jeudi 21 juin 2012

1001 PORTRAITS - Özay Fecht ou une vie de jazz et de comédie entre Istanbul, Berlin, Paris et New York



Özay Fecht est née à Moda, sur la rive asiatique d''Istanbul. "A cette époque, nous allions sur la rive européenne d'Istanbul qu'une ou deux fois par an, c'était une véritable expédition réservée à certaines occasions" se souvient-elle. Polyglotte, elle a appris l'anglais avec des copains américains qui jouaient au basket dans les rues du quartier et n'avait qu'une envie "un jour j'irai apprendre à jouer la comédie en Europe"
Portait-collage (Sabine Buchmann)
Et à dix-huit ans, elle prend son sac, son courage et ses espoirs pour aller s'installer à Berlin. "Bien sûr je savais déjà chanter, avec mon père pianiste de jazz, je chantais du Ella Fitzgerald ou du Billie Holiday à l'âge de cinq ans, mais c'était tellement naturel et normal que je n'avais pas penser à en faire mon métier. Je voulais apprendre à jouer la comédie." Mais Özay ne réussit pas l'examen d'entrée au conservatoire de Berlin et avec son petit caractère bien trempé décide tout simplement d'entrer à l'université pour étudier l'Amerikanistik, soit l'étude de la civilisation américaine tout en prenant en parallèle des cours de mime et à travailler pour et avec une troupe de théâtre spécialisée dans la comédia del Arte. Sa soif de jouer ne s'arrêtera cependant pas au théâtre, elle veut jouer à l'écran et s'inscrit à une agence tout en se produisant de plus en plus dans des boîtes de Jazz. " Dans les années 1980, j'étais connue en Allemagne comme la turque qui chante du jazz." Özay a alors participé à divers festivals de Jazz en Allemagne et Autriche à l'occasion d'une grande tournée.
Quarante mètres carrés d'Allemagne et un Bundesfilmpreis
Un jour, elle est contactée par Tevfik Baser, metteur en scène turc pour le rôle d'une immigrée turque en Allemagne, dans le film Quarante mètres carrés d'Allemagne. Paradoxe puisque Özay à la voix d'or, est muette durant plus de soixante minutes du film, mais ce rôle lui vaudra en 1986, le Bundesfilmpreis, l'équivalent du César en Allemagne. "On me parle bien sûr toujours de ce rôle, et même si j'en suis contente , j'aimerais qu'on me parle aussi d'un autre rôle maintenant ! " Depuis Özay Fecht a joué dans plus de cinquante films, téléfilms et série TV.
" Je suis turque, allemande et bretonne "
En 1990, Özay qui ne parle pas un mot de français, mais l'apprend en trois mois décide de conquérir Paris et y restera quatre ans. Le temps pour elle d'acheter une maison en Bretagne à la Pointe au vent et de s'y attacher au point d'y aller chaque année quand elle ne va pas à Ibiza. Pourtant aucune audition concluante ne la satisfait et elle reprend donc la route pour New-York. Libre, curieuse et joueuse Özay aime construire sa vie comme un long voyage entre comédie et Jazz. Aux Etats-Unis, elle enregistre un disque Aniquated Love avec des musiciens comme David Murray ou Chico Freeman, suit des cours de comédie avec la célèbre Suzan Batson et va et vient en Alllemagne pour les besoins de divers tournages. Et puis elle joue dans la série française Engrenages le rôles de la mère mafieuse pour finalement jouer dans Un amour de jeunesse, son premier film français de Mia Hansen-Løve, présenté cette année au festival If-istanbul.
Stanbouliote à nouveau depuis 2007, Özay Fecht se prépare pour son prochain défi : le Danemark. J'adore le cinéma danois, les inventeurs du mouvement dit du dogme, où le scénario et le comédien priment sur le reste. Elle donne des cours de comédie au Digital Film Akademi et se produit dans des boîtes de Jazz de la rive asiatique et tourne, tourne et voyage et "il va falloir que j'apprenne le danois ".
Özay s'est aussi essayé à la réalisation de courts-métrages dans lesquels elle joue comme The button ou The touch.
Sabine Buchmann (www.lepetitjournal.com/istanbul) jeudi 21 juin 2012
Pour voir davantages de photos de l'artiste, rendez vous sur le blog de Sabine Buchman Couleurs d'Istanbul.

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