TAKSIM - Nouvelle intervention sur la place samedi, 4.900 arrestations depuis le 1er jour
Samedi soir, la police a une nouvelle fois utilisé la force pour disperser les milliers de manifestants qui s'étaient réunis sur la place Taksim. Ces événements interviennent alors que le gouvernement turc avait assuré tout au long de la semaine que la situation était revenue à la normale.
Plusieurs milliers de personnes se sont à nouveau réunies samedi soir, sur la place Taksim, afin de commémorer l'évacuation du parc Gezi, survenue une semaine plus tôt, et pour rendre hommage aux quatre victimes du mouvement de contestation. Vers 20h30, après plusieurs sommations, la police a eu recours aux canons à eau afin de disperser la foule.
Photo capture d'écran
Des heurts entre manifestants et forces de l'ordre, principalement dans les rues adjacentes de la place Taksim, ont continué jusqu'à tard dans la nuit. Pour repousser les contestataires, la police à de nouveau utilisé du gaz lacrymogène, alors que son usage, jugé excessif par plusieurs ONG, dont Amnesty international, a provoqué de nombreuses polémiques.
La semaine dernière, le gouvernement avait assuré à de maintes reprises que la situation était revenue à la normale en Turquie. Ce que contestent plusieurs observateurs, dont le chercheur français Jean Marcou, qui écrivait hier sur le site de l'Observatoire de la vie politique turque (Ovipot): “Au cours de la semaine qui vient de s’écouler, un certain nombre de manifestations, d’actes de résistance, de protestations civiques, à Istanbul et dans différentes villes de Turquie, ont montré que la situation était loin d’être «normalisée», quoiqu’en disent les différentes autorités du pays.”
“Je demande à chacun d'être extrêmement vigilant”
Depuis Erzurum, une ville de l'est de la Turquie, où il s'exprimait hier devant des milliers de partisans acquis à sa cause, Recep Tayyip Erdoğan s'en est pris sévèrement à l'opposition. “Je demande à chacun d'être extrêmement vigilant devant ceux qui essayent de monter les gens les uns contre les autres en Turquie. Le leader du parti républicain du peuple (CHP) et ses partisans font leur maximum pour aboutir à ce résultat.”
Le Premier ministre s'est également adressé à la communauté alévie, qui avait organisé, la veille, un défilé rassemblant quelques 80.000 personnes, dans la ville allemande de Cologne, afin de manifester son opposition au gouvernement turc : “Je m'adresse à tout mes concitoyens alévis. Qui dirigeait le pays en 1938 au moment du massacre de Dersim [ndlr, qui aurait fait entre 40.000 et 80.000 victimes] ? Le CHP. Est-ce que le CHP s'est excusé ? Mais Recep Tayyip Erdoğan l'a fait en tant que Premier ministre.”
Bilan officiel de la contestation
Autre événement marquant de la journée d'hier, la publication, par le ministère de l'Intérieur, du premier bilan officiel de la contestation. Selon les chiffres communiqués au quotidien turc Milliyet, 2,5 millions de personnes auraient pris part aux manifestations dans 79 villes différentes. Les autorités font en outre état de 4.900 arrestations et de 4.000 blessés, dont 600 policiers, alors que l'Union des médecins turcs (TBB) parle de 7.800 blessés. Enfin, 58 bâtiments publics, 337 magasins, 454 voitures, dont 240 appartenant à la police, 90 bus municipaux et 45 ambulances auraient été endommagés. Le total des dégâts atteindrait un montant de 140 millions de livres turques (55 millions d'euros).
Jonathan Grimmer (http://www.lepetitjournal.com/istanbul) lundi 24 juin 2013
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