L’innocence et les couleurs : deux thèmes abordés ce week-end au
Musée du Louvre par le prix Nobel de littérature, Orhan Pamuk. Au programme,
samedi, une discussion avec Sophie Basch, professeur de littérature française.
Hier, c’est le comédien Jérôme Deschamps qui est monté sur scène pour une
lecture d’extraits de romans de l’écrivain sur le thème des couleurs. Un
évènement qui a permis à l’auteur d’évoquer sa passion pour la peinture et
l’histoire de son célèbre roman, Mon nom est rouge
“Quand
j’avais six ou sept ans, je peignais beaucoup et mon ambition était de devenir
un peintre célèbre”, confie Orhan Pamuk à l’issue de la lecture. A défaut,
un autre rêve s’est réalisé : celui de devenir écrivain célèbre. A l’âge de 22
ans, Orhan Pamuk commence à écrire et délaisse quelque peu la peinture. Cette
passion, il ne l’abandonne pas : il l’assouvit à travers la littérature, domaine
dans lequel il excelle. Ainsi est né le roman Mon nom est rouge.
Nostalgique du bonheur de peindre, de cette
“joie que procure le fait d’être seul avec ses toiles et ses pinceaux”,
Orhan Pamuk a voulu écrire sur les peintres et cette grande culture qu’est,
selon lui, l’enluminure. Avant d’entreprendre un tel roman, il se documente,
consulte des ouvrages, observe des miniatures et lit les commentaires qui les
accompagnent. Commentaires très conventionnels, qui portent sur la situation de
l’image à une période donnée. Ce n’est pas ce qui intéresse le plus Orhan
Pamuk : “Je prenais du plaisir à regarder ces peintures de façon
intemporelle”, explique l’écrivain. Il estime finalement que ses recherches
lui ont apporté des informations bien trop académiques et qui lui
“encombraient la tête”.
Pour éviter d'écrire un texte très objectif
auquel le lecteur ne pourrait s’identifier, Pamuk décide d’introduire des
sentiments personnels dans son roman – l’absence de son père par exemple –
allant jusqu’à donner aux personnages les véritables prénoms de membres de sa
famille. Même s’il avoue aujourd’hui regretter un peu d’avoir dévoilé tant de
choses personnelles, Orhan Pamuk juge ces éléments nécessaires pour rendre son
œuvre moins “froide”. “C’est un bonheur de transformer la peinture
en mots et d’oublier sa description académique, qui est utile mais qui ne nous
émeut pas” observe le prix Nobel. Pour lui, cela ne fait pas de doute :
“La peinture et la littérature sont des arts frères.”
Orhan Pamuk s’avoue donc heureux d’avoir réussi à
publier cet ouvrage, fruit d’un travail de 10 ans et qui a rencontré un grand
succès dans le monde entier. “Je suis ravi d’avoir évoqué cette culture et
d’avoir réussi à la transmettre”, conclut-il.
Margaux Agnès (http://www.lepetitjournal.com/istanbul.html)
lundi 29 octobre 2012
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