Contrats à durée limitée, frais d’écolage exorbitants… Les enseignants MICEL sont en colère. Après plusieurs demandes et un préavis de grève laissés sans réponse, ils sont passés à l’action et ont occupé le Consulat de France hier, de 9h30 à 16h.
Les enseignants MICEL, en grève pour la première fois, ont occupé les jardins du Consulat de France hier pendant une grande partie de la journée. Après quelques heurts avec des agents de sécurité en début de matinée (banderole arrachée), ils ont obtenu le droit de manifester dans l’enceinte de l’Institut français et un entretien avec le Consul Général.
La MICEL (Mission de coopération éducative et linguistique) est une organisation de coopération franco-turque dans le domaine de l'enseignement. Elle emploie 56 enseignants français qui travaillent au sein du lycée et de l’Université de Galatasaray et celle de Marmara.
"Galatasaray, Marmara: Non au désengagement de la France", pouvait-on lire sur leur banderole (photo FF)
En fin de matinée, la participation au mouvement était de 89 %, selon Virgile Mangiavillano, l’un des organisateurs, également professeur de FLE (français langue étrangère) à l’Université de Galatasaray. Soutenus par des représentants des syndicats turcs KESK et EGITIM-SEN, ils ont lu le communiqué de presse à 12h30 afin de faire valoir leurs revendications.
Supprimer la limitation dans le temps des contrats
“Nous demandons à changer la durée de nos contrats. Aujourd’hui, 60 % d’entre nous sommes soumis à un CDD de deux ans renouvelable une fois. D’ici quelques années, ce sera la totalité des enseignants MICEL qui seront recrutés par des contrats précaire”, explique Virgile Mangiavillano. Pour eux, dans ces conditions de “rotation forcée”, il est impossible de prodiguer un enseignement de qualité. “Nous espérons donc pouvoir bénéficier de nouveaux contrats pour la rentrée 2014. En attendant, nous souhaitons de manière temporaire et transitoire, revenir aux contrats proposés avant 2009 : des CDD de un an renouvelables sans limitation.”
Sébastien Breux, professeur de physique au lycée de Galatasaray et l'un des représentants des enseignants, ajoute : “Nous ne sommes pas les seuls à en faire la demande. Tous les acteurs du système éducatif sont d’accord: les inspecteurs de l’éducation nationale française, les enseignants et directeurs des établissements turcs… La MICEL n’a aucune idée de la réalité du terrain.”
“A ce rythme là on risque voir arriver une vague d’enseignants touristes”, regrette Jean Comet-Barthe, également professeur de physique au lycée de Galatasaray. “Nous ne sommes pas dans une coopération de substitution des enseignants turcs. On essaie d’incorporer le système éducatif français dans le système scolaire turc. Il faut donc qu'au moins certains d'entre nous puissent acquérir une double culture, ce qui nécessite un temps d’acclimatation long.”
Frais d’écolage
En plus de la précarité de leurs contrats, les enseignants MICEL doivent en moyenne dépenser 7.000 euros par an pour scolariser leurs enfants dans les écoles françaises d’Istanbul. Le hic : leurs salaires mensuels oscillent entre 1.500 et 3.000 euros selon les échelons. Les frais d’écolage représentent donc une somme “astronomique” et empêchent souvent leur installation sur le long terme. “Tout ce qu’on demande, explique Nicolas Mallick, professeur de physique-chimie à l’Université de Galatasaray, c’est que ceux désirant s'engager à plus long terme aient la liberté de rester.”
(Crédit photo FF)
Afin de rendre cette situation plus sereine, Sébastien Breux propose que la MICEL et l’AEFE (Agence pour l’Enseignement Française à l’Etranger) prennent en charge une partie des frais de scolarité. “Et ainsi arriver à un rééquilibrage des coopérations.”
Un préavis de grève avait été déposé par les enseignants le 22 février. Mais depuis, aucune réaction des autorités concernées – si ce n’est une réunion informelle avec les représentants du ministère des Affaires étrangères vendredi dernier, au cours de laquelle “on a clairement essayé de nous endormir”, regrette amèrement Sébastien Breux. Avant d’ajouter : “Nous sommes des fonctionnaires français et nous demandons simplement un statut cohérent à notre fonction ainsi que de bonnes conditions d’enseignement. On craint par-dessus tout le désengagement de la France sur ce sujet.” Et de conclure : “Ce que nous attendons de cette manifestation? Une réaction. Et être partie prenante des négociations. Cette journée n’est pas une fin en soi, ce n’est qu’un début ! ”.
Fanny Fontan (http://www.lepetitjournal.com/istanbul) mercredi 20 mars 2013
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