mercredi 26 juin 2013

ANKARA: HIER À 19H – Des milliers de manifestants demandent justice

Lundi, la treizième cour de justice d'Ankara a libéré sous conditions l'officier de police Ahmet Ş., auteur présumé du coup de feu qui a tué le manifestant Ethem Sarısülük à Ankara début juin. Si cette libération surveillée n'est pas synonyme d'acquittement, la décision provisoire de la cour d'Ankara a provoqué hier soir une nouvelle vague de manifestations.
Côte à côte contre le fascisme.” Le slogan phare des manifestants résonne de nouveau dans les grandes avenues d'Ankara, d'Istanbul, d'Izmir et de Bodrum. Cette fois-ci, les contestataires de la place Taksim ne sont ni debout, ni immobiles. Assis en tailleur, le düşenadam (l'homme qui tombe) dénonce la mise en liberté de l'officier de police Ahmet Ş., soupçonné d'avoir mortellement blessé à la tête Ethem Sarısülükle 1er juin dernier. Le düşenadam lève son poing pour le faire aussitôt retomber. La main n'est que symbole, elle représente le corps du jeune Ethem.
Crédit photo: http://www.sendika.org
Une vidéo très largement diffusée sur les réseaux sociaux le montre s'écroulant subitement face à un policier casqué. Le contestataire de 26 ans est décédé le 14 juin des suites de ses blessures. Plus de 2.000 personnes se sont rendues hier à 19h place Taksim, sans aucune violence ni intervention de la police. A Ankara, toutefois, les forces de l'ordre sont intervenues en fin de soirée à coup de gaz lacrymogène et de canons à eau.
Une décision provisoire mais contestée
Veli Dalgalı, le procureur chargé de l'enquête sur la mort d'Ethem Sarısülük, a affirmé lundi que les coups de feu tirés par l'officier de police Ahmet Ş. entraient “dans les limites de la légitime défense”. Suite à cette déclaration, la treizième cour de justice d'Ankara a libéré l'officier sous deux conditions. La première l'assigne à un compte-rendu hebdomadaire de ses actes auprès d'un commissariat de police, la seconde l'interdit de voyager à l'étranger. Le vice-Premier ùinistre a insisté hier lors d'une conférence de presse :“Sa mise en libération sous conditions probatoires ne signifie pas qu'il a été acquitté par la cour.” La décision provisoire a suscité beaucoup de colère au sein de la famille du défunt d'abord, auprès des manifestants ensuite. Quelques heures après l'annonce de la mise en libération de ce policier, des centaines de manifestants ont marché sur la rive asiatique d'Istanbul jusqu'au parc Yoğurtçu, à Kadıköy. Des cortèges s'étaient également improvisés à Izmir, Ankara et, dans une moindre mesure, dans le quartier stambouliote de Beşiktaş.
Possible saisine de la Cour européenne des droits de l'Homme
Kazım Bayraktar, l'un des avocats de la famille Sarısülük prévient : “Nous avons désormais l'assurance qu'il existe une protection envers les officiers de police commettant des crimes. C'est l'occasion pour nous de faire appel à la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH).” Affirmant que la cour d'Ankara n'avait pas pris en compte toutes les preuves et témoignages à l'encontre du principal suspect, l'avocat soutient que la famille Sarısülük va saisir la CEDH avant d'avoir épuisé toutes les voies de recours internes possibles. Mais le dossier de la famille Sarısülük risque de ne pas être traité par la Cour pour manquement à la procédure habituelle. L'épuisement des voies de recours internes est une “condition indispensable” pour qu'une demande soit examinée, a rappelé la CEDH il y a trois mois.
Diane Jean (http://lepetitjournal.com/istanbul) mercredi 26 juin 2013

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