La nouvelle constitution fait débat
Par AFP | ZAMAN FRANCE mar, 08/05/2012 - 17:17
Le Parlement turc s'est lancé dans la rédaction d'une nouvelle Constitution censée effacer toute empreinte des généraux putschistes, un projet ambitieux devenu le nouveau champ de bataille entre l'AKP et l'opposition.
Lundi, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a annoncé que «la phase de rédaction de la nouvelle constitution a débuté». Et de réaffirmer son intention de transformer le système parlementaire actuel en système présidentiel, à l'orée des présidentielles de 2014. Dominant la politique turque depuis dix ans, M. Erdogan, qui dirige l'AKP, a fait de la Turquie un acteur régional avec une croissance économique vigoureuse (8,5% en 2011) qui fait pâlir d'envie l'Union européenne, à laquelle Ankara veut adhérer. Il a remporté trois élections législatives successives depuis 2002 mais ne pourra briguer un quatrième mandat, selon les statuts de l'AKP. Il souhaiterait, selon les commentateurs, échanger son poste de Premier ministre pour celui d'un président disposant de vrais pouvoirs, et continuer à diriger le pays. «Nous allons discuter de tout cela, qu'il s'agisse d'un système présidentiel ou semi-présidentiel», a-t-il dit lundi, ajoutant que le dernier mot reviendrait au Parlement, où l'AKP est très majoritaire. Déjà accusé d'autoritarisme par l'opposition - les arrestations de journalistes se sont multipliées ces derniers mois - M. Erdogan et ses ambitions provoquent la controverse. «On vit déjà sous un semi-diktat, allons nous vers une dictature constitutionnelle ?» s'est interrogé Riza Türmen, député du CHP (Parti républicain du peuple), et ex-juge à la Cour européenne des droits de l'Homme. «Nous ne sommes pas favorables à un système présidentiel», averti Devlet Bahçeli, le chef de file des nationalistes au Parlement. «Si tout se passe comme il (Erdogan) le souhaite, et qu'il devient le premier Président de Turquie avec des pouvoirs à l'américaine ou à la française, il y aura débat sur la séparation des pouvoirs», estime Murat Yetkin, rédacteur en chef du journal Hürriyet Daily News.
Un texte qui «mettra en avant le citoyen et non l'Etat»
Une commission parlementaire spéciale a consulté la société civile et les minorités religieuses pour bâtir un texte qui sera le quatrième depuis la création de la République turque, en 1923. L'objectif est d'élaborer un texte plus démocratique remplaçant l'actuelle constitution héritée des généraux qui avaient pris le pouvoir en 1980. M. Erdogan s'est dit favorable à un texte qui «mettra en avant le citoyen et non l'Etat». Le projet serait achevé d'ici la fin de l'année et soumis à référendum. Des réformes introduites par l'AKP ont considérablement réduit l'influence des militaires, jadis acteurs politiques majeurs et gardiens auto-proclamés de la laïcité. Des dizaines de hauts gradés sont en prison, accusés de complots contre le régime. Mais la constitution de 1982 est restée en vigueur, en dépit de nombreux amendements. D'âpres batailles sont à prévoir au Parlement sur le nouveau texte: le parti pro-kurde de la paix et de la démocratie (BDP) veut des droits accrus pour les 12 à 15 millions de Kurdes (sur une population de 73 millions), ce à quoi sont opposées les autres formations. Et le CHP, qui dénonce une dérive islamiste du pouvoir, exige que les références à Mustafa Kemal Atatürk, et à son héritage laïc soient maintenues dans le nouveau texte. «De sérieuses interrogations subsistent sur la méthode à adopter. Ce processus peut à tout moment s'enliser», prévient Ibrahim Kaboglu de l'Université stambouliote de Marmara, qui fait partie des experts consultés.
Lundi, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a annoncé que «la phase de rédaction de la nouvelle constitution a débuté». Et de réaffirmer son intention de transformer le système parlementaire actuel en système présidentiel, à l'orée des présidentielles de 2014. Dominant la politique turque depuis dix ans, M. Erdogan, qui dirige l'AKP, a fait de la Turquie un acteur régional avec une croissance économique vigoureuse (8,5% en 2011) qui fait pâlir d'envie l'Union européenne, à laquelle Ankara veut adhérer. Il a remporté trois élections législatives successives depuis 2002 mais ne pourra briguer un quatrième mandat, selon les statuts de l'AKP. Il souhaiterait, selon les commentateurs, échanger son poste de Premier ministre pour celui d'un président disposant de vrais pouvoirs, et continuer à diriger le pays. «Nous allons discuter de tout cela, qu'il s'agisse d'un système présidentiel ou semi-présidentiel», a-t-il dit lundi, ajoutant que le dernier mot reviendrait au Parlement, où l'AKP est très majoritaire. Déjà accusé d'autoritarisme par l'opposition - les arrestations de journalistes se sont multipliées ces derniers mois - M. Erdogan et ses ambitions provoquent la controverse. «On vit déjà sous un semi-diktat, allons nous vers une dictature constitutionnelle ?» s'est interrogé Riza Türmen, député du CHP (Parti républicain du peuple), et ex-juge à la Cour européenne des droits de l'Homme. «Nous ne sommes pas favorables à un système présidentiel», averti Devlet Bahçeli, le chef de file des nationalistes au Parlement. «Si tout se passe comme il (Erdogan) le souhaite, et qu'il devient le premier Président de Turquie avec des pouvoirs à l'américaine ou à la française, il y aura débat sur la séparation des pouvoirs», estime Murat Yetkin, rédacteur en chef du journal Hürriyet Daily News.
Un texte qui «mettra en avant le citoyen et non l'Etat»
Une commission parlementaire spéciale a consulté la société civile et les minorités religieuses pour bâtir un texte qui sera le quatrième depuis la création de la République turque, en 1923. L'objectif est d'élaborer un texte plus démocratique remplaçant l'actuelle constitution héritée des généraux qui avaient pris le pouvoir en 1980. M. Erdogan s'est dit favorable à un texte qui «mettra en avant le citoyen et non l'Etat». Le projet serait achevé d'ici la fin de l'année et soumis à référendum. Des réformes introduites par l'AKP ont considérablement réduit l'influence des militaires, jadis acteurs politiques majeurs et gardiens auto-proclamés de la laïcité. Des dizaines de hauts gradés sont en prison, accusés de complots contre le régime. Mais la constitution de 1982 est restée en vigueur, en dépit de nombreux amendements. D'âpres batailles sont à prévoir au Parlement sur le nouveau texte: le parti pro-kurde de la paix et de la démocratie (BDP) veut des droits accrus pour les 12 à 15 millions de Kurdes (sur une population de 73 millions), ce à quoi sont opposées les autres formations. Et le CHP, qui dénonce une dérive islamiste du pouvoir, exige que les références à Mustafa Kemal Atatürk, et à son héritage laïc soient maintenues dans le nouveau texte. «De sérieuses interrogations subsistent sur la méthode à adopter. Ce processus peut à tout moment s'enliser», prévient Ibrahim Kaboglu de l'Université stambouliote de Marmara, qui fait partie des experts consultés.
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