La direction de l’Education nationale du district de Bahçelievler, à Istanbul, a ouvert une enquête contre un professeur d’histoire qui avait recommandé à ses lycéens la lecture du roman Samarcande. Cette œuvre de l'écrivain franco-libanais Amin Maalouf a été jugée “obscène” et dénigrant l’Islam par un particulier, dont l’agence de presse Doğan précise pourtant qu’il n’a pas d’enfant scolarisé dans ce lycée.
Ce dernier aurait déposé une plainte – accompagnée de photocopies des passages décriés – à la direction locale de l’Education nationale, qui aurait donné suite en ouvrant une enquête contre l’enseignant il y a un mois environ.
Cette nouvelle enquête intervient alors que deux classiques de la littérature ont récemment fait l’objet de procédures similaires : Mon bel oranger (1968) de l’écrivain brésilien José Mauro de Vasconcelos, pour un contenu jugé obscène par un parent d’élève, et Des souris et des hommes (1937) de l’Américain John Steinbeck, dont certains extraits ont été considérés comme "immoraux" par une commission de la direction de l’Education nationale de la province d’Izmir.
Face au tollé provoqué, le ministère de l’Education avait démenti avoir engagé une quelconque procédure contre ces deux ouvrages. “Notre ministère reçoit chaque jour entre 8.000 et 10.000 appels, dont certains concernent des plaintes. Pareillement, nous recevons des centaines, des milliers de lettres dont certaines sont des plaintes” a déclaré le ministre, Ömer Dinçer.
Samarcande (1988) conte la vie du grand poète persan Omar Khayyam et le sort d’un de ses manuscrits, rédigé au XIème siècle, égaré lors des invasions mongoles, retrouvé des siècles plus tard lors de la révolution constitutionnelle persane puis perdu à jamais dans le naufrage du Titanic.
Anne Andlauer (www.lepetitjournal.com/istanbul) vendredi 1er février 2013
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