Au cours d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne hier, l'Allemagne a proposé de reporter la reprise des négociations avec la Turquie. Pour autant, Berlin a assuré ne pas vouloir fermer la porte à Ankara.
Les négociations entre l'Union européenne (UE) et la Turquie, qui devaient reprendre mercredi 26 juin après trois ans d'interruption de fait, pourraient finalement être reportées à la fin de l'année. C'est en tout cas ce qu'a proposé Berlin hier, lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne qui s'est tenue au Luxembourg.
Vendredi dernier, l'Allemagne avait fait part de ses réticences à engager les discussions au sujet du chapitre 22, portant sur la politique régionale. Officiellement, selon Berlin, cette décision était due à des motifs techniques, relatifs à l'incompatibilité “structurelle” de l'économie turque avec l'UE. Mais pour beaucoup, le blocage allemand faisait surtout suite à la répression du mouvement de contestation de la place Taskim, qui a valu à Ankara de nombreuses critiques de la part de plusieurs gouvernements européens.
Crédit photo Ian Usher (Flickr,CC)
L'Allemagne propose un “compromis
Pour autant, l'Allemagne ne souhaite pas clore définitivement les pourparlers avec la diplomatie turque. Guido Westerwelle, le ministre des Affaires étrangères allemand, a indiqué hier avoir transmis une proposition, en guise de compromis, au gouvernement irlandais, qui assure actuellement la présidence de l'Union européenne. Selon un diplomate allemand cité par l'agence Reuters, ce compromis consisterait à reporter la reprise des négociations à la fin de l'année, après la publication en octobre du rapport annuel de l'UE sur la situation en Turquie, portant entre autres sur les progrès dans le domaine des droits de l'homme. Ce qui, pour Angela Merkel, offrirait l'appréciable avantage d'intervenir après les élections législatives allemandes du mois de septembre.
Comme le rapportait lepetitjournal.com d'Istanbul jeudi dernier, les conservateurs de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), le parti de la chancelière allemande, ont inscrit dans leur programme électoral la non-intégration de la Turquie à l'UE. L'ouverture d'un nouveau chapitre de négociations aurait donc pu se révéler embarrassante pour la chef de file du CDU.
La Turquie veut rester confiante
Le blocage de l'Allemagne ne fait pas l'unanimité au sein de l'Union européenne. "Nous ne faisons pas de la politique au jour le jour. Nous faisons de la politique pour les années, pour les décennies à venir. Nous ne pouvons pas changer la stratégie de l'Union européenne uniquement parce que des mouvements de contestation surgissent ici ou ailleurs", a observé le chef de la diplomatie suédoise, Carl Bildt. Avis partagé par le Financial Times qui écrivait hier dans ses colonnes : "L’ajournement systématique des pourparlers décrédibilise le processus d’adhésion. Déjà humiliés par des rebuffades répétées, les responsables politiques turcs remettent désormais ouvertement en question la sincérité de l’Europe. Certains en ont conclu que la Turquie devait tourner le dos à Bruxelles."
Mais personne à Ankara ne veut croire que l'Union européenne persistera dans sa volonté de bloquer le processus d'adhésion. Bülent Arınç, le vice-premier ministre turc, a dit croire hier que l'UE trouverait une solution “positive” au problème. "Nous croyons que l'UE doit adopter une approche qui prenne en compte la dimension stratégique des relations entre l'Union et la Turquie", a-t-il ajouté.
Jonathan Grimmer (http://www.lepetitjournal.com/istanbul) mardi 25 juin 2013
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