La France est la nouvelle tête de turc turque. Oui, oui. Alors que la question sur la pénalisation de la négation du génocide arménien pourrait vite revenir devant le Parlement, Ankara réagit et menace d’exclure les acteurs français de son marché florissant. L'industrie s'inquiète...
Devinez quelle est la spécialité française dont l’économie se passerait bien, parfois ?
Le boycott.
A part Israël, il n’y a sans doute pas un pays qui fasse à ce point enrager les peuplades du monde entier qu’elles finissent toujours, à un moment ou un autre, par boycotter nos produits.
L’histoire récente est pleine de ces petits moments de tension où la France se met régulièrement à dos ses partenaires économiques. Souvenez-vous des deux plus importants :
2003 : la France s’oppose à l’intervention américaine en Irak, le champagne français coule sur les trottoirs de New York et, horreur absolue, les french fries sont rebaptisées freedom fries.
2008 : Sarkozy rencontre le Dalaï Lama et c’est toute la Chine qui s’enflamme alors même que le dirigeant tibétain avait déjà été reçu par Brown, Bush ou Merkel, sans que cela entraine de pataquès impérieux. Carrefour est accusé de soutenir financièrement le Tibet et subit vite des pertes de 30 %.
On pourrait évoquer des campagnes moins importantes en Afrique, en Inde, ou tout récemment en Russie, ou Yves Rocher est à son tour accroché par les anti-Poutine (voir le papier du Figaro).
Bon, soyons honnêtes, si ces attaques sont régulières, les conséquences sont rarement importantes. L’affaire chinoise, d’ailleurs, a assez peu ébranlé Carrefour.
En revanche, le sujet du jour pourrait avoir des conséquences bien plus importantes.
En effet, si la France décide de pénaliser la négation du génocide arménien, ce ne sont pas quelques boites de foie gras qui vont nous rester sur les bras. Loin de là.
Sont en jeu :
- un contrat de 17 milliards d’euros pour quatre réacteurs nucléaires à Synop (près la mer Noire), pour lequel Areva et son partenaire japonais MHI seraient en pole position avec le réacteur de moyenne puissance Atmea, avec GDF Suez en possible opérateur.
- une commande de systèmes anti-aériens estimé à 3 milliards d’euros pour laquelle concoure le consortium franco-italien Eurosam (67% MBDA, 33% Thales)
- Une palanquée d’Airbus. La compagnie aérienne Turkish Airlines a de gros besoins et de beaux moyens. Elle vient déjà de signer l’achat à Airbus de 82 moyen-courrier pour un montant de 7 milliards d’euros et pourrait commander 150 Airbus supplémentaires.
On l’évoque assez peu mais, en dehors de l’UE et de la Suisse, la Turquie est le quatrième client de la France derrière les Etats Unis, la Chine et la Russie. Ce n’est pas rien.
Les majors du BTP français doivent être dans leurs petits souliers car la Turquie aujourd’hui a des airs de hotte du Père Noël. Le gouvernement prévoit la construction du plus grand aéroport du monde à Istanbul (150 millions de passagers par an), un nouveau tunnel sous le Bosphore, un nouveau pont, plus 36 500 km de routes. Y’aurait bien un petit truc turc pour les Français, non ? ...
La pression économique turque aura-t-elle raison de la question arménienne ?
Réponse probable dans quelques jours.
articel publié hier sur www.atlantisrh.fr
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire