"Comment es-tu arrivée là, ma fille?", demande le Binali Yıldırım de la caricature à une étudiante de Boğaziçi, assise avec un groupe de garçons sur la pelouse de la prestigieuse université stambouliote. L'étudiante lui répond : "J'ai étudié pendant des années, j'ai obtenu les meilleures notes aux examens et j'ai été admise". "Je vais te sauver de ce bourbier!" lui promet alors le ministre.
Le dessinateur de Penguen joue ici sur le double sens de la question. Elle peut signifier : "Comment es-tu entrée dans cette université ?" mais aussi "Comment as-tu pu tomber si bas ?"
En effet, la caricature fait directement référence à une phrase prononcée il y a quelques jours par le ministre des Transports. Lors d'un bal organisé à Izmir pour les anciens étudiants de l'Université technique d'Istanbul (ITÜ), dont il fait partie, ce dernier a expliqué avoir renoncé à faire ses études à l'université du Bosphore après une visite sur son campus: "J'ai vu que c'était un autre monde. Des bâtiments différents… et puis les jeunes filles et garçons étaient assis ensemble sur la pelouse ! J'ai été décontenancé. Je me suis dit que je m'égarerais ici... Il fallait que j'étudie!" a déclaré Binali Yıldırım (cliquer ici pour voir la vidéo).
"Ne pas s'asseoir, faire l'amour"
Une citation très remarquée, tout de suite suivie sur twitter par les étudiants de Boğaziçi et de l'ITÜ, qui ont commenté cette "sortie de route" avec humour. Une femme diplômée de l'Université du Bosphore écrit à son mari : "Si tu n'avais pas fait fausse route en t'asseyant à côté de moi sur la pelouse de Boğaziçi, tu serais devenu ministre!"
D'autres internautes ont choisi de commenter le passé du ministre, marié dans sa deuxième année à l'université et accueillant son premier enfant un an plus tard. "Il a choisi İTÜ au lieu de Boğaziçi, mais s'est marié en deuxième année. Sa devise devait être : Ne pas s'asseoir, faire l'amour", s'amuse un tweet.
Dans les colonnes du quotidien Vatan, le journaliste Mustafa Mutlu fait remarquer que le ministre des Transports vient "d'une région rurale où la séparation entre les sexes est énorme". Pour cette raison, explique-il, "il est normal dans une certaine mesure qu'il soit consterné par l'Université du Bosphore, qui a toujours été la plus démocratique, égalitaire et libre en Turquie. Cependant, il est effrayant que Binali Yıldırım, en dépit du fait que 40 années se sont écoulées et qu'il occupe l'un des postes les plus importants dans le gouvernement, ait toujours la même mentalité", commente le journaliste.
Marlène Alibert (http://www.lepetitjournal.com/istanbul) vendredi 8 février 2013
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire