La loi sur les sinistres, votée en mai par le Parlement turc, doit entrer en vigueur en septembre. Elle prévoit la transformation des zones exposées aux catastrophes naturelles. Dans un contexte où l’urbanisation sauvage tient lieu de règle, l’application de cette loi s’apparente une véritable aventure
“Tous les préparatifs nécessaires à l’application de la loi ont commencé après le Bayram” a annoncé Erdoğan Bayraktar, le ministre de l’Environnement et de l’Urbanisme. Selon le ministère, 40% des habitations du pays, soit environ 20 millions de bâtiments, sont en très mauvais état et seront probablement reconnues comme “exposées aux catastrophes naturelles”.
Un immeuble effondré à Van à la suite du séisme de 2011 (crédit FF)
Cette loi cherche notamment à prévenir le prochain tremblement de terre, annoncé comme dévastateur et dans les deux prochaines années, selon certains experts.
Le processus est censé démarrer à Istanbul. Les zones exposées à un risque sismique au premier et second degré, concernent les quartiers de Beşiktaş, Ortaköy, İstinye, Tarabya, Karaköy, Üsküdar, Beylerbeyi, Kadıköy, situés de part et d’autre du Bosphore. Les quartiers de Moda, Küçükyalı, Çayırbaşı, Tophane, Florya, Yeşilköy, Ataköy, Eyüp, Alibeyköy, Sütlüce et Balat, dont les quatre derniers se situent le long de la Corne d’Or, sont aussi recensés. Tout comme d’autres quartiers tels que Topkapı, Bakırköy, Bahçelievler, Merter, Şirinevler, Halkalı, Esenkent, Büyükçekmece, Selimpaşa, Zeytinburnu, Avcılar et Esenyurt.
L’impuissance des propriétaires
Si un bâtiment est jugé “à risque”, la loi oblige son propriétaire à le démolir ou à l’abandonner et laisser les autorités s’en charger. Mais cette loi ne prévoit aucune objection aux décisions : les citoyens ne pourront pas faire appel. Propriétaires et locataires qui ne s’opposent pas à la démolition recevront l’aide des autorités publiques pour trouver des solutions de relogement provisoires. Ils disposeront d’un délai de 60 jours pour préparer leur départ.
Si un bâtiment est jugé “à risque”, la loi oblige son propriétaire à le démolir ou à l’abandonner et laisser les autorités s’en charger. Mais cette loi ne prévoit aucune objection aux décisions : les citoyens ne pourront pas faire appel. Propriétaires et locataires qui ne s’opposent pas à la démolition recevront l’aide des autorités publiques pour trouver des solutions de relogement provisoires. Ils disposeront d’un délai de 60 jours pour préparer leur départ.
Quant à ceux qui s’y opposeront, ils obtiendront un délai supplémentaire de 60 jours à la fin duquel ils seront forcés de quitter leur logement. Leur immeuble sera alors détruit par les autorités. Ceux qui n’auront pas trouvé de quoi se reloger seront déplacés dans de “nouvelles réserves”, bientôt définies par le ministère.
La carte des failles mise à jour par le gouvernement turc cet été.
Une loi difficile à appliquer
Erhan Demirdizen, porte-parole de la Chambre des urbanistes d’Istanbul, confie au journal SES Türkiye qu’il s’attend à ce que les démolitions s’effectuent d’abord dans les zones stratégiques d’un point de vue économique, entraînant spéculation et gentrification.
Erhan Demirdizen, porte-parole de la Chambre des urbanistes d’Istanbul, confie au journal SES Türkiye qu’il s’attend à ce que les démolitions s’effectuent d’abord dans les zones stratégiques d’un point de vue économique, entraînant spéculation et gentrification.
Malgré la détermination du ministère à accélérer le processus, les experts s’inquiètent des nombreux obstacles auxquels cette nouvelle loi va se confronter. Par exemple, explique Demirdizen, la définition de “zone à risque” et autres concepts du texte de loi sont vagues, ambigus et donc très subjectifs.
Réformes de l’industrie du bâtiment ?
Mais pour être efficace, le projet doit s’accompagner de réformes dans un secteur où “pour la plupart, les entrepreneurs n’ont aucun bagage ni compétence dans la construction. Nous n’avons même pas de commission spéciale qui puisse réguler et contrôler cette industrie”, s’indigne Tahir Tellioğlu, président de la Fédération des entrepreneurs des bâtiments et travaux publics dans une interview accordée au Sunday’s Zaman. Avant d’ajouter : “En gros, en Turquie, il est plus facile d’obtenir un emploi dans le bâtiment que de devenir chauffeur de taxi !”
Mais pour être efficace, le projet doit s’accompagner de réformes dans un secteur où “pour la plupart, les entrepreneurs n’ont aucun bagage ni compétence dans la construction. Nous n’avons même pas de commission spéciale qui puisse réguler et contrôler cette industrie”, s’indigne Tahir Tellioğlu, président de la Fédération des entrepreneurs des bâtiments et travaux publics dans une interview accordée au Sunday’s Zaman. Avant d’ajouter : “En gros, en Turquie, il est plus facile d’obtenir un emploi dans le bâtiment que de devenir chauffeur de taxi !”
Fanny Fontan (www.lepetitjournal.com/istanbul) jeudi 6 septembre 2012
*Important: Relisez ici notre article général sur les séismes en Turquie, avec des liens sur les précautions à prendre en cas de tremblement de terre.
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