Les éditorialistes turcs reviennent sur la victoire de Barack Obama face à son concurrent républicain, Mitt Romney. Est-ce une bonne nouvelle pour la Turquie ? Que peut-elle en attendre ou pas? Revue des principaux quotidiens
“Soulagement”. C’est le mot qui revient le plus, dans les quotidiens turcs, pour commenter la réélection de Barack Obama à la tête des États-Unis. Soulagement personnel pour certains, qui comme Mustafa Akyol dans Star ou Cengiz Çandar dans Radikal, affichaient avant l’élection leur soutien pour le président sortant. Soulagement supposé, surtout, de l’exécutif turc.
"Finale exceptionnelle", la Une de Hürriyet hier.
“En Turquie, les cercles les plus opposés au gouvernement de l’AKP ne veulent pas qu’Obama soit élu”, écrivait Reha Muhtar dans Vatan la veille du vote. “Car si Romney est élu, ils savent que le pouvoir des néoconservateurs grandira aux États-Unis… Et si les néoconservateurs se renforcent, les relations entre la Turquie et les États-Unis changeront, parce qu’il y a un monde entre l’attitude d’Obama et celle des néoconservateurs américains vis-à-vis de l’AKP… Or Tayyip Erdoğan et Barrak (sic) Obama sont très proches... Il n’y a jamais eu de problème entre eux”, constate l’éditorialiste.
Hasan Cemal dans Milliyet note aussi que les relations turco-américaines sous Obama ont suivi un cours positif, malgré les différends d’Ankara avec des pays comme l’Irak ou Israël. Selon lui, le “dialogue” qu’entretiennent depuis quatre ans le président Obama et le Premier ministre Erdoğan a joué un rôle essentiel dans le maintien de ces bonnes relations.
Obama félicité... et attendu
Mais Ankara a des attentes à l’égard d’Obama, auquel le peuple américain vient de renouveler sa confiance pour quatre ans. “Attentes”, c’est le deuxième mot qui revient dans les colonnes des quotidiens turcs. Recep Tayyip Erdoğan ne s’en est d’ailleurs pas caché. Le lendemain du vote, il concédait n’avoir pas “mis la pression” sur Barack Obama en quête d’un deuxième mandat, pour mieux souligner ensuite ses “attentes” envers le président réélu, notamment sur le dossier syrien.
Mais Ankara a des attentes à l’égard d’Obama, auquel le peuple américain vient de renouveler sa confiance pour quatre ans. “Attentes”, c’est le deuxième mot qui revient dans les colonnes des quotidiens turcs. Recep Tayyip Erdoğan ne s’en est d’ailleurs pas caché. Le lendemain du vote, il concédait n’avoir pas “mis la pression” sur Barack Obama en quête d’un deuxième mandat, pour mieux souligner ensuite ses “attentes” envers le président réélu, notamment sur le dossier syrien.
“Les relations entre la Turquie et les États-Unis devraient entrer dans une ère nouvelle et intense”, prédit Serkan Demirtaş, du journal anglophone Hürriyet Daily News. Certes, ajoute-t-il, “la politique étrangère relativement non-interventionniste et multilatérale d’Obama ne devrait pas beaucoup changer mais on s’attend à ce qu’il soit beaucoup plus engagé dans les affaires du monde pendant son deuxième mandat.”
Deuxième… et dernier mandat. Dans le même quotidien, Mustafa Aydın suppose que Barack Obama est désormais soucieux de laisser une trace, un “héritage” de ses années à la Maison-Blanche. “Les présidents américains sont élus en fonction de leurs opinions sur les affaires intérieures, notamment économiques, mais si l’on se souvient d’eux, c’est à cause de leurs succès ou de leurs échecs dans les affaires internationales“, écrit l’éditorialiste.
Et de développer : “La plupart des présidents réélus, libérés de la pression d’avoir à affronter un nouveau scrutin, s’efforcent de laisser leur empreinte sur l’histoire. On se souvient de Ronald Reagan, par exemple, pour son rôle dans la fin de la Guerre froide. (…) Obama doit encore accomplir ce pour quoi on se souviendra de lui. La Syrie et l’Iran seront ses principaux tests.”
"Le monde plébiscite Obama" en Une de Aksam
L’héritage d’Obama : Syrie ? Iran ? Proche-Orient ?
Aydın imagine par exemple l’instauration d’une zone de sécurité aérienne (no fly zone) le long des frontières turques et jordaniennes avec la Syrie, ou encore des “négociations (in)directes avec l’Iran” sur son programme nucléaire, en plus des sanctions déjà appliquées.
Aydın imagine par exemple l’instauration d’une zone de sécurité aérienne (no fly zone) le long des frontières turques et jordaniennes avec la Syrie, ou encore des “négociations (in)directes avec l’Iran” sur son programme nucléaire, en plus des sanctions déjà appliquées.
La Syrie, l’Iran… et le conflit israélo-palestien, ajoute Mustafa Akyol dans Star. L’éditorialiste attend une politique “plus courageuse” de la seconde administration Obama sur ce dossier. “Il pourrait exercer davantage de pression sur le régime israélien”, avance-t-il. Akyol fait partie de ceux qui pensent que Barack Obama était le meilleur candidat “pour la Turquie et pour le monde musulman”, par opposition à “l’effroi” que provoquait chez ce chroniqueur “la ligne agressive de l’administration Bush défendue par Mitt Romney.”
Même sentiment chez Cengiz Çandar, de Radikal, qui se réjouit de la réélection de “Barack Hussein Obama”. “Tout comme Clinton, il n’a sans doute pas comblé nos attentes” pendant son premier mandat “et on peut même parler de déception”, écrit-il. Mais à l’aube de ce second mandat, l’éditorialiste s’arrête encore une fois sur le symbole que constituent l’élection -- et la réélection – d’un Noir-Américain à la Maison-Blanche. “On ne trouvera plus jamais de président des États-Unis qui porte ce nom. On peut encore très bien s’en accommoder pendant quatre ans”, conclut Cengiz Çandar.
Anne Andlauer (www.lepetitjournal.com/istanbul) vendredi 9 novembre 2012
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