lundi 28 janvier 2013

ART CONTEMPORAIN – Steven Riff, un galeriste français à Tophane


Steven Riff a ouvert en mai 2012 la première galerie stambouliote entièrement consacrée aux artistes internationaux. Il y expose des œuvres d’art contemporain, comme actuellement Stella et Venet.
Depuis mai dernier, le quartier de Tophane abrite une nouvelle galerie, RIFF ART PROJECTS. Contrairement à la plupart des lieux d’exposition d’art contemporain, cette galerie n’est pas un loft. Son propriétaire a choisi de jouer avec l’espace et de conserver les cloisons d’origine, en ajoutant même parfois. Semi-ouvertes, elles laissent circuler la lumière et créent une impression de perspective, de séquences. Chaque artiste peut ainsi y avoir son espace intime. Parfois, au contraire, le galeriste peut s’amuser à rapprocher deux univers, les faire se compléter.
Du haut de ses 27 ans, Steven Riff (photo FF ci-contre) a quitté la France et fermé ses galeries de Strasbourg et Paris, pour en ouvrir une nouvelle à Istanbul. Son histoire évoque celle de beaucoup de Français qui ont tout laissé derrière eux pour vivre ici : “Tout a commencé par un coup de foudre pour cette ville”. En 2009, Steven participe à la foire Contemporary Istanbul. Il y rencontre plusieurs collectionneurs turcs. Séduit par leur curiosité à découvrir de nouveaux artistes et leur intérêt pour l’art, il voit une possibilité de réaliser son rêve. Le marché de l’art grandit à Istanbul, il souhaite “prendre part à ce tissu culturel”.
Il décide de créer la première galerie stambouliote entièrement consacrée aux artistes internationaux. Et pourquoi pas, à terme, créer une passerelle entre les artistes français et turcs. Son projet mûrit pendant deux ans. Puis en janvier 2012 il se lance, achète un local et commence les travaux. Il implique les habitants du quartier dans la rénovation et emploie des Rums pour l’aider à installer les œuvres massives de Venet. Si certains galeristes ont subi la colère des habitants il y a quelques mois, lui se sent parfaitement intégré. “C’est important car j’essaie de faire partie de ce quartier, alors j’aime que les habitants fassent partie de l’histoire de la galerie”.
Stella et Venet, les affranchis
Depuis décembre, et jusqu’à la fin de la semaine, la galerie abrite les œuvres de Bernar Venet et Frank Stella. Une exposition qui fait date à Istanbul, car c’est la première fois que leurs œuvres touchent le sol turc. Une marque de confiance que Steven n’est pas près d’oublier.
Bernar Venet est le plus célèbre des sculpteurs français à l’international. Conceptuel au départ et très inspiré par les mathématiques, il s’est affranchi de ces codes et a libéré son geste. Connu aussi pour ses grands Arcs encadrant la statue équestre de Louis XIV en mai 2011, il recevra le prix international Julio Gonzalez le 27 mars prochain, un témoignage de reconnaissance déjà attribué à Frank Stella quelques années plus tôt. Ici, dans la galerie de Steven, si l’on s’attendait à de gros volumes, les sculptures sont plutôt murales et avoisinent les 215.000 euros.
Quant à Frank Stella, c’est un pionnier de l’art minimaliste. Autour de la galerie de Léo Castelli à New York, il fréquente les grands du pop art. Il a sans cesse évolué, au point d’opérer un virage à la fin des années 70. Il est désormais plus baroque, plus libre. Ses tableaux sont toujours construits et pleins de références. Il ne donne jamais les clés de ses œuvres mais elles font sens ici, à Istanbul. Il a beaucoup voyagé, beaucoup lu. La Penna de Hu est une série de tableaux inspirés de l’auteur italien Italo Calvino. Il a aussi réalisé une série intitulée Abu Hurayra en hommage à ce suiveur de Mahomet, connu pour ses idées humanistes et ses écrits sur le prophète. Certaines œuvres font référence aux anciennes peuplades de l’actuelle Arménie. Stella est passionné de techniques. Dans ses œuvres, il les mélange (sérigraphie, gravure sur bois, sur cuir, et techniques classiques). “C’est sans doute le plus grand artiste de l’estampe de la seconde moitié du XXème siècle”, explique Steven.
Venet et Stella habitaient dans le même immeuble à New York. Ils sont ensuite devenus amis. Venet collectionne d’ailleurs les œuvres de Stella. Cette exposition confronte et rapproche leurs univers. Tous deux ont libéré leur geste, se sont affranchis des courants qui les avaient rendu célèbres. Lorsque Steven leur a proposé cette exposition, ils ont sauté sur l’occasion. Pour admirer leurs œuvres, il faut se dépêcher. La semaine prochaine, il sera déjà trop tard.
Mais que les retardataires soient rassurés. Si Stella et Venet s’en vont, Riff Art Projects exposera du 15 févier à fin mars les clichés d’Ahmet Ertuğ. Le photographe turc est célèbre, entre autres, pour son grand livre sur les dômes du monde. Cette exposition marquera son grand retour sur la scène des galeries stambouliotes, après la BNF de Paris, Londres et autres endroits du globe. Si l’on connaît ses livres, il est rare que l’artiste montre ses photos. L’accueil promet donc d’être aussi fabuleux que pendant la foire Contemporary de novembre dernier… Pour les plus impatients, voici un aperçu de ses dernières photos dans le diaporama ci-dessous.

Fanny Fontan (http://www.lepetitjournal.com/istanbul) lundi 28 janvier 2013
Légende des trois premières photos : Frank STELLA / Bernar VENET Courtesy Riff Art Projects © 2013 Frank Stella/Artists Rights Society (ARS), New York
Puis: Galerie des Glaces Ahmed Ertug - Courtesy Riff Art Projects
Santral Istanbul - Ahmet Ertug - Courtesy Riff Art projects
Tarlabasi - Ahmet Ertug - Courtesy Riff Art Projects

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