jeudi 11 avril 2013

KAŞ - Une pétition pour libérer quatre dauphins


L’écrivaine turque Buket Uzuner a récolté 20.000 signatures pour demander la libération de quatre dauphins au maire de Kaʂ, Abdullah Gültekin.
Buket Uzuner s’est rendue le 8 avril auprès des autorités de Kaʂ afin de leur délivrer cette pétition. Au cours d’une conférence de presse, l’auteure a expliqué vouloir que Kaʂ devienne un “paradis pour les dauphins” et a incité le maire à interdire les delphinariums. “Nous appliquerons des sanctions légales”, a répondu l’intéressé. Buket Uzuner a également appelé le gouverneur, Selami Kapankaya, à soutenir cette initiative.
Le mouvement réunit plus d’une centaine de personnes, dont les membres de la plateforme Yunuslara Özgürlük (Liberté pour les dauphins). Son porte-parole, Öykü Yağcı, a promis de continuer “à travailler pour faire fermer les parcs à dauphins” qui se multiplient dans le pays. En février 2012, lepetitjournal.com d’Istanbul rapportait déjà le lancement d’une pétition similaire pour la protection des cétacés.
Des libérations controversées
Selon le blog de l’organisation internationale Dolphin Project, la Turquie abrite 10 parcs aquatiques accueillant des dauphins, souvent capturés en mer et forcés de jouer le rôle de “clowns”. Les gestionnaires de ces parcs d’attraction arguent généralement du fait que des animaux nés en captivité, ou restés trop longtemps dépendants de l’homme, n’ont aucune chance de survivre dans la jungle océane.
On se souvient du cas de Keiko, l’orque star de Sauvez Willy. Après le film, de nombreuses associations s’étaient unies afin de libérer l’animal. Il avait fallu mettre en place un programme onéreux où l’épaulard apprenait peu à peu la vie sauvage. Malgré tous les efforts des scientifiques, Keiko est mort moins d’un an après sa libération près des côtes norvégiennes. Si cette expérience s’est soldée par un échec, d’autres ont cependant réussi.
Deux dauphins libérés en Turquie
C’est le cas notamment de Tom et Misha, deux dauphins remis en liberté en mai 2012 après des années de captivité. Attrapés au large des côtes turques, les cétacés avaient atterri dans un bassin crasseux à Hisarönü, après un bref séjour de formation pour nager avec les touristes, à Kaʂ, rapportait à l’époque la chaîne CNN. Alertés par les conditions insalubres dans lesquelles ils étaient retenus, plusieurs citoyens et activistes du monde entier avaient œuvré à leur libération.
Grâce à l’organisation Born Free, Tom et Misha ont été transportés dans la baie de Gökova où ils ont suivi un entraînement intensif sur plusieurs mois afin d’être capables de se nourrir sans l’aide des humains et de retrouver leur instincts naturels. Ils ont ensuite été relâchés dans la mer avec des balises GPS. Après quelques jours de liberté, ils avaient déjà parcouru une centaine de kilomètres et se dirigeaient vers le lieu de leur capture afin, présume-t-on, d’y retrouver leurs proches.
Des textes non respectés
La Turquie - tout comme la France – est pourtant signataire de la Convention de Berne sur la conservation de la vie sauvage. Un texte qui prohibe la capture, la détention et le transport de ces animaux. Par ailleurs, l'article 3 de la Directive Zoo exige des zoos et delphinariums qu'ils participent "à la recherche dont les avantages bénéficient à la conservation des espèces et/ou à la formation pour l'acquisition de qualifications en matière de conservation et/ou à l'échange d'informations sur la conservation des espèces et/ou, le cas échéant, la reproduction en captivité, au repeuplement et à la réintroduction d'espèces dans les habitats sauvages".
Or, comme le démontre une récente étude menée par l’ONG WDCS, aucun parc marin ne répond à ces exigences, ni en Europe, ni ailleurs dans le monde, “et encore moins à la dernière d’entre elles : le repeuplement et la réintroduction des petits cétacés dans leurs habitats d’origine”, dénonce le site Dauphin libre. Certains pays ont déjà interdit les delphinariums. C’est le cas du Costa Rica, du Chili, du Brésil ou de la Grande-Bretagne.
Fanny Fontan (http://www.lepetitjournal.com/istanbul) jeudi 11 avril 2013

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