D'après l'Institut turc des statistiques (TÜIK), le nombre d'employées dans les métropoles du pays a fait un bond de 50% en cinq ans. Faut-il parler d'un résultat prometteur, quand on sait qu'il y a à peine deux ans, la Banque mondiale estimait que les femmes étaient “la plus grande ressource inexploitée en Turquie”?
Selon le TÜIK, entre 2008 et 2013, le nombre d'employées dans les métropoles du pays est passé de 3,2 à 4,8 millions. Autrement dit, en cinq ans, 1,5 million de citadines ont trouvé un emploi - l'équivalent de la population de Marseille. Avec le concours de la Banque Mondiale, le gouvernement a pris plusieurs initiatives depuis 2008 afin de favoriser l'insertion des femmes sur le marché du travail. Le gouvernement de l'AKP (Parti de la justice et du développement) au pouvoir presse notamment les entreprises pour qu'elles embauchent davantage de profils féminins, sous peine de couper les cotisations de la SGK, la sécurité sociale turque.
Au regard d'une population turque à majorité jeune et urbaine (71% de la population turque habite les villes, ndlr), l'insertion des femmes dans le secteur tertiaire à haute productivité connaît une évolution notable. Désormais, 45% des femmes employées exercent une profession dans ce secteur, contre 35% dans le secteur primaire (ou agricole) et environ 20% dans le secteur secondaire (ou industriel). Mais l'exode rural enclenché dans les années 50 n'a pas toujours été synonyme d'autonomisation pour la plupart des femmes. Avant 2008, celles sans emploi qui venaient s'installer en ville se voyaient systématiquement octroyer le statut de “femme au foyer”. Ce n'est que très récemment que les citadines à la recherche d'un emploi sont comptabilisées en tant que “chômeurs”. Il y a deux ans, la Banque Mondiale avait rapporté que ce changement de statut et l'augmentation du taux d'activité chez les femmes n'était “qu'un moyen pour renflouer l'économie du pays et réduire la pauvreté”.
Des emplois “vulnérables”
La Turquie compte autant de femmes que d'hommes. D'après l'Organisation Internationale du Travail (OIT), sur 10 personnes appartenant à la population active turque, 7 sont des hommes et 3 sont des femmes. Quand l'OIT classe les pays selon le ratio femmes/hommes de leur population active, la Turquie occupe la 19e place en partant de la fin, entre la Libye et le Soudan. Et pourtant il y a à peine cinq ans de cela, Feyhan Evitan Canbay, consultante au projet de soutien des femmes entrepreneurs avait répondu au petitjournal.com : “Contrairement à ce que l'on pense, les femmes d'affaires sont plutôt bien représentées dans la vie professionnelle turque.”
D'autres dimensions sont à prendre en compte comme l'accès à l'éducation, l'évolution de la place de la femme au sein de la cellule familiale turque, les aides à la maternité et la garde d'enfants, le niveau des salaires qu'elles perçoivent, la qualité des emplois et les responsabilités auxquels ces femmes ont accès. Or, près d'une femme sur deux qui travaille, exerce une profession dite “vulnérable”. Ce qui signifie que dans la population active féminine la moitié exerce un emploi familial non rémunéré ou travaille à leur compte.
Conditions que les plus grandes entreprises du pays se sont engagées à améliorer en février dernier. Elles ont initié un projet “The Equality at Work Platform” (l'égalité sur les lieux de travail, ndlr) qui ambitionne l'égalité des sexes dans la distribution des salaires et dans l'accès à l'emploi. L'objectif sur trois ans est d'augmenter la participation des femmes dans le milieu commercial et de réduire l'écart hommes-femmes concernant les opportunités et salaires en Turquie de 10%.
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