 3.000 et 3.500 personnes” et a qualifié la riposte policière “d’extrêmement proportionnée”. Dans une déclaration, Hüseyin Avni Mutlu a précisé que 72 personnes avaient été placées en garde à vue.
Découvrez en son et en images le reportage de l’équipe du petitjournal.com d’Istanbul (photos AA et FF) : http://www.lepetitjournal.com/istanbul
Anne Andlauer et Fanny Fontan  mercredi 1er mai 2013

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