L'épineuse question de la levée des visas pour les ressortissants turcs vers l'Union européenne revient une nouvelle fois sur le devant de la scène. Le président Abdullah Gül a récemment exprimé son mécontentement à l’égard des instances européennes en insistant sur les conséquences économiques des restrictions.
"Les procédures de visas sont malheureusement trop lentes et c’est une grande injustice", a déclaré Abdullah Gül jeudi dernier lors d'un forum d'affaires turco-lituanien à Vilnius. Le président turc a dénoncé l'absence d'un protocole d'exemption des visas entre l'UE et la Turquie, réclamé depuis longtemps par le gouvernement d’Ankara. Selon le chef d’Etat, cité par l’agence Anadolu, il s’agit d’une lacune pour l’UE de ne pas signer un accord d’exemption de visas avec une grande économie comme la Turquie quand on le signe avec le Brésil, qui est un pays d’Amérique latine, et avec les pays qui n’ont pas encore entamé les négociations d’adhésion."
Profitant de ce forum en Lituanie, il a appelé les responsables du pays à porter ce sujet lorsque Vilnius assurera la présidence tournante de l'UE, de juillet à décembre 2013. Le président turc a également appelé de ses vœux l’ouverture de nouveaux chapitres de négociation lors de cette présidence lituanienne.
Crédit photo Ian Usher (Flickr,CC)
Un débat au cœur des préoccupations économiques
Selon le dirigeant turc, la politique de visas de l'Union européenne affecte directement les citoyens turcs faisant affaire avec l’UE. La Turquie est membre de l'Union douanière, a rappelé Adbullah Gül, les produits turcs peuvent donc circuler librement dans la région alors que les propriétaires et producteurs de ces produits ne le peuvent pas. Un paradoxe également souligné par Ziya Müezzinoğlu, ancien ambassadeur et ministre, président de la Fondation Turquie-Europe, dans une récente interview au petitjournal.com d’Istanbul. "La Turquie peut contribuer, avec sa jeunesse, sa croissance, ses initiatives, au rétablissement économique de l’Europe. Elle pourrait aussi renforcer l’UE d’un point de vue politique", explique-t-il.
Selon le dirigeant turc, la politique de visas de l'Union européenne affecte directement les citoyens turcs faisant affaire avec l’UE. La Turquie est membre de l'Union douanière, a rappelé Adbullah Gül, les produits turcs peuvent donc circuler librement dans la région alors que les propriétaires et producteurs de ces produits ne le peuvent pas. Un paradoxe également souligné par Ziya Müezzinoğlu, ancien ambassadeur et ministre, président de la Fondation Turquie-Europe, dans une récente interview au petitjournal.com d’Istanbul. "La Turquie peut contribuer, avec sa jeunesse, sa croissance, ses initiatives, au rétablissement économique de l’Europe. Elle pourrait aussi renforcer l’UE d’un point de vue politique", explique-t-il.
Selon l'ancien ministre, les raisons qui poussent l'UE à rester stricte en matière de délivrance de visas ne sont pas qu'économiques. "Certains prétendent que si les Turcs n’ont plus besoin de visas, ils se précipiteront vers l’Europe et les emplois des Européens. Elle (la Turquie, ndlr) a fait de gros progrès pour combattre le chômage, qui s’établit aujourd’hui à 9%, c’est-à-dire un taux proche voire inférieur à ce qu’on observe ailleurs en Europe. Je pense donc qu’il faut chercher les véritables raisons ailleurs. L’une d’elles, c’est la crainte qu’inspirent les migrants qui transitent par la Turquie pour rejoindre l’Europe", argumente-t-il.
La Turquie renforce les droits des migrants
Le jour où le président turc manifestait son mécontentement à Vilnius, la Turquie adoptait justement une loi renforçant les droits des migrants, une initiative immédiatement saluée par l’UE. Pour combler le flou juridique qui dominait jusqu'alors, le texte prévoit le droit pour tout étranger en passe d'être expulsé de déposer un recours et de bénéficier d'un avocat commis d'office. Le Parlement n'a en revanche pas créé de véritable statut de réfugiés pour les demandeurs d'asile : le pays craint en effet de devoir assumer seul l'accueil des flux migratoires venant de l'Irak ou de Syrie, entre autres.
Le jour où le président turc manifestait son mécontentement à Vilnius, la Turquie adoptait justement une loi renforçant les droits des migrants, une initiative immédiatement saluée par l’UE. Pour combler le flou juridique qui dominait jusqu'alors, le texte prévoit le droit pour tout étranger en passe d'être expulsé de déposer un recours et de bénéficier d'un avocat commis d'office. Le Parlement n'a en revanche pas créé de véritable statut de réfugiés pour les demandeurs d'asile : le pays craint en effet de devoir assumer seul l'accueil des flux migratoires venant de l'Irak ou de Syrie, entre autres.
Le nouveau texte permet également aux individus qui ne sont citoyens d'aucun pays d'obtenir une carte d'identité d'individu apatride en Turquie. Enfin, les étrangers séjournant depuis huit ans en Turquie avec un permis de séjour pourront se voir délivrer un permis de résidence permanent. “La Commission a confiance dans le fait qu’une fois entrée en application, cette loi répondra à plusieurs problèmes identifiés dans la feuille de route de la commission pour la libéralisation des visas” avec la Turquie, ont réagi les commissaires européens Stefan Füle (élargissement) et Cecilia Malmström (affaires intérieures).
Marlène Alibert (http://www.lepetitjournal.com/istanbul) lundi 8 avril 2013
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