Istanbul accueille, ce mardi 30 avril, la deuxième Journée Internationale du Jazz de l’Unesco. Cet événement annuel a vu le jour à l’initiative du légendaire pianiste Herbie Hancock, ambassadeur de l’Unesco pour le dialogue interculturel et président de l’Institut du Jazz Thelonious Monk. Présidé par Irina Bokova, la directrice générale de l’Unesco, l’événement vise à rassembler toutes les communautés, écoles et citoyens du monde autour du jazz, son histoire et ses vertus. L’objectif est d’utiliser le jazz comme un moyen de communication transcendant toutes les différences, un langage universel.
Autour d’Herbie Hancock, de nombreuses pointures de jazz* se produiront pour un concert sans précédent ce soir dans la ville hôte. A rencontre exceptionnelle, cadre à l’acoustique enchanteresse : Sainte-Irène (Hagia Irene), la première cathédrale de Constantinople, située aujourd’hui dans le parc du musée de Topkapı. L’entrée n’est possible que sur invitation. Les habitants d’Istanbul et du monde entier pourront toutefois visionner le concert en streaming grâce à ce lien.
Pour cette Journée internationale, concerts, lectures, tables-rondes, ateliers, questions/réponses en compagnie de grands musiciens, auront lieu à travers Istanbul. Mais des centaines d’autres événements auront aussi lieu dans plus de 150 pays. Pour en savoir plus sur le programme de la journée dans les différentes villes du monde consultez le programme en ligne.
Le jazz et la Turquie
“Avec ses capacités d’improvisation, sa malléabilité, et sa manière d’intégrer de nouvelles textures harmoniques et rythmiques, la musique turque possède certainement un potentiel de collaboration exceptionnel avec le jazz”, peut-on lire sur le site de l’Unesco. En témoigne le Blue Rondo a la Turk, devenu standard, composé en 1959 par Dave Brubeck, qui s’était inspiré du rythme en 9/8, typique de la musique turque traditionnelle.
Une des rencontres les plus commémorées entre la Turquie et le jazz remonte à 1934, même si l’arrivée du jazz en Turquie est sûrement antérieure à cette date. Lorsque Mehmet Munir Erteğun est nommé ambassadeur de la jeune République de Turquie aux Etats Unis, ses deux jeunes fils, Neshui et Ahmet (17 et de 11 ans), plongent vite dans la scène jazz de Washington DC. Ils fréquentent les lieux les plus en vogue de la ville. Ils poursuivent leur voie et créent la maison de disques Atlantic Records. En produisant des artistes tels que John Coltrane, Charlie Mingus, Dave Brubeck and the Modern Quartet, ainsi que d’autres grands artistes de l’époque, comme Ray Charles, Aretha Franklin, Otis Redding, Solomon Burke et Ben E. King, ils vont révolutionner le monde de la musique.
Depuis, le jazz a gagné peu à peu la Turquie, du moins ses plus grandes villes. L’ouverture du premier département de jazz du pays en 2010, à l’université Hacettepe d’Ankara, est la preuve que ce genre musical commence à être reconnu.
Le jazz en Turquie
Il est assez difficile de reconstituer l’historique précis du jazz en Turquie, par manque de documents. C’est donc le projet du réalisateur Batu Akyol : un documentaire intitulé Jazz in Turkey. Autour de chercheurs, musiciens turcs et étrangers, personnalités du monde du jazz, il retrace le parcours de ce genre, perçu au départ comme une “musique occidentale légère” avant de devenir “la musique de la liberté” (voir la bande-annonce).
Aujourd’hui, le jazz turc est plus vivant que jamais. Les nombreux festivals* et concerts de jazz, ainsi que la multiplicité des artistes turcs qui rayonnent en témoignent et classent Istanbul sur la scène internationale.
Fanny Fontan (http://www.lepetitjournal.com/istanbul) mardi 30 avril 2013
*Liste (non-exhaustive) des musiciens présents à Istanbul pour ce concert :
Pianistes : Herbie Hancock,John Beasley, George Duke, Robert Glasper, Keiko Matsui , Eddie Palmieri,Ramsey Lewis
Chanteurs/ses : Al Jarreau, Milton Nascimento, Dianne Reeves, Esperanza SpaldingRubén Blades
Trompettistes : Hugh Masekela, Imer Demirer, Terence Blanchard
Bassistes/contre-bassistes : James Genus, Marcus Miller, Ben Williams, (E. Spalding),
Batteurs : Terri Lyne Carrington,Vinnie Colaiuta
Guitaristes : Bilal Karaman, John McLaughlin, Lee Ritenour, Joe Louis Walker
Saxophonistes : Dale Barlow, Igor Butman, Wayne Shorter, Liu Yuan, Branford Marsalis
Clarinettistes : Anat Cohen, Hüsnü Şenlendirici
Violoniste : Jean-Luc Ponty
Percussionniste : Pedrito Martinez
Maître en tablas : Zakir Hussain
*Festivals : Jazz in Ramadan, Jazz in Istanbul d’IKSV, Akbank jazz festival, mais aussi de plus petits, avec des artistes locaux comme celui du 60m2, du 3 au 17 mai.
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