mercredi 24 octobre 2012

bientôt Kurban Bayrami !


Gonzales, mastodonte de plus d’une tonne
La fête du sacrifice, ou Kurban Bayramı, est l'une des fêtes religieuses les plus importantes de l’Islam. Elle commémore le courage d'Abraham, qui fut prêt à offrir son fils à Dieu mais vit au dernier moment s'approcher un bélier “envoyé du ciel”.
Yakup Özdoğan et Gonzales (photo TQ)
Une dizaine de jours avant Bayram, moutons et vaches arrivent de toute l'Anatolie aux portes d'Istanbul, parqués sur des terrains vagues dans des tentes le plus souvent faites de bâches. Les animaux sont égorgés le jour de la fête, au retour de la mosquée. Après la cérémonie vient le temps de la cuisine : les femmes, le plus souvent, préparent un plat de morceaux de mouton ou de vache revenus dans leur graisse, le kavurma. On le déguste en famille, avec les amis ou encore les voisins. Les meilleurs morceaux sont distribués aux plus démunis.
Vendeurs et acheteurs se retrouvent donc sur de grands marchés à ciel ouvert, le plus souvent embourbés à cause de la pluie, du passage et des besoins naturels des animaux. L'odeur n'est pas celle du marchand de fleurs, cela va sans dire, mais elle ne semble pas déranger les hommes d'affaires en bottes qui s'y pressent.

Ali Rıza, un vendeur venu de Kars, dans le nord-est de la Turquie, est accompagné de son neveu et de leurs 31 vaches : “Nous avons fait 1.600 kilomètres pour venir ici, soit 32 heures de camion. Nos bêtes sont élevées sur de grands plateaux et nous ne les nourrissons qu'avec des produits naturels (herbe et foin). Le prix pour une vache normale est compris entre 2.000 et 2.500 livres turques, mais cela peut monter jusqu'à 7.000 pour les plus grosses. Cette période est vitale pour nous, car nous ne faisons qu'une vente, et celle-ci doit subvenir à nos besoins pour le reste de l'année... J'ai pour l'instant vendu 18 vaches, et j'ai bon espoir que les 16 autres trouvent preneur d'ici jeudi.” Ali Rıza loue son emplacement 4.000 TL à la municipalité.
Ali Rıza (photo TQ)
Un peu plus loin, son collègue Yakup Özdoğan. L'éleveur vient de Tokat, au centre de la Turquie, et tient absolument à montrer la plus belle pièce de son cheptel : “Gonsalez”, un énorme bœuf de plus d'une tonne. “Il a trois ans, est très docile et coûte 9.000 liras, êtes-vous intéressé ?” demande t-il avec le sourire, avant d’inviter à boire le thé.
“Une bête non sacrifiée est une bête malchanceuse”
Mehmet, lui, vend uniquement des moutons et des brebis. Il vient d'Erzincan, à 18 heures de route d'Istanbul. Le reste de l'année, il tient une enseigne de restauration proche de Taksim, mais il travaille 15 jours ici pour aider son père. Ils sont venus avec 140 têtes et le marchand assure ne pas s’inquiéter: “Pour les vaches, les achats se font plus tôt, mais pour les animaux moins gros, c'est toujours au dernier moment”. En évoquant une brebis blessée, il souligne qu'il ne peut pas la vendre et qu'elle est donc “malchanceuse de ne pas être sacrifiée, car elle manque un grand honneur ainsi que la chance d'être réincarnée. Cela fait partie de nos croyances.”
Les ventes devraient encore battre leur plein aujourd’hui, avant que les éleveurs ne lèvent le camp pour profiter des fêtes à leur tour.
D'autres photos du marché au bétail d'Anadolu Hisarı:

Tanguy Quidelleur avec Hüseyin Tüfenk (www.lepetitjournal.com/istanbul) mercredi 24 octobre 2012

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