mardi 14 mai 2013

ISTANBUL, HIER ET AUJOURD’HUI – Les Eaux douces d’Europe…


Nouveau voyage dans le temps, quelque part entre Constantinople et Istanbul. Chantal et Jacques Périn nous emmènent voguer sur les Eaux douces d’Europe… et vous proposent une nouvelle photo mystère !
Les eaux douces d’Europe (hier)
Bien avant les touristes européens du début du XXème siècle, les sultans et la bourgeoisie stambouliote du XIXème siècle s’intéressèrent à ces jolies prairies traversées par les deux petites rivières Kağıthane et Alibeyköy.
Bordés de plus de 170 jolis pavillons de chasse ou villas, ces deux ruisseaux se jetant dans la Corne d’Or inspirèrent les occidentaux qui appelèrent le lieu “Eaux douces d’Europe” par opposition aux “Eaux douces d’Asie” de Kandilli sur la rive orientale du Bosphore.
Cette jolie vallée attira l’attention du Sultan Ahmet III qui y fit construire le Kiosque Çağlayan appelé également Sadabad, entouré de magnifiques jardins de tulipes.
Photographes Sebah & Joaillier (circa 1890)
Lors de la rébellion du Janissaire Patrona Halil qui, en 1730, démit le Sultan Ahmet III, beaucoup de kiosques furent incendiés dont celui de Sadabad et les jardins furent détruits.
Malgré les efforts entrepris par les sultans suivants pour réhabiliter le lieu, aucun ne put lui restituer le lustre et la beauté de l’époque de l’Ère des tulipes, où les fêtes de campagne du grand vizir Ibrahim Pacha battaient son plein.
Le temps où les Stambouliotes venaient assister aux courses équestres, concours de javelot ou de lutte, divertissements poétiques et musicaux était désormais révolu et on ne voyait plus de barques glisser doucement le long des berges.
Désertées par les promeneurs, Les Eaux douces furent alors investies par les fabriques, ce qui entraîna une importante pollution de l’eau de la Corne d’Or qui se vit, à son tour, délaissée pour les eaux plus propres du Bosphore.
Les Eaux douces d’Europe (aujourd’hui)
Laissé quasiment à l’abandon, le terrain fut investi par la centrale électrique Silahtarağa qui, de 1914 à 1983, alimenta le tramway, la rive européenne puis, en 1926 la rive asiatique d’Istanbul.
Dans les années 40, une école militaire y prit ses quartiers et c’est en 1996 que l’Université Bilgi ouvrit ses portes.
Photo J.P. (2012)
Aujourd’hui, la centrale électrique est transformée en musée où on peut découvrir les turbines qui fonctionnaient au charbon ainsi que la salle des cadrans de contrôle.
Si les “Eaux douces d’Europe” d’aujourd’hui n’ont plus rien de commun avec celles d’hier, la Corne d’Or a bénéficié en 1980 d’un vaste programme de réhabilitation qui lui a donné un aspect beaucoup plus attrayant et des eaux beaucoup plus propres qu’il est toujours agréable d’admirer du haut de la terrasse du Café Pierre Loti.
Jacques et Chantal Périn (www.lepetitjournal.com/istanbul) mardi 14 mai 2013
LA PHOTO DE LA SEMAINE - Connaissez-vous bien votre ville?
Chaque semaine, désormais, nos auteurs vous proposent un petit jeu: deviner dans quel lieu la "photo de la semaine" a été prise.
Regardez la photo de droite: où trouve-t-on cette corniche peinte ?
Il s’agissait du Turbe fleuri de la Sultane Emetullah Râbia Gülnuş à Üsküdar.
Il était une fois une jeune crétoise emmenée comme esclave par l’armée ottomane lors de la prise de l’île en 1646.
Elevée au sein du harem de Topkapi, la petite Evmania Voria reçoit une éducation qui lui permet rapidement d’attirer l’attention du Sultan Mehmet IV dont elle devient la favorite puis l’épouse sous le nom de Sultane Emetullah Râbia Gülnuş.
En 1664 elle donne naissance à son premier fils Mustafa II puis, neuf ans plus tard à Ahmet III qui tous les deux règneront de 1695 à 1730.
Pendant 20 ans, elle occupe la place très convoitée de “Sultane Valide” et influence la politique de la Sublime Porte. Elle obtient la participation de Charles XII de Suède, aux côtés de l’Empire ottoman, dans la guerre contre la Russie en 1711.
En 1715, elle décède à Edirne et son corps est inhumé dans le complexe de la Yeni Valide Sultan Camii d’Üsküdar construite entre 1708 et 1710.
On lui attribue la volonté de reposer dans un turbe à ciel ouvert afin que la pluie bienfaisante puisse arroser naturellement les rosiers plantés sur sa sépulture ce qui explique l’étrange forme de cage de son mausolée.

Retrouvez ici notre interview des auteurs de cette chronique et leur dernier article consacré à la fontaine de la mosquée d’Eyüp. Jacques Périn et sa femme Chantal ont aussi créé un site en hommage à la Turquie: Turquieaimée

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