Recep Tayyip Erdogan, premier ministre turque, avait annoncé en avril 2011 la construction d’un canal sur la rive européenne du Bosphore au niveau d’Istanbul, afin de désengorger le trafic maritime entre la Mer Noir et la Mer de Marmara.
Le 27 septembre dernier, soit un an et demi après, Dror Benshetrit, mandaté par la société en charge des travaux du canal, iNANLAR, et assisté de plusieurs experts internationaux, a présenté un autre projet pharaonique, permettant de mettre à profit le milliard de mètres cubes de remblais engendré par le percement du canal…
Sous le nom de HavvAda, le projet révèle une île artificielle de trois kilomètres de diamètre, composée de six collines dont la plus haute culmine à 400 m au-dessus de l’eau et pouvant accueillir au total jusqu’à 550 000 habitants sur près de 17 000 000 m² de construction.
Mais plus qu’un énième projet d’extension off-shore, le projet se veut avant-tout un nouveau modèle urbain, privilégiant le développement durable et la qualité de vie de ses futurs habitants. Le contraire eut été étonnant, et c’est peut-être encore une fois là que le bât blesse…
L’île est donc constituée à sa base des déblais du canal, et chaque colline s’appuie sur une structure en géode, mesurant de 230 à 400 mètres de diamètre. Les flancs accueille les zones de logements – pour profiter de la vue – alors que le cœur de chaque structure est réservé aux différents équipements de loisirs ou techniques.
Le projet propose de développer un écosystème et une thématique pour chacune des collines - créativité/musée, logique/éducation, économie/entreprises, famille/divertissement, santé/sport, et un stade – et réserve le centre de l’île aux espaces commerciaux qui se retrouvent donc à équidistance de chacune des collines – c’est très pratique. Une structure urbaine révolutionnaire donc, avec un centre dédiés aux commerces, et une périphérie au fonctions support et à l’habitation.
Evidemment, comment pourrait-il en être autrement, chaque colline-quartier fabrique sa propre – dans tous les sens du terme – énergie, recycle ses déchets et récupère l’eau de pluie. L’objectif est naturellement d’aboutir à une ville entièrement auto-suffisante et respectueuse de son environnement.
En images
Note de l’auteur
Les plus attentifs d’entre-vous auront sans doute remarqué la pointe d’ironie qui ponctue cette courte description. Alors pourquoi ? Oui, pourquoi essayer – encore une fois – de résoudre les problèmes urbains en partant d’une page blanche ? Il est évidement plus simple – et peut-être aussi plus rentable - de s’occuper de la conception d’une île paradisiaque pour riche propriétaire de yacht ou voilier que de tenter une proposition réellement innovante pour solutionner ne serait-ce qu’un des problèmes de l’agglomération d’Istanbul. Et en plus, cela ne permet pas de faire de jolis rendus d’une île parfaitement verte sous un si photogénique ciel d’orage…
Car si HavvAda Island devait réellement être un modèle de l’urbanisme de demain, elle devrait faire face à son plus grand défaut : l’isolement.
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