lundi 8 avril 2013

Le quartier de Galata et son histoire juive


Comme toutes les minorités qui cohabitent sur les bords du Bosphore, la population juive a marqué de son empreinte l’urbanisme de certains quartiers. L’histoire des juifs d’Istanbul se construit essentiellement dans ceux de Galata et Hasköy. Au travers de quelques monuments de Galata, retraçons une petite histoire de ces juifs stambouliotes…
La galerie d’art Schneider Temple
Situé dans une petite ruelle, non loin des escaliers de Camondo (voir ci-dessous), seule l’étoile de David gravée au-dessus de l’entrée permet de reconnaître le bâtiment. Cette ancienne synagogue ashkénaze, qui était initialement un atelier de tailleur, a été transformée en galerie d’art en 2001. Elle accueille chaque mois des artistes de tous horizons.
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L’ancien lieu de culte a cessé de fonctionner en 1964 et ne servait plus depuis. La population juive d’Istanbul a beaucoup diminué au cours du 20ème siècle et avec elle, les besoins en lieux de culte. "Il y a actuellement une vingtaine de synagogues en activité mais de nombreux lieux de culte sont laissés à l’abandon", regrette Sylvio Ovadya, président de la Communauté juive de Turquie de 2009 à 2011.
Pour conserver ce patrimoine culturel et historique, quelques projets voient le jour. "Cette galerie d’art a été financée par la communauté ashkénaze", explique au petitjournal.com d’Istanbul Izel Rosental, dessinateur stambouliote à l’initiative de ce centre culturel.
Les ashkénazes sont arrivés d’Europe de l’est en Turquie à partir du XVIIème siècle. Les différences entre les communautés restent importantes. Pour le dessinateur, qui est juif ashkénaze, "les modes de vies divergent entre les différentes communautés juives".
Adresse: Felek Sokak No.1, Karaköy, (0212) 249 01 50
Web: www.schneidertempel.com/english.html
Ouverture : Lundi-vendredi, 10h30-17h; fermé le samedi; dimanche, midi-16h
Les escaliers de Camondo
Ces escaliers de style art-nouveau (situés dans la rue des Banques/Bankalar caddesi de Karaköy) sont l’héritage d’une famille de banquiers juifs séfarades : les Camondo. Chassés d’Espagne pendant l’Inquisition au XVème siècle, ils se réfugient en Italie puis à Constantinople. Cet exil forcé fut le sort partagé par de nombreux séfarades. Ils auraient été 120.000 à quitter l’Espagne et 90.000 à être accueillis dans l’Empire ottoman par le sultan Bayezid II.
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Les séfarades représentent de nos jours la majorité des juifs de Turquie. Sur les 18.000 juifs stambouliotes, plus de 17.000 font partis de cette communauté.
La famille Camondo a activement participé à la modernisation du système bancaire turc. Leur maison, sur l’entrée de la Corne d’or, a récemment été rénovée ainsi que la tombe du célèbre Comte Abraham Camondo, qui se trouve au cimetière juif de Hasköy.
La synagogue Neve Shalom
Cette synagogue est l’un des plus grands lieux de culte séfarade d’Istanbul. "La communauté juive d’Istanbul n’est pas très pratiquante. Une petite minorité, d’environ 5 %, suit fidèlement les règles religieuses", explique Sylvio Ovadya.
Photo Cybermacs, Flickr/CC
Neve Shalom a été victime de trois attentats en 1986, 1997 et 2003. Des cérémonies y sont toujours célébrées. "Dans l’ensemble, nous n’avons pas de problèmes particuliers. Les clichés sur les juifs sont résistants” regrette simplement l’ancien président de la communauté juive de Turquie.
Revenant sur la vision du judaïsme dans la société, il confie qu’un "amalgame est fait avec Israël alors que tous les juifs vivant ici sont turcs avant tout.” Cette vision a “exacerbé les tensions lors de la guerre à Gaza, en 2008 et 2009 où l’antisémitisme a connu un regain à Istanbul", selon Sylvio Ovadya. L’impact sur la communauté juive de l’arraisonnement du Mavi Marmara, en 2010, a été moindre que lors du conflit de Gaza, observe-t-il toutefois.
Adresse : Bereketzade Mh., Büyük Hendek Cd No:61, Beyoğlu.
Pour visiter la synagogue, s’adresser au Grand rabbinat.
Synagogue ashkénaze
C’est la dernière synagogue ashkénaze en activité d’Istanbul. Les ashkénazes sont une minorité juive de près de 300 membres dans la ville. D’autres petites communautés survivent comme les karaïtes, qui sont près de 150 et qui sont concentrés dans le quartier de Hasköy.
Photo Cybermacs, Flickr/CC
Tous les courants juifs présents en Turquie ne cessent de perdre des membres avec, entre autres, le départ de familles en Israël et les mariages mixtes. Des mariages qui, selon l’ancien président de la communauté des juifs de Turquie, représentent 25% des mariages de la communauté. "Juifs ou musulmans, nous sommes tous turcs ", tient cependant à ajouter et Sylvio Ovadya, l’ancien président de la communauté juive d’Istanbul.
Adresse : Yusekkaldirim Sok No 37
Pour visiter la synagogue,
s’adresser au Grand rabbinat.
Aurélie Darblade (http://www.lepetitjournal.com/istanbul) lundi 8 avril 2013
Pour en apprendre encore plus sur les liens forts qui unissent la Turquie et les juifs, rendez-vous au musée juif : 500. Yıl Türk Musevileri Müzesi Arap Cami Mh., Perçemli Sk No:1, Beyoğlu

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